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fruits spirituels. Hercule, ou le néophyte, subit le dernier de ses travaux pour s'en emparer. On le renvoie aux nymphes et aux divinités marines et enfin à Prométhée qui l'initie aux mystères. Prométhée avait formé l'homme du limon de la terre et l'avait animé avec le feu dérobé aux corps célestes. Nérée et Prométhée, ou l'eau et le feu, rappellent le double baptême des initiations antiques comme du christianisme.

Le soleil, l'or et le jaune, étaient les symboles de l'intelligence humaine éclairée ou illuminée par la révélation divine. C'est dans ce sens que le prophète Daniel dit que les intelligens seront éclatans de lumière, et que ceux qui auront disposé les autres à la justice, brilleront éternellement comme les étoiles (1). Salomon exprime la même pensée en disant que la tête de l'homme sage est de l'or le plus pur (2). Jésus-Christ annonce que les justes brilleront comme le soleil dans le royaume de son père (3).

(1) Daniel, cap. XII, 3.

(2) Caput ejus aurum optimum. (Cant., cap. V, 11.) (3) S. Matthieu, cap. XIII, 43.

L'or et le jaune étaient dans la symbolique chrétienne les emblèmes de la foi (1). Saint Pierre, soutien de l'Église et gardien de la sainte doctrine, fut représenté par les miniaturistes ou enlumineurs du moyenâge, avec la robe jaune doré et le bâton ou la clé à la main (2). Ces attributs étaient ceux de Mercure Hermanubis. En Chine le jaune est également le symbole de la foi (3).

Les anciens comparaient à l'or ce qu'ils jugeaient sans défaut et beau par excellence; par l'âge d'or ils entendaient l'âge des vertus et du bonheur, et par les vers dorés, d'après Hiéroclès, les vers où la doctrine la plus pure était enfermée (4). Nous retrouvons cette tradition dans les légendes dorées des saints.

Les alimens d'une couleur jaune d'or devinrent les emblèmes de l'amour et de

(1) La Colombière, Science héroïque, p. 34.

(2) J'en ai vu un grand nombre d'exemples qu'il serait trop long d'énumérer.

(3) Visdelou. Notice sur l'Y-king à la suite du Chouking, p. 428.

(4) Hiéroclès, Comment. in aur, carmin. præm.

la sagesse de Dieu

que

l'homme s'appro

prie ou mange pour parler la langue symbolique. Le poète divin, Isaïe, dit que celui qui viendra pour repousser le mal et choisir le bien, mangera du beurre et du miel (1). Job s'écrie que le méchant ne verra pas les torrens de beurre et de miel (2). Dans le Cantique des cantiques Salomon s'adresse à son épouse mystique dont les lèvres distillent un rayon de miel (3); ainsi dans l'Iliade, de la bouche du sage Nestor coulait la parole plus douce que le miel (4). Pindare emprunte la même image lorsqu'il dit que les vainqueurs habiteront une terre abondante en miel.

Virgile appelle le miel le don céleste qui découle de la rosée (5) et la rosée était l'emblème de l'initiation (6). Pline

(1) Butyrum et mel comedet, ut sciat reprobare malum et eligere bonum. (Isaiæ cap. VII, 15.)

(2) Job, cap. XX, 17.

(3) Cant., cap. IV, 11.

(4) Iliados, A. 249.

(5) Georg., IV, 1.

(6) Voyez de la couleur rose.

lui donne l'épithète de sueur du ciel, de salive des astres (1).

Le symbole de la révélation divine devint celui de l'inspiration sacrée et poétique; les melisses ou abeilles étaient les femmes inspirées qui prophétisaient dans les temples de la Grèce; les légendes populaires racontaient que des abeilles s'étaient reposées sur les lèvres de Platon au berceau,et que Pindare enfant, exposé dans les bois, avait été nourri de miel; les premiers chrétiens et les sectateurs de Mithras donnaient du miel à goûter aux mystes et leur faisaient laver les mains avec du miel (2). Enfin des gâteaux de miel étaient offerts dans les sacrifices de la plupart des peuples de l'antiquité.

La douceur de cet aliment fut sans doute un des motifs de son attribution symbolique, mais la couleur en était la base principale; Ovide, voulant exprimer que la sagesse éclaire l'entendement, donne

(1) Plin., lib. XI, cap. 12. Cfr. Theophrasti Eresii opera, p. 296.

(2) Explication de divers monumens singuliers.

à Minerve l'épithète de jaune, flava Minerva (1). Au contraire, les alimens malsains et sauvages prenaient par leur couleur dorée une signification inverse. Le précurseur du Messie vint annoncer une nouvelle révélation à l'époque où l'ancienne était oubliée ou méconnue, et dans le désert il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Ici se montre le premier exemple de la règle des oppositions.

Dans le sens céleste, la lumière, l'or et le jaune marquent l'amour divin éclairant l'intelligence humaine; dans le sens infernal ils dénotent l'égoïsme orgueilleux qui ne cherche la sagesse qu'en soi, qui devient sa propre divinité, son principe et son but.

D'après Saint Paul, Satan se transforme en ange de lumière (2). Jésus-Christ dit: Prenez garde que la lumière qui est en vous ne soit que ténèbres (3). Dans cet

(1) Ovidii Metamorph, et Amor. Cette nuance était celle de l'eau de miel, mella flava, dit Martial, lib. I, 56, ou jaune d'or.

(2) II épître aux Corinthiens, 14.

(3) Luc, XI, 35.

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