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la vierge du Seigneur, Marie, avec sept autres vierges de son âge, et sevrées avec elle, qu'elle avait reçues du prêtre, retourna en Galilée dans la maison de son père..

IX.

Or en ces jours-là, c'est-à-dire au premier temps de son arrivée en Galilée, l'ange lui fut envoyé de Dieu pour lui raconter qu'elle concevrait le Seigneur, et lui expliquer principalement la manière et l'ordre de la conception. Enfin étant entré vers elle, il remplit la chambre où elle demeurait d'une grande lumière, et la saluant très gracieusement il lui dit: Je vous salue, Marie, vierge du Seigneur très agréable, vierge pleine de grâce; le Seigneur est avec vous; vous ètes bénic par-dessus toutes les femmes, bénie par-dessus tous les hommes nés jusqu'à présent. Mais la Vierge qni connaissait déjà bien les visages des anges, et qui était accoutumée à la lumière céleste, ne fut point effrayée de voir un ange, ni étonnée de la grandeur de la lumière; mais son seul discours la troubla, et elle commença à penser quelle pouvait être cette salutation si extraordinaire, ce qu'elle présageait, ou quelle fin elle devait avoir. L'ange divinement inspiré allant an-devant de cette pensée: Ne craignez point, dit-il, Marie, comme si je cachais par cette salutation quelque chose de contraire à votre chasteté; car vous avez trouvé grâce devant le Seigneur, parce que vous avez choisi la chasteté. C'est pourquoi étant vierge, vous concevrez sans péché et enfanterez un fils. Celui-là sera grand, parce qu'il dominera (1) depuis la mer jusqu'à la mer, et depuis le fleuve jusqu'aux extrémités de la terre. Et il sera appelé le fils du Très Haut, parce qu'en naissant humble sur la terre, il règne élevé dans le ciel. Et le Seigneur Dieu lui donnera le siége de David, son père, et il régnera à jamais dans la maison de Jacob, et son règne n'aura point de fin. Il est lui-même le Roi (1) Ps. 72, v. 8.

des rois (1) et le Seigneur des seigneurs; et son trône (2) subsistera dans le siècle du siècle. La Vierge crut à ces paroles de l'ange; mais voulant savoir la manière, elle répondit: Comment cela pourra-t-il se faire? car, puisque suivant mon vou, je ne connaîs jamais d'homme, cominent pourrai-je enfanter sans l'accroissement de la semence de l'homme? A cela l'ange lui dit: Ne comptez pas, Marie, que vous conceviez d'une manière humaine, Car sans mélange d'homme vous concevrez vierge, vous enfanterez vierge, vous nourrirez vierge. Car le SaintEsprit surviendra en vous, et la vertu du Très Haut Vous couvrira de son ombre contre les ardeurs de l'impureté. C'est pourquoi ce qui naîtra de vous sera seul saint, parce que seul conçu et né sans péché il sera appelé le Fils de Dieu. Alors Marie étendant les mains et levant les yeux au ciel, dit: Voici la servante du Seigneur (car je ne suis pas digne du nom de maîtresse ), qu'il me soit fait selon votre parole. (Il serait trop long et même ennuyeux de rapporter ici tout ce qui a précédé ou suivi la naissance du Seigneur. C'est pourquoi passant ce qui se trouve plus au long dans l'Evangile, finissons par ce qui n'y est pas si détaillé. ) Note du faux Jérôme auquel on attribue la traduction latine,

X.

Joseph donc venant de la Judée dans la Galilée, avait intention de prendre pour femme la vierge qu'il avait fiancée; car trois mois s'étaient déjà écoulés, et le quatrième approchait, depuis le temps qu'il l'avait fiancée: cependant le ventre de la fiancée grossissant peu à peu, elle commença à se montrer enceinte, et cela ne put être caché à Joseph. Car entrant vers la vierge plus librement comme époux, et parlant plus familièrement avec elle, il s'aperçut qu'elle était enceinte. C'est pourquoi il commença à avoir l'esprit agité et incertain, parce qu'il

(1) Deut. chap. X, v. 17.et 1. Timoth. 1, 6, v. 10. (2) Ps. 45, v. 6.

ignorait ce qu'il avait à faire de mieux. Car il ne voulut point la dénoncer (1), parce qu'il était juste, ni la diffamer par le soupçon de fornication, parce qu'il était pieux C'est pourquoi il pensait à rompre son mariage secrètement, et à la renvoyer en cachette. Comme il avait ces pensées, voici que l'ange du Seigneur lui apparut en songe, disant: Joseph, fils de David, ne craignez point, c'est-à-dire, n'ayez point de soupçon de fornication contre la Vierge, ou ne pensez rien de désavantageux à son sujet, et ne craignez point de la prendre pour femme; car ce qui est né en elle, et qui tourmente actuellement votre esprit, est l'ouvrage, non d'un homme, mais du Saint - Fsprit: car de toutes les vierges elle seule enfantera le fils de Dieu, et vous le nommerez Jésus, c'est-à-dire, Sauveur; car c'est lui qui sauvera son peuple de leurs péchés. Joseph donc, suivant le precepte de l'ange, prit la vierge pour femme: cependant il ne la connut pas (2); mais en ayant soin chastement illa garda. Et déjà le neuvième mois depuis la conception approchait, lorsque Joseph ayant pris sa femme et les autres choses qui lui étaient nécessaires, s'en alla à la ville de Bethleem d'où il était. Or il arriva, lorsqu'ils y furent, que les jours pour accoucher furent accomplis; et elle enfanta son fils premier né (3). comme l'ont enseigné les saints évangélistes, notre Seigneur JésusChrist, qui étant Dieu avec le Père, et le Fils, et l'Esprit-Saint, vit et règne pendant tous les siècles des siècles.

Nota Pour suivre l'ordre historique des matières, nous plaçons au second rang le Protévangile de Jacques, qui est le dix-neuvième de la notice. Fabricius avertit qu'il a retouché la version de Postel, et qu'il a mis entre deux crochets (.....) ce qui ne se trouve pas dans le

grec,

(1) Matthieu, chap. I, v. 19. (3) Luc, 2, v. 6 ct 7. (2) Idem. v. 25.

ATTRIBUÉ A JACQUES, SURNOMMÉ LE JUSTE, FRÈRE DU SEIGNEUR.

ARTICLE PREMIER.

DANS les histoires des douze tribus d'Israël, on voit que Joachim était fort riche, et offrait à Dieu des doubles offrandes, disant en soi-même: Que mes facultés soient celles de tout le peuple pour la rémission de mes péchés auprès de Dieu, afin qu'il ait pitié de moi. Or le grand jour du Seigneur approchait, et les enfants d'Israel offraient leurs dons; et Ruben s'éleva contre lui, disant: Il ne vous est pas permis d'offrir votre don, parce que vous n'avez point eu d'enfant en Israël. Joachim en fut très attristé, et s'en alla voir la généalogie des douze tribus d'Israël, disant entre soi: Je verrai dans les tribus d'Israël si je suis le seul qui n'ai point eu d'enfant en Israël. C'est pourquoi, en examinant, il vit que tous les justes en avaient eu. Et il se ressouvint du patriarche Abraham, à qui, dans ses derniers jours, Dieu avait donné un fils, Isaac. Alors Joachim étant tout triste, n'alla point voir sa femme, mais il se retira dans le désert, où, ayant dressé des tentes, il jeûna quarante jours et quarante nuits (1), disant en soi-même: Je ne mangerai ni ne boirai jusqu'à ce que le Seigneur mor Dieu m'ait regardé; mais mon oraison sera ma nourriture (2).

II.

Or son épouse Anne pleurait de deux pleurs, et était

(1) Moses, Exod. 24, 18; 34, 28; et Deut. 19, 9 et 11 Elias, 2. Reg. 19, S. Jésus, Matthieu 4, 2.

(al Jean, 4, 34.

accablée d'un double chagrin, disant: Je pleure ma viduité et ma stérilité. Le grand jour du Seigneur étant donc arrivé, Judith sa servante lui dit: Jusqu'à quand enfin affligerez-vous votre âme? Il ne vous est pas permis de pleurer, parce que c'est le grand jour du Seigneur (1). Prenez donc ce diadème que ma donné la maîtresse où j'allais travailler à la journée, et parez en votre tête; car, comme je suis votre servante, vous avez une forme royale. Et Anne lui dit: Laissez-moi (2), carje n'en ferai rien: Dieu m'a trop humiliée. Prenez bien garde qu'il ne vous ait été donné par quelque voleur, et que Dieu ne m'implique dans votre péché. Judith sa servante Ini répondit: Que vous dirai-je? est-ce que je vous souhaite un plus grand mal, puisque vous n'écoutez pas ma voix? car c'est avec raison que Dieu vous a rendue stérile, pour ne vous point donner de fils en Israël. Et Anne en fut attristée; et ayant quitté ses habits de deuil, elle orna sa tête et se vêtit de ses habits de noces (3). Et sur les neuf heures elle descendit dans son jardin pour se promener; et voyant un laurier, elle s'assit dessous, et fit ses prières au Seigneur Dieu, disant: Dieu de mes pères, bénissez-moi, écoutez mon oraison, comme vous avez beni le sein de Sara, et lui avez donné un fils, Isaac (4).

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Et regardant vers le ciel, elle vit dans le laurier un nid de moineau, et elle se plaignit en elle-même et dit : Hélas! que je suis malheureuse! ( à qui puis-je être comparée ?) qui est-ce qui m'a engendrée, ou quelle mère m'a enfantée ponr que je naquisse ainsi maudite devant les enfants d'Israel? car ils m'accablent de reproches et d'insultes, ils m'ont chassée du temple du Seigneur mon Dieu. Hélas que je suis malheureuse! à qui suis-je

(1) Ps. 118, 24.

(2) Matthieu, 4, 10.

(3) Judith, 10, 3.
(4) Genèse, 21, 2,

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