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Le général Soult qui, sur les sommités du Gros-Pasto, voyait la masse des troupes autrichiennes, sur la montagne de l'Hermette, se grossir, se développer et déborder sa gauche, fit attaquer cette forte position; on s'y battit avec acharnement toute la jour née l'intrépide Mouton, à la tête de ses grenadiers, conduisait la gauche avec un succès décidé, quand la droite, presque enveloppée, fut forcée de plier. Soult rétablit le combat; mais la nuit approchait; ses troupes, harassées par les marches et les charges dans les hautes neiges, manquaient de munitions. Le colonel de la 25° légère, Godinot, déjà blessé, tentait le dernier effort, quand les éclaireurs du général Fressinet, après cinq heures de marche, arrivèrent sur la gauche de la position en même temps que la tête de la colonne autrichienne, qui cherchait à gagner les derrières du général Soult; ils s'engagèrent, firent entendre leur feu, et couvrirent, à la faveur d'un petit bois, le ralliement et le débouché des troupes du général Fressinet; le général Soult ainsi

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averti de son arrivée, et voyant qu'il combattait vivement pour arrêter les renforts autrichiens dont le mouvement rendait sa position si critique, fit attaquer de nouveau à la baïonnette, et cette fois, heureusement secondé par le général Fressinet, il enleva la montagne de l'Hermette.

Aussi prudent qu'audacieux, Soult ne hasarda point de laisser pendant la nuit obscure, dans une position si avancée sur le centre de l'armée autrichienne, ses troupes dispersées, et dans le désordre qui suit de telles attaques: il les rallia en arrière à sa position de Gros-Pasto, et n'occupa l'Hermette que par des postes avancés.

Le général Mélas, voyant les Français presqu'entièrement réunis et menaçant de couper sa ligne d'opérations, manœuvrer pour se joindre au corps du général Suchet, attaqua la gauche qui s'appuyait à la mer en avant de Cogoletto; elle fut tournée par les grenadiers de Saint-Julien, brusquement dépostée et jetée sur le rivage. Les chaloupes anglaises qui suivaient ce mou

yement canonnèrent vivement ces troupes, et des charges de cavalerie achevèrent de les mettre dans une telle confusion, que le général Masséna, en cherchant à les rallier, fut enveloppé lui-même.

Le général Oudinot, l'un des plus illustres guerriers de ce siècle de guerre, chargea avec un groupe d'officiers de son état-major les hussards de Szeckler, et dégagea le géné ral en chef. Il rallia cette division très affaiblie, et lui fit prendre position à Arenzano.

Au-dela de Savone, le général Elsnitz n'avait pas moins de peine à s'affermir sur la position de Saint-Jacques. Le général Suchet qui combattait avec des forces trop inégales et d'autant plus disproportionnées qu'il avait à couvrir des communications étendues et transversalement menacées, n'en était que plus entreprenant; il resta fidèle à ce principe, qu'il ne faut point dans la guerre de montagnes se croire réduit, ni jamais s'arrêter à un système de défense passive; mais au contraire, multiplier les mouvemens et les agressions, parce que si

leur succès n'est pas toujours favorable, leur effet est du moins certain, en ce que l'ennemi partout inquiété, partout découvert, est souvent déconcerté au moment où il croit porter les coups les plus sûrs.

Dès le lendemain de la prise des redoutes de Sette Pani et de San-Giacomo, le géné ral Suchet fit ses dispositions pour les reprendre, rétablir sa communication et serrer entre ses attaques et celles du général Masséna le corps autrichien qui avait débordé sa droite. Comme il marchait par Bardinetto et Calissano pour prendre à revers par les sources de la Bormida, les Sette-Pani, et qu'il laissait à dessein un grand intervalle entre cette colonne et celle de son aile droite, dirigée sur San-Pantaleone, il fit fortifier la hauteur du Saint-Esprit, en arrière de Borghetto, afin de pouvoir s'y appuyer en cas de retraite.

Le 10 avril, la colonne de gauche, commandée par le général Clausel enleva la tour et les redoutes de Melogne; Sette-Pani fut attaqué le jour même et le lendemain; les

retranchemens furent forcés, toutes redoutes prises à la baïonnette, jusqu'à celle de la dernière sommité où le général Compans entra des premiers avec une réserve de grenadiers et les chasseurs de la 7° demi-brigade d'infanterie légère.

On se battit au milieu de la neige et des glaces, se cherchant à travers d'épais brouillards, et ne s'apercevant qu'à la portée du sabre et de la baïonnette.

Quoique les Autrichiens eussent fait de grandes pertes et laissé dix-huit cents prisonniers et cinquante-quatre officiers entre les mains des Français, ils se rallièrent sur le plateau le plus élevé du Mont-SaintJacques, qui ne put leur être enlevé; le général Suchet se replia sur les positions de Sette-Pani, de la Madona della Neve et San-Pantaleone, sur les hauteurs de Finale et sur Gora, serrant de près les Autrichiens, voyant au-delà et au-dessus de leurs feux, ceux des Français, épiant l'occasion, et déterminé à tout entreprendre pour seconder les efforts du général Masséna.

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