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COMPLETE S

DE

VOLTAIR E.

TOME VINGT-DEUXIEME.

DE L'IMPRIMERIE DE LA SOCIÉTÉ LITTÉRAIRE-

TYPOGRAPHIQUE.

1 7 8 5.

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DU SIECLE

D E

LOUIS XV.

CHAPITRE PREMIER.

Tableau de l'Europe après la mort de Louis XIV.

Nous avons donné avec quelque étendue une

idée du fiècle de Louis XIV, fiècle des grands hommes, des beaux arts et de la politeffe: il fut marqué, il est vrai, comme tous les autres, par des calamités publiques et particulières, inféparables de la nature humaine; mais tout ce qui peut confoler les hommes dans la misère de leur condition faible et périffable, femble avoir été prodigué dans ce fiècle. Il faut voir maintenant ce qui fuivit ce règne, orageux dans fon commencement, brillant du plus grand éclat pendant cinquante années, mêlé ensuite de grandes adverfités et de quelque bonheur, et finiffant dans une tristesse assez fombre, après avoir commencé dans des factions turbulentes.

Précis du Siècle de Louis XV.

A

Teftament de Louis XIV caffe.

Louis XV était un enfant orphelin. Il eût été trop long, trop difficile et trop dangereux d'affembler Sept. 1715. les états-généraux pour régler les prétentions à la régence. Le parlement de Paris l'avait déjà donnée à deux reines: il la donna au duc d'Orléans. Il avait caffé le teftament de Louis XIII: il caffa celui de Louis XIV. Philippe, duc d'Orléans, petit-fils de France, fut déclaré maître abfolu par ce même parlement qu'il envoya bientôt après en exil. (a)

(a) Après tous les abfurdes mensonges qu'on a été forcé de relever dans les prétendus mémoires de madame de Maintenon, et dans les notes de la Beaumelle, inférées dans son édition du Siècle de Louis XIV, à Francfort, le lecteur ne fera point furpris que cet auteur ait olé avancer que la grand' falle était remplie d'officiers armés fous leurs habits. Cela n'eft pas vrai ; j'y étais; il y avait beaucoup plus de gens de robe et de fimples citoyens que d'officiers. Nulle apparence d'aucun parti, encore moins de tumulte. Il eût été de la plus grande folie d'introduire des gens apoftés avec des piftolets, et de révolter les efprits qui étaient tous disposés en faveur du duc d'Orléans. Il n'y avait autour du palais où l'on rend la justice qu'un détachement des gardes françaises et fuiffes. Cette fable que la grand falle était pleine d'officiers armes fous leurs habits eft tirée des mémoires de la régence et de la vie de Philippe, duc d'Orléans, ouvrages de ténèbres imprimés en Hollande, et remplis de fauffetés.

L'auteur des mémoires de Maintenon avance que le préfident Lubert, le premier président de Maifons, et plufieurs membres de l'assemblée, étaient prêts de Je déclarer contre le duc d'Orléans.

Il y avait en effet un président de Lubert, mais qui n'était que préfident aux enquêtes, et qui ne se mêlait de rien. Il n'y a jamais eu de premier president de Maifons. C'était alors Claude de Mefmes, du nom d'Avaux, qui avait cette place; M. de Maisons, beau-frère du maréchal de Villars, était préfident à mortier, et très-attaché au duc d'Orléans. C'était chez lui que le marquis de Canillac avait arrangé le plan de la * régence avec quelques autres confidens du prince. Il avait parole d'être garde des sceaux, et mourut quelque temps après. Ce font des faits publics dont j'ai été témoin, et qui fe trouvent dans les mémoires manufcrits du maréchal de Villars.

Le compilateur des mémoires de Maintenon ajoute à cette occafion que dans le traité de Rastadt, fait par le maréchal de Villars et le prince Eugene, il y a des articles fecrets qui excluent le duc d'Orléans du trône. Cela

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