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l'empereur Napoléon s'en expliquât le premier, il répondit que la base commune devait être une parfaite réciprocité, et que les deux masses belligérantes devaient entrer en commun dans un système de compensation.

Il suffit de se rappeler le statu quo de l'Europe à cette époque, les intérêts et les vues de l'Angleterre et de la Russie, pour juger de l'issue que devait avoir une telle négociation.

Les deux souverains l'empereur Alexandre et le roi de Prusse, s'étaient liés de nouveau par une convention conclue à Bartenstein le 26 avril 1807, dans laquelle les conditions de leur alliance étaient stipulées avec plus de précision qu'elles ne l'avaient été par la convention de Grodno du 12 octobre 1806. Les deux puissances adoptaient la plus grande partie du plan d'agression générale que M. Pitt avait développé dans la fameuse note du cabinet britanniqué du 19 janvier 1805.

Les puissances continentales coalisées avec

l'Angleterre ne devaient poser les armes qu'après avoir réduit l'empire français à la ligne du Rhin, en avoir détaché la Hollande et l'Italie, et substitué au vieux corps germanique, qu'on ne pouvait rétablir, une nouvelle fédération de l'Allemagne. Enfin on devait donner à la Prusse par des échanges l'accroissement de territoire qu'on jugeait nécessaire à la tranquillité de l'Europe. Ce plan, moins étendu que celui de M. Pitt, était consigné dans les cinq articles de la convention de Bartenstein qui devaient, en cas de succès, servir de base aux négociations pour la paix générale. La cour de Vienne fut vivement pressée d'accéder à cette convention et de joindre ses efforts à ceux des quatre puissances coalisées (l'Angleterre, la Prusse, la Russie et la Suède), pour arrêter le torrent des conquêtes de Napoléon. L'Autriche dont les plaies profondes saignaient encore préféra de temporiser, dissimula ses ressentimens, et pour la seconde fois elle les couvrit du voile d'une perfide neutralité. Pendant que les exci

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tations des cabinets russe et prussien réunis au quartier - général de Bartenstein, échouaient devant la prudence autrichienne, les deux souverains qui combattaient en personne à la tête de leur armée n'étaient guère plus satisfaits de la coopération de leurs autres alliés. L'expédition anglaise si impatiemment attendue par les Suédois, n'avait point encore paru dans la Baltique. L'armistice conclu entre le général Essen et le maréchal Mortier ne laissait plus aux alliés aucun espoir d'une diversion assez puissante pour changer la face de leurs affaires, et, comme ils s'en étaient flattés, déterminer l'empereur Napoléon à lever le siége de Dantzick. Ce dernier boulevart de la Prusse orientale étant enfin tombé au pouvoir des Français, les vaines négociations de paix furent définitivement rompues, et de part et d'autre on courut aux armes.

Le général Benningsen, qui n'avait pas cru devoir hasarder de livrer bataille pour dégager Dantzick, changea tout à coup de résolution, et décida l'empereur Alexandre

à prendre l'offensive. La ligne des cantonnemens de l'armée française depuis Braunsberg jusqu'à Guttstadt étant fort étendue, les généraux russes se flattèrent qu'ils pourraient effectuer sur divers points avec de fortes masses le passage de la rivière, et qu'après avoir forcé les principaux postes sur la Passarge, et coupé les communications entre les corps d'armée déjà concentrés chacun sur leur point de rassemblement, ils pourraient les battre séparément et à revers; ils espéraient prévenir ainsi les desseins de l'empereur Napoléon.

Nos lecteurs trouveront à la fin de ce volume les états de situation des deux armées dont le choc allait décider du sort de l'Europe. Nous avons relevé ces états de situation d'après les documens les plus authentiques qui aient été publiés dans les deux partis, afin de faire connaître quelles étaient la composition, la proportion des différentes armes, et la force effective de chacune des deux armées opposées. Supposant donc que nos lecteurs en ont pris con

naissance, nous dirons d'abord quelle était la position de l'armée russe à l'époque du 4 juin, veille du jour de la reprise des hostilités, et nous exposerons ses dispositions d'attaque sur les différens points de la ligne française.

Nous rappellerons ensuite la position de l'armée française recevant l'attaque de l'armée russe ces premières explications sont nécessaires pour faire bien entendre les événemens, l'issue et les conséquences de ces premiers combats.

Comme nous l'avons dit plus haut, legros de l'armée russe était rassemblé sur la position retranchée d'Heilsberg entre la rive gauche de l'Alle et la Sense. Son avantgarde était à Launau, et s'étendait par sa droite observant de près les avant-postes du maréchal Ney, afin de lui dérober le mouvement que devait faire l'armée par son aile droite.

Le gros de l'armée, sous les ordres immédiats du général Benningsen, était à Arensdorff; il se composait de trois divisions et

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