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sèrent à Adjataçatrou, demandant au maitre de la terre de faire faire les réparations nécessaires aux vihâras : « C'est ici que nous voulons faire l'Assemblée de la Loi. Que vous faut-il? dit le monarque. Que le roi « nous fasse, dirent-ils, une salle de réunion. » - Et quand ils eurent indiqué le lieu, le roi leur fit construire une salle charmante et semblable au temple des dieux, près de la montagne Vébhara, à l'entrée de la grotte Sattapanni. Quand la salle fut achevée, le roi y fit placer de superbes tapis, en nombre égal à celui des religieux. Afin que le grand arhat, le président placé au nord eût le visage tourné au midi, c'est au nord qu'on fit mettre le siége qu'il devait occuper. Au milieu de cette salle, et tourné à l'est, on plaça le siége de la Loi, la tribune de la prédication, digne d'être occupé par le Sougâta lui

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même.

<«< Le roi dit alors aux religieux : « Notre œuvre est faite. » Les religieux s'adressèrent ensuite à l'arhat Ananda, qui était encore sous l'empire des passions, et ils lui dirent : « Ananda, demain a lieu la réunion; tu ne peux pas t'y <«< rendre dans la disposition où tu es; il faut l'exercer << sans relâche, et devenir ainsi tout ce que tu dois être.»> L'arhat, ainsi averti, fit un effort héroïque qui le purifia, et il atteignit complétement la condition d'un arhat.

« Dès le second jour du second mois du varsha, les religieux purent tenir leurs réunions dans cette salle splendide.

« Réservant à l'arhat Ananda le siége qui avait été préparé pour lui, les religieux s'assirent chacun sur leurs siéges par rang d'ancienneté. Pendant que quelques-uns d'entre eux s'enquéraient: Où est Ananda? afin qu'il

pût manifester sa purification, Ananda, sortant de la terre et arrivant par la voie des cieux, vint se placer sur le siége qui lui avait été spécialement destiné.

« Tous ces religieux, les fermes soutiens de la foi, confièrent à l'arhat Oupali le soin d'expliquer le vinaya, et l'explication du reste de la Loi fut confiée à Ananda. Le grand arhat, le président, se réserva pour lui-même de faire les questions sur le vinaya, et l'arhat Oupali fut chargé de faire les réponses. Celui qui était placé sur le siége de l'arhat lui faisait les interrogations concernant le vinaya, et lui, placé dans la tribune de la prédication, donnait toutes les explications demandées. Quand les différentes voies du vinaya avaient été ainsi développées, tous les autres religieux, répétant en chœur le vinaya, acquéraient la science qui apprend à se conduire.

« Le grand arhat, le président, se chargea d'interroger sur la Loi, sur le Dharma, celui qui parmi les nombreux auditeurs du Bouddha avait été le dépositaire des trésors du magnanime; et Ananda, comme Oupali, remplissant le siége de la Loi, expliqua la Loi tout entière sans la moindre omission. Le Mouni du Védéha ayant donné toutes ces explications, tous les religieux, répétant en chœur le Dharma, acquirent la science du Dharma.

« Cette assemblée de la Loi, tenue par ces bienfaiteurs du monde entier en faveur du monde entier, dura sept mois, et, grâce au grand arhat Kâçyapa, la doctrine du Sougata fut établie et consolidée pour cinq mille ans. Dans l'excès de la joie, lorsque cette assemblée finit, la terre immense se souleva du fond des abîmes de la mer et se balança six fois.

« Comme toutes ces merveilles avaient été accomplies

dans le monde par ces maîtres de la Loi, cette première réunion uniquement composée d'arhats, fut appelée la réunion d'arhats. Après avoir fait cette première assemblée, et après bien d'autres bienfaits en faveur du monde, tous ces arhats, lorsqu'ils eurent rempli leur existence, entrèrent dans le Nirvana. Les sages arhats, en dissipant les ténèbres, devinrent les flambeaux du monde; et ces admirables flambeaux périrent par la mort, éteints comme dans une grande tempête. Cet exemple prouve au sage que celte vie n'est rien.

« C'est la troisième section, appelée la Première Assemblée de la Loi, dans le Mahâvamsa, composé pour faire la joie ou la douleur des gens vertueux. »

SECOND CONCILE

Mahâvamsa, chap. iv. pag. 15, édit. Turnour.

« Le fils d'Adjâtaçatrou, l'impie Oudayibhaddaka, ayant tué le roi, régna seize ans. Anourouddhaka, fils d'Oudâyibhaddaka, l'ayant tué aussi, et le fils d'Anourouddhaka, nommé Mounda, l'ayant tué également, ces rois impies et méchants se succédèrent ainsi, et leurs deux règnes embrassent l'espace de huit ans. Le féroce Nàgadâsaka, fils de Mounda, ayant, comme les autres, tué son père, régna encore vingt-quatre ans : « Cette race est parricide,» dit le peuple de la ville; et, se réunissant, ils déposèrent le roi Nâgadasaka. Puis ils élurent unani

mement pour roi le sage ministre Sousounâga, dans l'intérêt commun. Ce roi gouverna le royaume pendant dix-huit ans. Son fils Kâlàçoka régna vingt-huit ans. Ainsi, dans la dixième année du règne de Kâlâçoka, on comptait cent années écoulées depuis le Nirvâna du Bouddha parfaitement accompli.

« A cette époque, de nombreux Bhikshous de Vaiçâlî, et de la race des Vadjis, déclarèrent que les religieux pouvaient se permettre les pratiques suivantes : manger des viandes salées, recevoir de l'argent, boire du petitlait, etc., etc. '. L'arhat Yasa ayant connu cela se rendit dans le pays des Vadjis. Ce Yasa, fils de Kâkandaka, doué des six vertus et plein de force, résolut de vaincre cette hérésie et celle du vihâra de Mahâvana, dans cette ville de Vaiçâlî. Quand on était réuni pour l'Oupasatha, ces hérétiques placèrent dans la salle un vase d'or rempli d'eau, et ils dirent aux fidèles : « Dévots, donnez au moins <«< un karshapana pour les religieux. Ne le donnez « pas! » s'écria l'arhat. Et alors ils excommunièrent l'arhat Yasa. Mais lui, ayant obtenu qu'on lui adjoignît un envoyé, se rendit avec lui à la ville, et il proposa aux habitants les articles de sa propre doctrine. Les Bhikshous, ayant entendu le rapport de leur envoyé, voulurent punir l'arhat Yasa, et ils entourèrent sa maison. L'arhat, leur échappant, se rendit par la voie des airs à la ville de Kosambiya. De là il fit prévenir promptement par des messages les religieux de Pâtheya et d'Avanti; et, allant lui-même dans la montagne Ahoganga, il apprit tout ce

1 Le Mahâvamsa énumère dix de ces pratiques, mais d'une manière tellement concise, qu'elles restent tout à fait obscures, et que M. Turnour a renoncé à éclaircir ce passage.

qui s'était passé à l'arhat Sambhouta, qui habitait à Sàna.

<< Soixante prêtres de Pàtheya et quatre-vingts d'Avanti, tous grands et vertueux personnages, se transportèrent à Ahoganga. Tous les Bhikshous, qui s'y réunirent successivement, étaient au nombre de quatre-vingt-dix mille. Après avoir réfléchi et délibéré, ils reconnurent que l'arhat Révata de Soreya était alors, pour la profondeur de la science, le plus illustre de tous, et ils résolurent de se rendre auprès de lui. Le vénérable arhat ayant appris leur projet et désirant lui-même se transporter sans trop de fatigue à Vaiçàli, partit sur-le-champ pour y aller. Attachant grande importance à cette mission, les Bhikshous se mettaient en marche dès le matin, et le soir ils se réunissaient à la station où ils devaient s'arrêter. Dans une de ces réunions, l'arhat Yasa, dirigé par l'arhat Sambhouta, après une prédication de la bonne Loi, s'adressa à l'excellent arhat Révata et lui soumit les dix indulgences des hérétiques. L'arhat déclara qu'elles étaient inadmissibles, et il ajouta : « Retranchons-les. >>

« Cependant ces pécheurs hérétiques, pour séduire l'excellent Révata, recueillirent le plus d'offrandes possible parmi les religieux et les embarquèrent sur un navire avec eux. Ils arrivèrent au lieu où les prêtres s'étaient réunis, et, quand l'heure de la collation fut arrivée, ils lui chantèrent les stances de la réfection. L'arhat Salha, qui était là, réfléchissant à la doctrine de Pâtheya, dit qu'il la trouvait admissible. Le mahabrahma lui dit : « Adhère à cette doctrine; » et Salha répondit que son adhésion serait inébranlable. Mais les autres offrirent les présents à l'arhat Révata, et l'arhat repoussa le disciple de la communauté corrompue qui les lui offrait.

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