Imágenes de página
PDF
ePub

ކ

HARVARD

COLLEGE

MAY 101924

LIBRARY

Hugo Reisinge of and

[blocks in formation]

I

D

ESCARTES, qui servit dans l'armée bavaroise au début de la guerre de Trente Ans, écrivait plus tard « J'ai bien de la peine à donner place au métier de la guerre parmi les professions honorables, voyant que l'oisiveté et le libertinage sont les deux principaux motifs qui y portent aujourd'hui la plupart des hommes. » Ce fut précisément le malheur de l'Allemagne au xvII° siècle, que la guerre y fût devenue un métier comme un autre. C'était même le plus lucratif et, en un sens, le moins périlleux de tous. Le bourgeois et le paysan étaient livrés sans défense au caprice féroce de toute bande armée. Le soldat, du moins, ne mettait sa vie en jeu que contre la vie de son adversaire; il luttait à armes égales. Était-il vainqueur, le pillage était la récompense de la victoire. Montait-il à l'assaut d'une ville, le butin lui appartenait. Au reste, il se battait le moins possible. Au moindre vent de défaite, il s'arrangeait de manière à être fait prison

nier, se laissait enrôler dans l'armée ennemie, et le lendemain se trouvait en face de ses compagnons de la veille. Quand sa solde était mal payée, ou même quand il n'était pas soldé du tout, il n'y perdait rien. Frédéric II nous apprend, dans ses Mémoires de Brandebourg, que les États de ce pays levèrent des troupes en 1620, et leur donnèrent le privilège de faire partout des quêtes pour fournir à leur subsistance. « Les paysans avaient ordre de leur donner un liard chaque fois qu'ils gueuseraient, et des coups de bâton s'ils ne s'en contentaient pas. » Mais le bâton se retournait souvent contre celui qui devait le manier. Plus souvent encore, la bastonnade, quand elle tombait sur le paysan, ne paraissait pas suffisante, et était remplacée par des supplices moins courts et plus raffinés.

Le soldat ne faisait que suivre l'exemple du chef qui le commandait ou du prince qui le prenait à sa solde. Un Ernest de Mansfeld ou un Wallenstein n'étaient que des aventuriers dans le grand style. Mais les souverains eux-mêmes qui se disaient les champions de la foi obéissaient sciemment ou à leur insu à des considérations politiques; et quand leur conscience religieuse entrait en conflit avec leur ambition, ce n'était pas leur ambition qui cédait. De même que le soldat combattait tour à tour dans des camps opposés, de même des princes appartenant à des confessions différentes s'alliaient pour un temps plus ou moins long, lorsqu'un intérêt

« AnteriorContinuar »