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Aux dagues, aux brocards bien nourris et bien forts,
A la belle empaumure et à la couronnure.
Il savait for-huer et bien parler aux chiens,
Faisait bien la brisée, et le premier des siens
Connaissait bien le pied, la sole et les allures,
Fumées, hardouers et frayoirs, et savait,
Sans avoir vu le cerf, quelle tête il avait
En voyant seulement ses erres et foulures.

Pauvre Eurymédon! tous les poètes ne te furent pas si doux.

Sauvage... triomphant du sang de quelque bête
Esau, de qui les ris, les jeux

Sentaient bien un tyran, un traître, un furieux,
Pour se faire cruel, ta jeunesse égarée

N'aimait rien que le sang et prenait sa curée
A tuer sans pitié les cerfs qui gémissaient,

A traverser les daims et les faons qui naissaient, etc.

(D'AUBIGNE. Tragiques. Les Princes.)

En évoquant en moi, à propos du livre de M. de La Ferrière, ces souvenirs poétiques d'un autre âge qui seront toujours mon plus cher souci, malgré la terrible prose du moment, je m'étais demandé si l'on ne pourrait pas ajouter aux livres de MM. Pichon, Chevreul, de Noirmont et de La Ferrière un chapitre intéressant intitulé : les Poëtes de la chasse au seizième siècle. En ce temps, poëtes et rois se saluaient parfois de la couronne; mais, à part les poemes de Gaucher et de Passerat, et les vers de Baïf, qui sont plus ou moins de commande, la moisson ne serait pas riche. Quel qu'il soit, le poète a toujours le cœur essentiellement inflammable et pitoyable. Son sentiment doit même déborder, puisqu'il chante. François Ier avait beaucoup su amener avec « sa bande » et des plus inconnus comme ce Desmiroirs qu'il avait à sa suite à Argentan, en 1517; ils signalent en passant « les grands bois et les cerfs, prompts à courir; » mais ce qu'ils apprécient le plus, c'est « le bon air, le bon vin et la bonne compagnie. A la chasse, ils tournent incessamment la tête vers les belles dames empanachées qui chevauchent sur leurs haquenées, et s'il fallait prendre un parti dans l'hallali, ils seraient du côté des victimes. Le grand Ronsard lui-même, qui certes n'était ni pleurard ni transi, ne dit-il pas, par la bouche de la sensible Callirée ;

Celui fut ennemi des déités puissantes,
Et cruel viola de nature les lois,

Qui le premier rompit le silence des bois
Et les nymphes qui sont dans les arbres naissantes.
Qui premier, de limiers et de meutes pressantes,
De piqueurs, de veneurs, de trompes et d'abois,
Donna par les forêts un passe-temps aux rois
De la course et du sang des bêtes innocentes?

Quant aux savants de la Pléiade, les plus didactiques mêlaient la pastorale à la grammaire. Ils chantaient les créatures de Dieu et ne cherchaient point à les détruire. Qui donc oserait abuser par un miroir trompeur et prendre en un traître filet cette gente alouette,

Qui, guindée par le zeffire,
Sublime, en l'er vire et revire
Et déclicque un si joli cri
Qui rit, quérit et tire l'ire

Des esprits mieux que je n'écri.

(J. PELETIER, du Mans.)

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Chercherons-nous un chasseur dans l'école de Marot? - Un seul nous répondra pour tous; ce sera Maurice Siève « le Lyonnois », le. blasonneur du « sourcil de beauté nompareille. »

Délie aux champs troussée et accoutrée,
Comme un veneur s'en allait ébattant;
Sur le chemin d'amour fut rencontrée,
Qui va partout jeunes amants guettant,
Et lui a dit, prés d'elle voletant:
Comment vas-tu sans armes à la chasse?

N'ai-je mes yeux, dit-elle, dont je chasse
Et par lesquels j'ai maint gibier surpris?
Que sert ton arc qui rien ne te pourchasse
Vu mêmement que par eux je t'ai pris ?

C'est ainsi que les poëtes et les savants comprennent la chasse, et c'est la seule à laquelle ils soient propres. Oui, les savants! M. de La Ferrière compte comme une conquête cynégétique le traité de vénerie que composa Budé pour plaire au roi François Ier. Mais il ne dit pas qu'à suivre la cour par complaisance, le pauvre Guillaume Budé gagna la fièvre dont il mourut, lui qui aimait, plus que le grec, son foyer domestique, sa femme et ses onze enfants. Cuique

suum.

Gustave LE VAVASSEUR.

LA NORMANDIE A L'ÉTRANGER

PAR LE COMTE DE LA FERRIÈRE-PERCY

1 vol. in-8. Aubry, 1873. Prix 10 fr.

Les livres de M. de La Ferrière sont toujours des bonnes fortunes pour les curieux; ils ne comprennent d'ordinaire que des docuinents inédits, et encore ces documents sont de premier choix. Le volume que nous venons de lire et dont nous ne pouvons parler que brièvement ici, concerne exclusivement la Normandie pendant les XVI® et XVII siècles tous proviennent d'archives étrangères et ont par conséquent un intérêt doublement important. C'est à l'Angleterre que M. de La Ferrière a fait cette fois ses emprunts.

Nous serions fort embarrassés pour faire un choix parmi ces trésors véritables: M. de La Ferrière a eu l'art de relier toutes ces pièces par un récit suivi des plus instructifs et des plus agréables à lire. Nous avons remarqué des pièces très-importantes sur les ambassades de La Boderie, que M. de La Ferrière, le premier, a fait connaître avec les détails que méritaient sa personne et sa mission. Les rapports de Montgommery avec la reine d'Angleterre, après la mort d'Henri II, sont des plus curieux. Nous signalerons aussi toutes les pièces relatives à Catherine de Médicis et aux opérations militaires tentées autour du Havre, occupé alors par les Anglais : le rôle tout à fait inconnu de Civille, célèbre seulement jusqu'ici par sa bravoure, et sa mort, suivie d'une résurrection des plus dramatiques, comme on sait. Ce volume est également riche en pièces nouvelles sur Henri IV et sa campagne en Normandie.

Un seul chapitre est consacré au XVIIe siècle, mais il n'est pas le moins digne d'examen : le rétablissement du parlement de Rouen, les intelligences des protestants normands avec l'Angleterre, l'anecdote de l'enlèvement de la fille d'un riche marchand huguenot, divers détails au sujet de Mézerai, pour ne citer que quelques documents, justifient mes éloges.

Une excellente table complète ce recueil en y rendant les recherches très-faciles. Nous espérons que bientôt M. de La Ferrière nous donnera un volume semblable sur le xvin siècle.

E. DE BARTHÉLEMY.

En vente aux prix marqués

A la Librairie d'Auguste AUBRY

BELLE COLLECTION DE

LIVRES RELATIFS A LA NORMANDIE

LA PLUPART RELIÉS PAR PETIT, RAPARLIER ET ANDRIEUX, PROVENANT DE LA BIBLIOTHÈQUE D'UN AMATEUR NORMAND

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-SUITE -

(Voyez les Bulletins des 15 février, 1er, 15 mars, fer, 15 avril, 1er et 15 mai, 1er-15 juin, 1er-15 août 1873.)

$485. ANNUAIRE administratif, statist. et Listor. du département de l'Eure. Evreux, Canu, 1862-68, 7 vol. in-18, br. (Publié à 3 fr. 50 le vol.)

9 >> Cont. I'histoire des communes, le mémorial des évêques, l'état des annoblis de Normandie, etc., etc.

6486. BAUDOT (Alph.). Le Registre de Mademoiselle. Paris, 1837, in-8, d.-rel.

3 50 La principale partie de cet ouvrage est une nouvelle intitulée: Port-Mort, village près des Andelys.

2 50

-6487. BAYEUX (Mémoires de la Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres de). Bayeux, 1859, in-8, br. de 540 pages. Portraits. (Tome V.) 6488. BESSIN (dom Guil.). Concilia Rotomagensis provinciæ. Accedunt diæcesane-synodi, pontificum epistola, regia pro Normanniæ clero diplomata, necnon alia ecclesiastica disciplinæ monumenta. Rotomagi, apud Franc. Vaultier, 1717, in-fol. v. gr. 35 »

Très-bel exemplaire.

6489. CAUMONT (de). Statistique monumentale de l'arrond. de Pontl'Evêque. Caen, Hardel, 1859, in-8, br. Nombr. fig. dans le texte. 7

6490. CHEVALIERS NORMANDS (les) en Italie et en Sicile; et consi

dérations sur l'hist. de la chevalerie, par Mme V. de C. (Victorine de Chastenay). Paris, Maradan, 1816, in-8, br..

4 »

6491. DEBONS (Eug.). Eros, poésies (avec notes). Rouen, 1868, in-18, pap. vergé, br.

2 »

6492. DELASALLE. Une Voie perdue. Réimpression des œuvres de Paul Delasalle. A Paris, chez Charpentier, 1847, gr. in-8 sur papier vélin. Portrait.

5 »

Paul Delasalle est né à La

Poésies. Charlotte Corday (notice en prose). Le Fédéralisme en Normandie. Excursion à Saint-Genéry-le-Géré. Haye-du-Puits (Manche).

6493. DES DIGUÈRES. Familles illustres de Normandie. Etude hist. et généalog. sur les Rouxel de Médavy-Grancey, dans les armées, à la cour, dans l'Eglise. Paris, Dumoulin, 1870, in-8, br. de 568 p. Portrait du maréch. de Grancey, gravé à l'eau forte.

6 »

6494. DIEPPE (Annuaire de l'arrond. de), par Béranger et J. Thieury, Dieppe, 1866, in-8, rel, en perc. 72 planches d'armoiries.

2 »

6495. DUMESNIL (Alexis). Histoire de l'esprit public en France, depuis 1789, des causes de son altération et de sa décadence. Paris, Pagnerre, 1840, in-8, br.

2 » 6496. DUMESNIL (L. Alexis Lemaistre), publiciste et historien, né à Caen. Mœurs politiques au XIXe siècle. Paris, Audin, 1830.-Deuxième partie. Paris, Desauges, 1830; en un vol. in-8, d.-rel. veau.

La deuxième partie contient la clef des noms cités.

6497. DU MONSTIER. Neustria pia, seu De omnibus et singulis abbatiis et prioratibus totius Normanniæ ; quibus extruendis, fundandis, dotandisque pietas neustriaca magnificentissime eluxit, et commendatur. Rothomagi, apud J. Berthelin, 1663, in-fol. v. br. 100 » Bel exemplaire dans sa première reliure, bien conservée.

6498. EURE. Dictionnaire des communes, hameaux, châteaux, etc., par A. Le Prévost. Evreux, Ancelle, 1837, in-12, br. (Envoi d'auteur au général Pelet.)

1 25

6499. FÉCAMP (Esquisses historiques sur), par C. Marette. Rouen, Périaux, 1839, in-18, br. Fig.

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6500. FORMIGNY DE LA LONDE. Documents inédits pour servir à

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