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naissance, des évangiles, des psautiers, des breviaires, sont écrits en lettres d'or sur du velin violet; la Bibliothèque Royale en possède plusieurs; le lecteur avait continuellement sous les yeux la révélation figurée par l'or et la passion de Notre Seigneur, représentée par la couleur violette.

Le Saint-Esprit a pour symboles le rouge et le bleu, mais jamais le violet; le Saint-Esprit est Dieu en nous, comme amour et comme vérité; or ces deux attributs ne sauraient être intimement unis dans l'homme, sans l'identifier et l'anéantir en Dieu.

Cependant le violet fut le symbole des noces mystiques du Seigneur et de l'Église: le Sauveur unit par la passion sa nature humaine à la Divinité. Ce divin sacrifice était l'image de ce que l'homme doit accomplir sur cette terre; ce n'est que dans ce monde que l'homme est appelé aux noces célestes; après sa glorification, Jésus dépouille la robe violette et il nous dit que dans le ciel il n'y aura pas de mariage, c'est-à-dire, de nouvelle union entre Dieu et l'homme.

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Le violet fut affecté aux martyrs (1) parce qu'ils subirent, à l'exemple de leur divin maître, le supplice de la passion. Cette couleur fut adoptée pour le deuil des personnages de haut rang, la flatterie leur décernait la palme du martyre. Les rois de France et les cardinaux portent le deuil en violet (2). Sur les enluminures du moyen-âge on voit quelquefois des draps mortuaires de cette couleur, comme sur le breviaire de Sarisbury (3).

Le violet est également en Chine un emblème de deuil (4). Nous avons vu que chez ce peuple le bleu est affecté aux morts et que le rouge désigne les vivans (5). Le rouge représente la chaleur vitale et le bleu l'immortalité; le violet

(1) Court de Gebelin, Monde primitif, tom. VIII, p. 201.

(2) Color enim violaceus lugubris nota est, præsertim apud reges quibus cardinales æquiparantur (Ciampini Vetera Monumenta, tom. I, p. 120.)

(3) Breviarum Sarisb., Mss. de la Bibliothèque Royale, quinzième siècle.

(4) Prévost, Histoire des Voyages, tom. VI, p. 152.
(5) Préface du Chou-king, p. xxij.

dut être le symbole de la résurrection dans l'éternité.

De même dans les tombeaux égyptiens on trouve des amulettes de cette couleur.

Je dois rapporter ici un fait de la plus haute importance pour l'histoire de la symbolique chrétienne; le manteau d'Apollon était bleu ou violet (1). Cette divinité, exilée de l'Olympe, s'incarna sur la terre et garda les troupeaux d'Admète et de Laomedon. Apollon était la personnification du soleil, et Jésus-Christ est nommé le nouveau soleil.

Le chrétien qui penserait que cette remarque attaque notre religion, serait loin d'en comprendre la majesté.

(1) Winkelman, Histoire de l'Art, tom. II, p. 187,

DE L'ORANGÉ.

L'orangé ou safrané, composé de jaune | et de rouge, eut, dès la haute antiquité, la signification de révélation de l'amour divin. Le Messie est nommé l'Orient et, chez les Grecs, l'Aurore se parait d'un voile couleur de safran; les Muses avaient également des vêtemens safranés (1). Le voile de l'Aurore était une image poétique; le vêtement des Muses rappelait une tradition sacré ; la couleur du safran indiquait l'union de l'amour de Dieu (le rouge) et de la parole sainte (l'or) renfermant toutes les sciences, toutes les muses.

Bacchus est le mythe représentatif de l'Esprit saint. Je ne reproduirai pas ici les preuves que j'ai établies au chapitre de la couleur rouge. D'après Pollux, cette di

(1) Creuzer, liv. VI, p. 755.

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