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toute fa vie. C'étoit la feconde fois qu'il combattoit à Stralfund. En 1711 il avoit fuivi dans cette place le Roi fon pere, il avoit paffé la rivière à la nage, à la vue des ennemis, & le piftolet à la main,

Page 10. (4) En 1717 il fe rendit en Hongrie, où l'Empereur avoit contre les Turcs une armée de 150000 hommes fous les ordres du Prince Eugène. I fe trouva au fiège de Belgrade, & à une bataille fanglante que le Prince Eugène gagna fur les Turcs.

Page, 12 (5) Le Traité d'Utrecht avoit terminé la guerre pour la fucceffion d'Espagne, & calmé les orages du Midi. La mort de Charles XII avoit pacifié le Nord ; & les victoires du Prince Eugène, en abattant les forces de l'Empire Ottoman, procurèrent à l'Allemagne la paix de Paffarovitz,

Page 14. (6) Ce fut en 1720 qu'il fit fon premier voyage à Paris, Il avoit eu de tout temps beaucoup d'inclination pour les François, Çe goût fembla naître en lui avec le goût de la guerre, La langue françoise fut même la seule langue étrangère qu'il voulut apprendre dans fon enfance, Le Duc d'Orléans lui fit un accueil très-flatteur, & pour le fixer en France, lui fit expédier un brevet de Maréchal de camp, I est daté du 7 Août 1720,

Page 16. (7) Le Comte de Saxe fixé à Paris en 1722, employa tout le temps que dura la paix à étudier les mathématiques, le génie, les fortifications & les méchaniques. Il avoit un talent naturel & décidé pour toutes ces sciences abftraites. Avant d'appliquer ces connoiffances à la guerre, il les confacra à fervir la nouvelle patrie, par un de ces ouvrages dont le projet feul fait honneur à un citoyen, & dont la gloire doit être indépendante du fuccès, puifqu'ils ont pour but l'utilité publique. C'étoit une machine qu'il inventa pour faire remonter les bateaux de Rouen à Paris, fans le fecours des chevaux. Il fut obligé d'abandonner cetre entreprise, après

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avoir dépensé des sommes immenses. Il contribua beaucoup à la perfection d'une autre machine qui fert à Paris, & par le moyen de laquelle on remonte les bateaux depuis le Pontroyal jusques dans le bassin.

Page 18. (8) On le croit obligé d'avertir que dans tout ce détail, on parle moins en Orateur qu'en Hiftorien. Les éloges des grands Hommes ne doivent être fondés que fur les faits. Le Comte de Saxe fit l'étude la plus profonde de la guerre. Le délaffement de tant de travaux étoit un amusement guerrier. L'art d'exercer les troupes, cet art qui en augmentant la foupleffe du foldat, fait que l'ordre fe joint à la rapidité des

évolutions, & que les bataillons paroiffent de vaftes machines qui n'ont qu'un même reflor & un même mouvement; cet art qui a fi fouvent décidé de la perte ou du gain des batailles, avoit prefqu'au fortir de l'enfance, fixé l'attention da Comte de Saxe. Dès l'âge de feize ans, il avoit inventé un nouvel exercice, & l'avoit fait exé cuter en Saxe avec le plus grand fuccès. En 1722 ayant obtenu un régiment en France, tous les jours il prenoit plaifir à le former & à l'exercer lui-même felon fa nouvelle méthode; & ce fur peut-être fon exemple qui réveilla l'attention du gouvernement fur cette partie de la guerre, trop négligée jufqu'alors parmi nous, & perfectionnée en Pruffe par so ans d'application & de foins. Le Chevalier Follard qui a padlé sa vie à étudier la guerre & à en donner des leçons, estimoit beau coup la nouvelle tactique inventée par le Comte de Saxe. Voici comment il s'exprime lui-même dans fes commentaires fur Polybe, tome 3, liv. 2, ch. 14, §. 4. Après avoir parlé de l'utilité Jiv, de plufieurs exercices, il ajoute: Ce que je viens de dire eft excellent; mais il faut encore exercer les troupes à tirer felon la nouvelle méthode que le Comte de Saxe a introduite dans fon régi ment; méthode dont je fais grand ças, ainfi que de fon inventeur; qui eft un des plus beaux génies pour la guerre que j'aie connu, L'on verre

ta première guerre que je ne me trompe polit dans ce que je penfe. Je remarquerái ici à la gloire du Chevalier Follard, que c'étoit en 1728 qu'il portoit ce jugement fur le Comte de Saxe.

Ibid. (9 La Curlande; ancien Duché qui avoit autrefois appartenu à l'Ordre Teutonique, formoit un état fouverain, mais dépendant. Elle avoit fubi le fort des petits états qui font environnés de nations puiffantes. N'ayant point affez de forces pour être oppreffeurs, ils emploient la politique pour n'être point opprimés, & fe donnent un protecteur pour n'avoit point de maître. La Curlande étoit donc fous la prorection de la Fologne. Cette république avoit formé le projet d'éteindre la fouveraineté de ce Duché, & de le réunir à fes états à la mort de Ferdinand, Prince qui avoit l'efprit aufli foible que le corps. Les Curlandois allarmés & jaloux d'être libres, réfolurent de faire échouer le projet de la Pologne, en réglant la fucceffion éventuelle de Ferdinand. I leur falloit un Prince dont la réputation justifiât leur choix, qui eût affez de fermeté pour ofer le foutenir, & affez de génie pour les défendre. Ils jettèrent les yeux fur le Comte de Saxe, déjà très-fameux dans le Nord. Il fut légitimement élu Duc fouverain de Curlande, les Juillet 1726. Aufsi-tôt

fe forma contre lui un violent orage en Po

logne. D'un autre côté la Ruffie, qui étoit trop puiffante pour ne point avoir auffi quelques droits à réclamer fur la Curlande, fut indignée que ce peuple osât se croire libre, & n'eût point été à Pétersbourg fe profterner aux pieds du trône pour y demander un maître. La Czarine vouloit faire tomber ce Duché sur la tête de Menzicoff, cet heureux aventurier qui de garçon pâtiffier, devenu général & prince, avoir encore l'ambition d'être fouverain. Ce rival du Comte de Saxe, pour se délivrer d'un concurrent fi redoutable, réfolut de le faire enlever. Il envoya à Mittaw huit cents Ruffes qui inveftirent le palais du Comte, & l'y affiégèrent. Le Comte qui n'avoit que foixante hommes s'y défendit avec le plus grand courage. Le fiège fur levé, & les Ruffes obligés de se retirer. Cependant en Pologne on s'affemble, on cabale, on tient des diètes, on porte des décrets. Le Comte de Saxe eft fommé de comparoître & de rapporter le diplôme de fon élection. Il n'obéit point, & fa tête eft mise à prix. Il amaffe de l'argent, lève des troupes, parle à fes peuples en fouve-. rain, & s'apprête à les défendre en héros. Il fait plufieurs voyages à Drefde, à Leipfik. Il ne craint ni la Ruffie, ni la Pologne, ni les assassins mercénaires que la profcription armoit contre Lui. Il envoye des Miniftres à Vienne, à Berlin

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