Images de page
PDF
ePub

état de séparation de Dieu et d'isolement, l'homme commet un adultère; il souille son ame par un amour terrestre qu'il devait reporter pur à son créateur. Dans la symbolique de la Bible, Sodome est la figure de cette dégradation qui, à ses dernières limites, se traduit en des crimes infames. Le soufre représente la même idée, à cause de sa couleur et de sa combustion qui engendre une fumée suffocante (1).

La pluie de soufre, qui consume Sodome, est l'image énergique des passions dépravées qui dévorent le cœur des impies et abrutissent leur intelligence. Au jour que Loth sortit de Sodome, dit JésusChrist, une pluie de feu et de soufre tomba du ciel et les perdit tous; il en sera de même au jour où le Fils de l'Homme paraîtra; quiconque cherchera à sauver sa vie la perdra; et quiconque la perdra la sauvera (2). Ainsi, lorsque les passions humaines auront dégradé les croyances reli

(1) Sur le symbole de la fumée, voyez la couleur tannée.

(2) Luc, XVII.

gieuses, la Divinité se manifestera de nouveau sur la terre; ceux qui s'attacheront à la vie terrestre perdront la vie éternelle, la vie de l'ame, et ceux qui renonceront à l'existence mondaine sauveront leur existence spirituelle.

Le sens que je donne au mot soufre est absolu, et ne reçoit dans la Bible aucune exception : la lumière des méchans, dit Job, s'éteindra, et leur feu ne donnera point de lueur; la lumière qui éclairait leurs maisons sera obscurcie et leur lampe sera éteinte; Dieu répandra le soufre sur le lieu où ils faisaient leur demeure; ils seront chassés de la lumière dans les ténèbres; ils seront bannis du monde (1). Le psalmiste, les prophètes et l'Apocalypse confirment la signification de ce symbole.

Enfin le soufre était employé dans le paganisme pour la purification des coupables (2), parce qu'il était le symbole de la culpabilité.

(1) Job, XVIII.

(2) Noel, Dict. de la Fable, verbo SOUFRE.

LANGUE PROFANE.

Les langues divine et sacrée désignaient par l'or et le jaune l'union de l'ame à Dieu, et par opposition l'adultère spirituel. Dans la langue profane, cet emblème matérialisé représente l'amour légitime et l'adultère charnel qui rompt les liens du mariage.

Jésus-Christ dit que le divorce n'est permis qu'en cas d'adultère, et nous trouvons, dans cette loi humaine, l'image de la loi divine qui veut que l'homme ne soit séparé de son Créateur que par l'égoïsme, comme il lui est éternellement uni par l'amour et la charité.

La pomme d'or était, chez les Grecs, l'emblème de l'amour et de la concorde, et, par opposition, elle désignait la discorde et tous les maux qu'elle entraîne à sa suite (1); le jugement de Pâris en est

(1) Creuzer, Aphrodite, p. 660,

la preuve. De même Atalante, en ramassant les pommes d'or cueillies dans le jardin des Hespérides, est vaincue à la course et devient le prix de la victoire.

La symbolique du moyen-âge conserva avec pureté les traditions sur la couleur jaune; les Maures en distinguaient les deux symboles opposés par deux nuances différentes; le jaune doré signifiait sage et de bon conseil, et le jaune pâle trahison et déception (1). Les rabbins prétendent que le fruit de l'arbre défendu était un citron (2), par une opposition de sa couleur pâle et de son acidité avec la couleur dorée et la douceur de l'orange ou pomme d'or, d'après l'expression latine.

Dans le blason, l'or est l'emblème de l'amour, de la constance et de la sagesse (3),

(1) Gassier, de la Chevalerie.

(2) Ferarii hesperides, sive de malorum aureorum, p. 39. (3) Anselme, Palais de l'honneur, p. 11; Bonif., Historia ludicra, lib. I, cap. XI. La Colombière, dans son Traité du Blason, dit que l'or correspond avec le soleil et avec le cœur, et que le même rapport existe entre l'argent, la lune et le cerveau. Ce passage est curieux, car il donne la signification symbolique du blanc et du jaune pendant le moyen-âge. Le jaune ou l'or corres

et, par opposition, le jaune dénote encore, de nos jours, l'inconstance, la jalousie et l'adultère.

Dans plusieurs pays, la loi ordonnait aux Juifs de se vêtir en jaune, car ils avaient trahi le Seigneur ; en France, on barbouillait de jaune la porte des traîtres; sous François Ier, Charles de Bourbon encourut cette flétrissure pour crime de félonie (1). Sur les vitraux de l'église de Ceffonds, en Champagne, vitraux qui remontent au seizième siècle, Judas est vêtu de jaune; en Espagne, les vêtemens du bourreau de

pondant au cœur, désignait l'amour; le blanc ou l'argent, emblème du cerveau, signifiait la sagesse; le soleil et la lune, l'or et l'argent, le cœur et le cerveau, conservent ici les attributions symboliques transmises par l'antiquité. (Science héroïque, p. 31.)

L'or dans les armoiries, dit le même auteur, signifie des vertus chrétiennes, la foi ; des qualités mondaines, l'amour et la constance; des pierres précieuses, l'escarboucle; des quatre élémens, le feu; des complexions de l'homme, la sanguine; des jours de la semaine, le dimanche. (Ibid, p. 34.) L'escarboucle et le feu étaient en correspondance symbolique avec le jaune, parce que cette couleur, d'après La Colombière, est composée de rouge et de blanc (p. 28).

(1) La Mothe-le-Vayer, Opuscules, p. 240.

« PrécédentContinuer »