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qu'on avoit trouvé une image d'Henri IV attachée à un poteau et traversée d'un poignard avec une inscription odieuse pour le prince régnant. « Je » m'en console, dit le monarque: on n'en a pas » fait autant contre les rois fainéants. » On prétend que dans les derniers temps de sa vie il trouva sous son couvert, en se mettant à table, un billet à peu près conçu ainsi : « Le roi est de>> bout à la Place des Victoires, à cheval à la Place » Vendôme; quand sera-t-il couché à Saint-De>> nis! » Louis prit le billet, et, le jetant pardessus sa tête, répondit à haute voix : « Quand il plaira à Dieu. » Prêt à rendre le dernier soupir, il fit appeler les seigneurs de sa cour : « Messieurs, dit-il, je vous demande pardon des >> mauvais exemples que je vous ai donnés; je >> vous fais mes remercîments de l'amitié que >> vous m'avez toujours marquée. Je vous de>> mande pour mon petit-fils la même fidélité.... » Je sens que je m'attendris et que je vous atten» dris aussi. Adieu, messieurs, souvenez-vous quelquefois de moi. » Il dit à son médecin qui pleuroit : « M'avez-vous cru immortel? » Mad. de La Fayette a écrit de ce prince qu'on le trouvera sans doute <«< un des plus grands rois, et des plus » honnétes hommes de son royaume. » Cela n'empêche pas qu'à ses funérailles le peuple ne chantât des Te Deum, et n'insultât au cercueil :

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numquid cognoscentur mirabilia tua, et justitia tua in terrá oblivionis?

Que nous reste-t-il à ajouter à la louange d'un prince qui a civilisé l'Europe, et jeté tant d'éclat sur la France? Rien que ce passage tiré de ses Mémoires :

« Vous devez savoir, avant toutes choses, mon fils, » que nous ne saurions montrer trop de respect pour Ce>> lui qui nous fait respecter de tant de milliers d'hommes. » La première partie de la politique est celle qui nous

enseigne à le bien servir La soumission que nous avons » pour lui est la plus belle leçon que nous puissions don» ner de celle qui nous est due, et nous péchons contre » la prudence, aussi-bien que contre la justice, quand >> nous manquons de vénération pour Celui dont nous ne » sommes que les Lieutenants.

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Quand nous aurons armé tous nos sujets pour la dé» fense de sa gloire, quand nous aurons relevé ses autels abattus, quand nous aurons fait connoître son nom >> aux climats les plus reculés de la terre, nous n'aurons >> fait que l'une des parties de notre devoir, et sans doute » nous n'aurons pas fait celle qu'il désire le plus de nous, » si nous ne nous sommes soumis nous-mêmes au joug >> de ses commandements. Les actions de bruit et d'éclat >> ne sont pas toujours celles qui le touchent davantage, » et ce qui se passe dans le secret de notre cœur est sou» vent ce qu'il observe avec plus d'attention.

» Il est infiniment jaloux de sa gloire, mais il sait mieux. » que nous discerner en quoi elle consiste. Il ne nous a peut-être fait si grands qu'afin que nos respects l'hono» rassent davantage; et si nous manquons de remplir en

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» cela ses desseins, peut-être qu'il nous laissera tomber » dans la poussière de laquelle il nous a tirés.

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» Plusieurs de mes ancêtres, qui ont voulu donner à >> leurs successeurs de pareils enseignements, ont attendu >> pour cela l'extrémité de leur vie ; mais je ne suivrai pas » en ce point leur exemple. Je vous en parle dès cette » heure, mon fils, et vous en parlerai toutes les fois que j'en trouverai l'occasion. Car, outre que j'estime qu'on » ne peut de trop bonne heure imprimer dans les jeunes esprits des pensées de cette conséquence, je crois qu'il » se peut faire que ce qu'ont dit ces princes dans un état » si pressant ait quelquefois été attribué à la vue du pé>> ril où ils se trouvoient; au lieu que, vous en parlant » maintenant, je suis assuré que la vigueur de mon âge, » la liberté de mon esprit, et l'état florissant de mes affaires, ne vous pourront jamais laisser pour ce discours » aucun soupçon de foiblesse ou de déguisement.

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C'étoit en 1661 que Louis XIV donnoit cette sublime leçon à son fils.

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A Défense du Génie du Christianisme 朵 est jusqu'à présent la seule réponse que j'aie faite à toutes les critiques dont on

a bien voulu m'honorer. J'ai le bonheur ou le malheur de rencontrer mon nom assez souvent

1 Voyez la note B à la fin du volume.

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dans des ouvrages polémiques, des pamphlets, des satires. Quand la critique est juste, je me corrige; quand le mot est plaisant, je ris; quand il est grossier, je l'oublie. Un nouvel ennemi vient de descendre dans la lice. C'est un chevalier béarnois. Chose assez singulière, ce chevalier m'accuse de préjugés gothiques, et de mépris pour les lettres! J'avoue que je n'entends pas parler de sang-froid de chevalerie, et quand il est question de tournois, de défis, de castilles, de pas d'armes, je me mettrois volontiers comme le seigneur don Quichotte à courir les champs pour réparer les torts. Je me rends donc à l'appel de mon adversaire. Cependant, je pourrois refuser de faire avec lui le coup de lance, puisqu'il n'a pas déclaré son nom, ni haussé la visière de son casque après le premier assaut; mais comme il ́a observé religieusement les autres lois de la joute, en évitant avec soin de frapper à la téte et au cœur, je le tiens pour loyal chevalier, et je relève le gant.

Cependant, quel est le sujet de notre querelle? Allons-nous nous battre, comme c'est assez l'usage entre les preux, sans trop savoir pourquoi? Je veux bien soutenir que la Dame de mon cœur est incomparablement plus belle que celle de mon adversaire. Mais si par hasard nous servions tous deux la même Dame? C'est en ef

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