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Et Élisée étant tombé malade, un autre Joas, roi d'Israël, vint le voir. Élisée dit au roi Joas: Apportezmoi des flèches. Puis il dit: Ouvre la fenêtre à l'orient; jette une flèche par la fenêtre..... frappe la terre avec tes flèches..... Le roi Joas ne frappa la terre que trois fois. L'homme de Dieu se mit en colère contre le roi Joas, et lui dit: Si tu avais frappé la terre cinq fois, six fois, ou sept fois, tu aurais extermine la Syrie; mais puisque tu n'as frappé la terre que trois fois, tu ne battras les Syriens que trois fois..... Puis Élisée mourut, et il fut

enterré (1).

Or il arriva que des gens qui portaient un corps mort en terre aperçurent des voleurs; et en s'enfuyant ils jetèrent le corps mort dans le sépulcre d'Elisée...... Dès que le corps mort toucha le corps d'Élisée, il ressuscita sur-le-champ et se dressa sur ses pieds...... (2).

Pendant le règne de Phacée, roi d'Israël, Teglatphalassar, roi des Assyriens, vint en Israël; il prit toute la Galilée et le pays de Nephtali, et en transporta tous les habitants en Assyrie....... (3).

(1) Les critiques cherchent en vain à comprendre pourquoi le melch de Samarie Joas aurait exterminé les Syriens s'il avait jeté sept flèches par la fenêtre. Elisée savait donc nonseulement ce qui devait arriver, mais encore ce qui devait ne pas arriver, et le futur absolu, et le futur contingent. Songeons que la prophétie est une chose si surnaturelle, que nous ne devons jamais l'examiner selon les règles de la

humaine.

*

sagesse

(2) Les critiques ne se lassent point de faire des objections. Ils demandent pourquoi le Seigneur ne ressuscita pas Elisée lui-même, au lieu de ressusciter un inconnu que des porteurs avaient jeté dans sa fosse? Ils demandent ce que devint cet homme qui se dressa sur ses pieds? Ils demandent si c'était une vertu secrète, attachée aux os d'Elisée, de ressusciter tousles morts qui les toucheraient? A tout cela que pouvonsnous répondre? que nous n'en savons rien.

(3) Enfin voici le dénoùment de la plus grande partie de

Salmanazar, roi des Assyriens, marche contre Ozte, fils d'Ela, qui égnait sur Israël à Samarie. Et Ozée fut asservi à Salmanazar, et lui pava tribut (1).

l'histoire hébraïque. C'est ici que commence la destruction des dix tribus entières, et bientôt la captivité des deux autres: c'est à quoi se terminent tant de miracles faits en leur faveur. Les sages chrétiens voient avec douleur le désastre de leurs pères qui leur ont frayé le chemin du salut. Les critiques voient avec une secrète joie l'anéantissement de presque tout un peuple qu'ils regardent comme un vil ramas de superstitieux enclins à l'idolâtrie, débauchés, brigands, sanguinaires, imbécilles et impitoyables. On dirait, à entendre ccs critiques, qu'ils sont au nombre des vainqueurs de Samarie ct de Jérusalem.

Cette révolution nous offre un tableau nouveau et de nouveaux personnages. Quels étaient ces peuples et ces rois d'Assyrie qui vinrent de si loin fondre sur le petit peuple qui. avait habité près de la Célésyrie, de Dan jusqu'à Bersabé. dans un terrain d'environ cinquante lieues de long sur quinze de large, et qui espéra dominer sur l'Euphrate, sur la Méditerranée et sur la mer Rouge?

(1) Qui était ce Teglatphalassar et ce Salmanazar par qui commença l'extinction de la lampe d'Israel? Ces rois régnaientils à Ninive ou à Babylone? A qui croire, de Ctésias ou d'Hérodote, d'Eusèbe ou du Syncelle extrait par Photius? Y a-t-il eu chez les Orientaux un Bélus, un Ninus, une Sémiramis. un Ninias, qui sont des noms grecs? Tonaas Concoleros est-il le même que Sardanapale? Et ce Sardanapale était-il un fainéant voluptueux ou un héros philosophe ? Chiniladam était-il le même personnage que Nabuchodonosor ?

Presque toute l'histoire ancienne trompe notre curiosité: nous éprouvons le sort d'Ixion en cherchant la vérité; nous voulons embrasser la déess e, et nous n'embrassons que des nuages.

Dans cette nuit profonde que dois-je faire ? On m'a chargé de commenter une petite partie de la Bible, et non pas l'his. toire de Ctésias et d'Hérodote. Je m'en tiens à ce que les Hébreux eux-mêmes racontent de leurs disgrâces et de leur éta déplorable. Un roi d'orient, qu'ils appellent Salmanazar,

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Mais Ozée ayant voulu se révolter contre lui, il fut pris et mis en prison chargé de chaînes...... Salmanazar

vient enlever dix tribus hébraïques sur douze, et les transporte dans diverses provinces de ses vastes états. Y sont-elles encore? en pourrait-on retrouver quelques vestiges? Non, ces tribus sont ou anéanties ou confondues avec les autres Juifs. Il est vraisemblable, ét presque démontré, qu'elles n'avaient aucun livre de leur loi lorsqu'elles furent amenées captives dans des déserts en Médie et en Perse; puisque la tribu de Juda elle-même n'en avait aucun sous le règne du roi Josias, environ soixante et dix ans avant la dispersion des dix tribus; et que, dans cet espace de temps. tout le peuple fut continuellement afiligé de guerres intestines et étran gères, qui ne lui permirent guère de lire.

Il peut se trouver encore quelques-uns des descendants des dix tribus vers les bords de la mer Caspienne, et même aux Indes, et jusqu'à la Chine; mais les prétendus descendants des Juifs, qu'on dit avoir été retrouvés en très petit nombre dans ces pays si éloignés, n'ont aucune preuve de leur origine: ils ignorent jusqu'à leur ancienne langue; ils n'ont conservé qu'une tradition vague, incertaine, affaiblie par le temps.

Les deux autres tribus de Juda et de Benjamin, qui revinrent à Jérusalem avce quelques lévites après la captivité de Babylone, ne savent pas mème aujourd'hui de quelle famille ils peuvent être.

Si donc les Juifs qui avaient habité dans Jérusalem depuis Cyrus jusqu'à Vespasien, n'ont pu jamais connaître leurs familles, comment les autres Juifs, dispersés depuis Salmanazar vers la mer Caspienne et en Scythie, auraient-ils pu re. trouver leur arbre généalogique ? Il y eut des Juifs qui ré gnaient dans l'Arabie heureuse sur un petit canton de l'Yemen, du temps de Mahomet, dans notre septième siècle ; et Mahomet les chassa bientôt: mais c'étaient sans doute des Juifs de Jérusalem, quis'étaient établis dans ce canton pour le commerce, à la faveur du voisinage. Les dix tribus, anciennement dispersées vers la Mingrélie, la Sogdiane et la Bactriane, n'avaient pu de si loin venir fonder un petit état en Arabie.

Enfin, plus on a cherché les traces des dix tribus, et moins en les a trouvées.

dévasta tout le pays; et étant venu à Samarie, il l'assie gea pendant trois ans ; et la neuvième année d'Ozéc,

On sait assez que le fameux Juif espagnol Benjamin de Tudèle, qui voyagea en Europe, en Asie et en Afrique, au commencement de notre douzième siècle, se vanta d'avoir eu des nouvelles de ces dix tribus que l'on cherchait en vain. Il compte environ sept cent quarante mille Juifs vivants de son temps dans les trois parties de notre hémisphère, tant de ses frères dispersés par Salmanazar que de ses frères dispersés depuis Titus et depuis Adrien. Encore ne dit-il pas sidans ces sept cent quarante mille sont compris les enfants et les femmes; ce qui ferait, à deux enfants par famille, deux millions neuf cent soixante mille Juifs. Or, comme ils ne vont point à la guerre, et que les deux grands objets de leur vie sout la propagation et l'usure, doublons seulement leur nombre depuis le douzième siècle, et nous aurons aujourd'hui dans notre continent quatre millions neuf cent vingt mille Juifs, tous gagnant leur vie par le commerce; et il faut avouer qu'il y en a d'extrêmement riches depuis Bassora jusque dans Amsterdam et dans Londres.

que le peuD'après ce compte très modéré, il setrouverait ple d'Israël serait non-seulement plus nombreux que les anciens Parsis ses maîtres, dispersés comme lui depuis Omar, mais plus nombreux qu'il ne le fut lorsqu'il s'enfuit d'Égypte en traversant à pied la mer Rouge.

Mais aussi il faut considérer qu'on accusele voyageur Benjamin de Tudèle d'avoir beaucoup exagéré, suivant l'usage de sa nation et de presque tous les voyageurs.

La relation du rabbin Benjamiu ne fut traduite en notre langue qu'en 1729 à Leide; mais cette traduction étant fort mauvaise, on en donna une meilleure en 1734 à Amsterdam. Cette dernière traduction est d'un enfant de onze ans, nommé Baratier, Français d'origine, né dans le margraviat de Brandebourg-Anspach. C'était un prodige de science et même de raison, tel qu'on n'en avait point vu depuis le prince Pic de La Mirandole. Il savait parfaitement le grec et l'hébreu dès l'âge de neuf ans; et ce qu'il y a de plus étonnant, c'est qu'à son âge il avait déjà assez de jugement pour n'être point l'admirateur aveugle de l'auteur qu'il traduisait ; il em

Salmanazar prit Samaric, et transporta tous les Israélites au pays des Assyriens dans Ola, dans Habor, dans

fit une critique judicieuse: cela est plus beau que de savoir l'hébreu.

Nous avons quatre dissertations de lui qui feraient honneur à Bochart, ou plutô t qui l'auraient redressé. Son père, ministre du saint Évangile, l'aida un peu dans ses travaux; mais la principale gloire est due à cet enfant.

Peut-être même ce singulier traducteur, et ce plus singulier commentateur, méprise trop l'auteur qu'il traduit; mais enfin il fait voir qu'au moins Benjamin de Tudèle n'a point yu tous les pays que ce Juif prétend avoir parcourus. Benjamin s'en rapporta sans doute dans ses voyages exagérés, emphatiques et menteurs, aux discours que lui tenaient des rabbins asiatiques, empressés à faire valoir leur nation au ́près d'un rabbin d'Europe. Il ne dit pas même qu'il ait vu certaines contrées imaginaires dans lesquelles on disait que les Juifs de la première dispersion avaient fondé des états considérables.

«La ville de Théma, dit Benjamin, est la capitale des *» Juifs au nord des plaines de Sennaar; leur pays s'étend à >> seize journées dans les montagnes du nord: c'est là qu'est >>> le rabbin Hanan, souverain de ce royaume. Ils ont de gran» des villes bien fortifiées; et de là ils vont piller jusques aux » terres des Arabes leurs alliés: ils sont craints de tous leurs » voisins. Leur empire est très vaste; ils.donnent la dîme de tout ce qu'ils ont aux disciples des sages qui demeurent » toujours dans l'école; aux pauvres d'Israël et aux pharisiens, » c'est-à-dire à leurs dévots.

» Dans toutes ces villes il y a environ trois cent mille Juifs; » leur ville de Tanaï a quinze milles en lougueur et autant en » largeur. C'est là qu'est le palais du prince Salomon. Laville » est très belle, ornée de jardins et de vergers, etc. >>

Benjamin ne dit point du tout qu'il ait été dans ce pays de Théma ni dans cette ville de Tanai: il ne nous apprend pas *non plus de quels Juifs il tient cette relation chimérique. Il est sûr qu'on ne peut le croire; mais il est sûr aussi que s'il st un Juif ridiculement trompé par des Juifs de Bagdade

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