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» en vertu d'aucune autorité ou jurisdiction spirituelle, doivent ou peuvent » être légitimement réprimés, redreffés, réformés, prévenus, corrigés, >> reftreints, & cenfurés pour la gloire de Dieu tout-puiflant, pour l'aug»mentation de la vertu chrétienne, & pour la confervation de la paix, » de l'union & de la tranquillité de ce royaume, nonobftant tout usage » coutume, loix étrangeres, loix étrangeres, prescription, ou aucunes chofes à ce con» traires. (a) «

Marie, qui étoit catholique, n'eut pas plutôt fuccédé au roi fon pere, qu'elle abolit en 1554, le ferment de Suprématie, mais il fut rétabli en 1559, à l'avénement d'Elifabeth proteftante, & il n'a pas ceffé depuis d'être en vigueur. Il eft prêté par tous ceux qui entrent dans les charges & emplois de l'église & de l'Etat, qui aspirent aux ordres facrés, ou qui font membres du parlement.

La religion étoit auffi dépendante du roi en Ecoffe qu'en Angleterre. Le roi Guillaume confentit néanmoins, par quelques raifons de politique de remettre aux Ecoffois le ferment de Suprématie, & la cour ne s'eft jamais mal trouvée de cette indulgence. Il arrive delà que la puiffance fouveraine a peu d'occasions de fe mêler des affaires eccléfiaftiques, & que les commiffaires même qui affiftent de la part du roi aux affemblées prefbytériennes, n'y font que pour la forme. Mais on eft attentif à ne laiffer prendre au clergé aucune connoiffance des affaires temporelles ; & cette attention eft pouffée fi loin dans plufieurs contrées, qu'un eccléfiaftique, de quelque religion qu'il fe déclare, n'eft pas reçu en témoignage dans les tribunaux féculiers. Science du gouvernement,

M. DE REAL.

(4) A&te du Parlement, fous le regne de Henri VIII, en 1534.

par

SUSSEX, Province d'Angleterre.

ELLE donne le titre de comte à un lord de la famille d'Yelveston. Elle eft bornée au nord par la province de Surrey, à l'orient & au nord-eft par celle de Kent, à l'occident par celle de Hamp, & au midi par la Manche ou le canal de faint George. Elle a 53 milles de longueur, 16 de largeur & 172 de circonférence. Sa capitale eft Chichefter, & fes autres villes ou bourgs remarquables font Lewes, Horsham, Midhurst, Shoreham, Bramber, Steining, Eaft, Grinftedt & Arundel, qui font toutes représentées à la chambre des communes par des députés qu'elles élifent chacune au nombre de deux, ainsi que la province l'eft elle-même par deux chevaliers qu'elle y envoie, & ainfi que le font encore chacun par deux barons, les lieux appellés Haflingt, Rye, Winchelfey, & Scaford, compris dans l'ancienne inftitution des cinq ports, & enclavés dans la province de Suffex.

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Il y a dans cette province 4 rivieres principales, favoir, l'Arun, l'Adur, l'Oufe, & le Rother. Elles ont toutes leur embouchure dans la mer, & chacune a fes poiffons de préférence; mais leur navigation n'est pas importante. Les fables empêchent les navires d'une certaine charge de les monter; & ce font les vents du fud-oueft, très-fréquens fur la côte, qui fans ceffe amenent ces fables dans le lit des rivieres. L'on ne respire pas dans Suffex un air généralement pur; des brouillards épais y regnent affez fouvent, & peu d'étrangers y féjournent, fans payer, par quelque fievre, leur tribut au climat. Le quartier des dunes fait cependant exception à cette infalubrité à la faveur de fon fol plus élevé, & des vents qui le foufflent, l'on y eft communément dans une température fort faine. Vers le milieu de la province, les terres font fortes, & riches en grains & en fourrages; & fur fes bords feptentrionaux, il y a de grandes forêts. Il y a de même en plufieurs endroits, des mines de fer exploitées avec beaucoup d'activité. Elles donnent matiere au travail de nombre de forges & de fonderies, où la flotte & les arfenaux fe fourniffent, & où l'on prépare pour d'autres ufages une immenfe quantité d'uftenfiles. L'on prétend d'ailleurs, qu'il n'eft pas au monde d'auffi bonne poudre à canon, que celle qui fe fabrique à Battle, village de cette province, voifin de Haftings, & fameux par la victoire décifive pour l'Angleterre que les Normands y remporterent en 1066. D'autres objets de commerce & de trafic se tirent encore de Suffex. L'on en exporte des grains, de la dreche, du bétail des laines fines, des crayes, du verre, du poiffon & du gibier. L'on y compte, 312 paroiffes, 123 vicairies, 1060 villages, 21,530 maifons, & environ 120 mille habitans. L'on y eft du diocefe de Chichefter.

SUTHERLAND, Province maritime d'Ecoffe, au nord du Comté de Rofs.

ELLE

LLE eft bornée à l'orient par la mer d'Allemagne, au midi par le Taine, & la riviere d'Okell qui la féparent de la province de Ross; à l'occident, par la feigneurie d'Affint, au nord, par la province de StrathNavern, & au nord-eft, par celle de Caithnefs. Sa longueur eft d'environ 40 milles, & fa plus grande largeur de 20. Les plus remarquables des rivieres qui l'arrofent font le Shin, l'Uns, le Brora & l'Ully, qu'on appelle autrement Helmfdail. Cette province eft toute montueufe, & entrecoupée de trois grandes forêts remplies de bêtes fauvages, & d'oifeaux des bois de diverfes efpeces. Le plus confidérable des lacs du pays eft le lac de Shin: il eft comme tous les autres fécond en poiffon. L'orge de cette province eft la meilleure qui croiffe dans les pays du nord. On tire du Sutherland de très-bon fer des mines. Les anciens comtes de cette province étoient de la maison de Murray; aujourd'hui cette feigneurie eft tombée dans la maifon des Gordons, dont le chef de la branche aînée prend le titre de duc de Gordon.

SY

SY

SYLLA, Célébre Romain.

SYLLA, quoique de famille patricienne, ne comptoit point d'ancêtres

illustres. Il est vrai qu'un d'entr'eux fut honoré du confulat, mais il fut dégradé du titre de fénateur, & il ne laiffa pour héritage à fes defcendans que fon ignominie. On lui donna le furnom de Sylla, parce qu'il avoit le vifage parfemé de taches rouges qui le rendoient difforme & rebutant, Il paffa fa premiere jeuneffe dans la compagnie des farceurs & des bouffons, où il contracta l'habitude de railler & de tourner tout en ridicule. Son penchant à l'amour ne fut point affoibli par les injures de l'âge. 11 vieillit, & mourut dans le fein des voluptés. La pauvreté le jeta dans la mauvaise compagnie. L'héritage de fa belle-mere le mit un peu dans l'aifance, & quelque temps après, la courtifane Nicopolis l'inftitua fon héritier. Quoique plongé dans la débauche, fes mœurs étoient décentes, & jamais il ne donna de fcandales. Il fut élu quefteur dans la guerre de Numidie où il s'infinua dans la faveur du roi Bocchus qui, à fa follicitation, livra Jugurtha aux Romains. Marius eut tous les honneurs de cette guerre, mais le succès en fut préparé par Sylla. Marius ne put lui pardonner d'en avoir partagé la gloire. Cette jaloufie fut fubordonnée à l'eftime qu'il conçut pour fes talens, & il le choifit pour fon lieutenant dans la guerre des Cymbres. Il fe fervit plutôt de fes confeils que de fon bras, pour ne point lui donner trop d'éclat. Sylla, démêlant fes vues, aima mieux fervir fous Catulus, collegue de Marius, qui fe repofa fur lui de l'ordre de bataille où les Cimbres furent entiérement défaits. La gloire de cette journée lui ouvrit le chemin aux premiers honneurs, Les richeffes qu'il amaffa dans cette guerre, le mirent en état d'acheter les fuffrages du peuple qui le nomma édile, & l'année fuivante préteur. Il menaça Céfar d'ufer contre lui de toute l'autorité de fa charge; tu as raison, lui répondit Céfar, de dire ta charge, tu l'as affez payée pour qu'elle foit à toi. Après l'exercice de fa préture, il fut envoyé en Cappadoce pour remettre Ariobarzane en poffeffion de fes Etats. Ce fut pendant ce voyage qu'il donna audience aux ambaffadeurs des Parthes. Ce fut la premiere alliance que les Romains contracterent avec ces barbares. Il s'occupa de foins plus importans dans la Cappadoce, Mithridate ambitionnoit tous les trônes d'Orient, Sylla étudia tous les mouvemens & fes deffeins que Rome feule pouvoit réprimer. Son retour en Italie penfa y allumer un grand embrasement. Marius, offenfé de ce que Bocchus avoit confacré dans le temple de la victoire un tableau où Jugurtha étoit livré à Sylla, voulut employer la force pour l'en arracher. La ville fut partagée en deux factions acharTome XXIX. Ꭰ

nées à s'entre-détruire. La guerre des Marfes réunit les efprits. Sylla y acquit une nouvelle gloire qui le mit en état de prétendre à ce qu'il y avoit de plus élevé. Son ambition fut encore fortifiée par fon alliance avec Cicilia, fille de Métellus, grand-pontife & général illuftre. Il fut élevé au confulat avec Pompée, & ce fut lui qui eut le commandement de l'armée contre Mithridate. La faction de Maríus, indignée de la préférence qu'on lui donnoit fur fon chef, excita une fédition où le fils de Pompée perdit la vie, & les deux confuls auroient eu la même deftinée, fi Pompée n'eût abdiqué le confulat. Sylla n'en fut point dépouillé, parce qu'il fe désista du commandement de la guerre de Pont qui fut déféré à Marius mais ce défiftement, extorqué par la violence, ne fut pas regardé comme un engagement facré. Sylla fe retira vers les légions affemblées à Nole, & abandonna Rome aux fureurs de Marius, qui exerça les plus cruelles vengeances fur la faction qui lui étoit oppofée. L'armée s'avança jufqu'aux portes de Rome dont on lui refufa l'entrée. Sylla furieux ordonna de mettre le feu aux maifons, & prenant lui-même une torche allumée, il donna un exemple qui fut bientôt fuivi. Marius, retiré au temple de Tellus, promit la liberté à tous les efclaves qui voudroient prendre les armes : mais l'activité de Sylla le prévint & l'obligea de fuir avec précipitation. Il fut déclaré par le fénat ennemi de la république. Cette profcription ternit la gloire de Sylla qui lui étoit redevable de la vie. Le peuple, toujours attaché à la fortune de Marius, manifefta fa haine contre fon ennemi par le refus qu'il fit d'élever aux charges de l'Etat fon neveu Nonius & Servius qui étoit fon plus zélé partifan. Sylla, pour se rétablir dans l'efprit du peuple, fit élire pour fon collegue au confulat Lucius-Cinna un des principaux chefs de la faction populaire, qui lui promit, par les fermens les plus folemnels, de faire caufe commune avec lui; mais il fut bientôt infidele à fa promeffe. Le premier ufage qu'il fit de fon pouvoir, fut d'engager un tribun du peuple à fe rendre l'accufateur de fon collegue. Sylla n'oppofa que du mépris à fon délateur, & au lieu de répondre, il marcha contre Mithridate. Dès qu'il parut dans la Grece, toutes les villes fe rangerent fous fon obéiffance, excepté Athenes qui fut prife & faccagée. Il quitta l'Attique pour aller combattre Taxile & Archelaus, lieutenans de Mithridate. Les deux armées en vinrent aux mains dans la Béotie, proche de Cheronée. On affure fans vraisemblance, que les Romains ne perdirent que douze foldats, & tuerent près de cent mille de leurs ennemis, dont à peine dix mille fe fauverent par la fuite. Une feconde victoire remportée par Sylla près d'Orcomene, fit rentrer la Grece & la Macédoine fous l'empire des Romains. Tandis qu'il triomphoit au-dehors, Rome étoit en proie aux fureurs de Marius & de Carbon, chefs de la faction populaire. Les plus illuftres patriciens, pour se fouftraire à leur vengeance, fe réfugierent dans fon camp où ils formerent une efpece de fénat. Ses partisans le rappelloient en Italie; fon cœur partagé entre la gloire qui l'arrêtoit

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