Imágenes de página
PDF
ePub

VIII

SUR QUELQUES FONDATIONS DE MONASTÈRES

I. Par suite de mauvaises lectures ou d'interprétations inexactes, on a quelquefois attribué de fausses dates à certaines fondations ou restaurations. Bon nombre de ces erreurs sont corrigées aujourd'hui ; d'autres subsistent peut-être encore. De toutes manières, les plus notables concernaient : 1o Divers monastères de la région castillane (voir ci-dessus, pp. 339-340) ;

2o San Salvador de Sobrado, fondé en 952 (Florez, Esp. Sagr., XIX, p. 32), et non en 922, ou même en 782, comme certains auteurs l'ont prétendu ;

3o San Juan del Poyo qui, d'après Sandoval, Cinco Obispos, p. 160 et Huerta, Anales de Galicia, II, p. 299, aurait été restauré sous le règne de Bermude Ier 2, ce qui n'est rien moins que prouvé (cf. Florez, loc. cit., p. 31);

4o San Salvador de Lerez, dont le plus ancien document, soit un diplôme d'Ordoño II, est, non pas du 17 août 886, mais postérieur à 915 (Florez, Esp. Sagr., XVII, pp. 62-65 et XIX, p. 30);

1. Voir, par exemple, ci-dessus, p. 255, n. 2.

2. M. López Ferreiro, Hist. de la iglesia de Santiago, II, p. 271, répète encore, au sujet de San Juan del Poyo, la légende de sainte Trahamunda. Nous nous bornons à enregistrer le fait.

5o San Esteban de Rivas de Sil, restauré ou fondé par Ordoño II, non en 909, mais vers 920 (ci-dessus, p. 335) '.

II. Sur la foi de documents manifestement faux, ou très suspects, on a coutume de placer soit au VIIIe, soit au Ixe, soit au début du xe siècle, diverses fondations qui sont apparemment beaucoup plus tardives. Pour notre part, nous éliminerons les suivantes :

1o Santillana, qui aurait existé dès l'époque de Pélage (cf le diplôme apocryphe du 26 ou 27 février 718-737 ; Cat., n° 1) 2;

2o Santa Maria de Covadonga, qui aurait été édifié et doté par Alphonse Ier (cf. les diplômes apocryphes du 31 octobre 740 et du 11 novembre 741 ; Cat., nos 2 et 3) ;

3o San Pedro de Villanueva, qu'aurait également fondé et doté Alphonse Ier (cf. le diplôme apocryphe du 21 février 746; Cat., no 4) ;

4o San Esteban de Atan, qui devrait son existence à Odoario, évêque de Lugo (cf. la charte apocryphe du 15 mai 747; ci-dessus, p. 321), et qu'aurait ultérieurement doté, sous le règne d'Aurelio, l'archidiacre Damondo (cidessus, p. 325) ;

5o Santiago de Avezan, mentionné dans l'acte apocryphe du 28 février 757 (ci-dessus, p. 321);

6o San Martin de Escalada, que cite Sandoval, Cinco Obispos, pp. 101-102, d'après une charte du 1er août 763, laquelle n'est pas seulement mal datée (il y est fait mention

1. M. Murguía, Galicia, p. 1018, s'obstine à placer en « 906 » la restauration de Rivas de Sil (cf. p. 1016, n. 1).

2. Le plus ancien document conservé dans le cartulaire de Santillana est du 28 mai 870 (cf. Ed. Jusué, Libro de regla... de Santillana del Mar, no III, pp. 3-5); encore le monastère de « Sancta Juliana n'est-il pas nommé avant le 7 juillet 933 ou 967 (ibid., no xiv, pp. 16-17).

de Rodrigue, comte de Castille), mais qui, de plus, est visiblement apocryphe ;

7° Santa Maria de Obona, qu'aurait fondé Adelgastro, fils du roi Silo (cf. l'acte apocryphe du 17 janvier 780; Cat., pp. 166-167);

8o San Vicente de Oviedo, qui remonterait à l'époque de Fruela, vers 761, d'après l'acte éminemment suspect du 25 novembre 781 (ci-dessus, p. 84);

9o San Juan de Cillaperlata, qui, d'après Yepes, Coronica, III, fol. 309 v (cf. Berganza, Antigüedades, I, p. 113), remonterait au moins à l'année 7901;

10° San Vicente de Fistoles (ou Estaños), soi-disant fondé le 1er juillet 811 par la nonne Guduigia et l'abbé Sisnando (Sota, Chronica de los principes de Asturias, p. 450), puis soi-disant doté le 30 novembre 816 (ibid., pp. 434-435) et le 16 février 820 (ibid., pp. 450-451) 2;

11o Santa Maria de Aguilar de Campoo, dont la fondation se placerait vers 882 environ (cf. Yepes, Coronica, III, fol. 401 r), d'après une charte apocryphe du comte Osorio et de l'abbé Opila, février 852 (Sota, op. cit., escr. VI, pp. 629-630) 3 ;

12o Santa Maria de Yermo, qu'auraient fondé, puis donné à l'église d'Oviedo les évêques Severino et Ariulfo, par leur

1. L'acte qu'analyse sommairement Yepes, mentionne un roi nommé Alphonse; il est donc mal daté, selon toute vraisemblance. 2. Ces trois actes étaient transcrits: 1o sur un parchemin unique que Sɔta, op. cit., p. 437, qualifie d' « original », et qui était conservé aux archives d'Oña; 2o dans le cartulaire dit Libro de la Regla, fol. 72. On remarquera simplement que, de ces trois actes qui se commandent, celui de 811 porte à la date la mention suivante : << regnante catholico rege Adefonso in Oveto, vel in ceteras provincias. La plus grande réserve s'impose évidemment.

3. La date est à elle seule édifiante: « regnante domno nostro Jesu << Christo et principe nostro domino Ordonius rex in Legione, et in << Galecia, et in Asturiis, et in cunctis provinçiis Castellae. »> Non moins édifiant est l'exposé, que remplit une histoire de chasse, dont on trouvera un résumé dans Yepes, Coronica, III, fol. 401 r et suiv.

acte daté du 22 avril 853? (Esp. Sagr., XXXVII, app. IX, Pp. 319-322);

13o San Pedro y San Pablo de Trubia, mentionné dans une charte de l'évêque Gladilan, 30 octobre 863 (ci-dessus, p. 327) ;

14o San Vicente del Pino, plus tard San Vicente de Monforte, auquel un document apocryphe a donné une certaine célébrité (ci-dessus, p. 85).

III. Enfin, d'autres fondations n'ont été attribuées à l'époque qui nous occupe qu'en vertu de traditions vagues ou de conjectures plus ou moins heureuses. Tel est, notamment, le cas pour Santa Maria de Ameixenda, Santa Maria de Cambre, San Martin de Jubia 2, l'hôpital-monastère du Cebrero 3, le monastère de Ramiras ou Santa Maria de Fer

1. Cet acte se trouve au fol. 15 v du Libro gótico d'Oviedo. Comparer l'invocation, soit : « In nomine sanctae et individuae Trinitatis << Patris et Filii et Spiritus Sancti cujus regnum permanet in saecula « saeculorum, amen », aux formules similaires (cf. Étude sur les actes des rois asturiens, p. 45), que contiennent les diplômes refaits, et de même provenance, du 20 avril 857, mai 857 et 20 janvier 905 (Cat., nos 24, 25 et 62). Comparer aussi la formule : « Nos igitur... facimus «< cartulam testamenti » aux formules similaires (cf. Étude, p. 47) des diplômes de mai 857 et du 20 janvier 905. Noter également que les évêques Severino et Ariulfo ne se contentent pas de donner des biens sis dans les Asturies: à l'exemple d'Ordoño Ier (diplôme du 20 avril 857) et d'Alphonse III (diplôme du 20 janvier 905), ils donnent des biens situés au delà des Monts Cantabriques. Noter enfin qu'à l'imitation des diplômes précités, la charte en question renferme une très longue énumération de domaines, comme si des donations multiples avaient été fondues en une seule.

2. Voir les traditions, fort incertaines, rapportées par M. López Ferreiro, Hist. de la iglesia de Santiago, II, pp. 254-255, 267 et 267-268. 3. Yepes, Coronica, IV, fol. 63 r, en plaçait la fondation vers 836, sans preuve aucune, et bien qu'il eût reconnu lui-même que les documents ne remontaient pas au delà d'Urbain II (1088-1099) et d'Innocent III (1198-1216).

4. Huerta, Anales de Galicia, II, p. 362, affirme, mais ne démontre pas, que Ramire Ier aurait édifié, en 847, ce monastère, à quatre lieues de la localité appelée « Castel-Ramiro ».

reira. Tel est également le cas pour San Pelayo de Oviedo, qui remonterait à l'époque d'Alphonse II 2, et pour San Zoil de Carrion, que l'on suppose fondé à l'époque d'Alphonse II par des moines mozarabes 3. Peut-être serait-il possible de citer d'autres exemples; mais nous arrêterons là ce dénombrement.

I. Yepes, Coronica, IV, fol. 302 r et v, en attribue la fondation au comte « Ero », sans autre preuve qu'une inscription presque complètement effacée.

2. Cf. contra J. B. Sitges, Ei monasterio de religiosas benedictinas de San Pelayo el Real de Oviedo (Madrid, [1913], in-8o), pp. 151-152. (L'acte le plus ancien est du 15 mars 996.)

3. Berganza, Antigüedades de España, I, p. 123.

« AnteriorContinuar »