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ROBERT.

ROBERT parvient à la couronne l'an 996, âgé d'environ vingt-cinq ans. Il était né à Orléans, ou il reçut le baptême, et où il fut couronné.

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996-97, etc.

OBERT, qui tenait toujours Arnoul, archevêque de Reims, prisonnier, lui rend la liberté, et le laisse jouir de son archevêché, espérant, par cette complaisance, faire confirmer à Rome son mariage avec Berthe, sa parente, qu'il avait épousée sans dispenses. Gerbert, dépouillé de son archevêché, se retira auprès de l'empereur Othon; il devint ensuite archevêque de Ravennes, et finit par être pape sous le nom de Silvestre II.

Robert ne peut faire approuver par le pape son mariage avec Berthe. Grégoire V, dans un concile tenu à Rome en 998, déclara le mariage nul, et faute par eux de se séparer, les excommunia, aussi bien qu'Archambaud, archevêque de Tours, qui les avait mariés. Robert refusa d'obéir. Tous les évêques qui avaient eu part au mariage, vont à Rome faire satisfaction au pape; les peuples et les courtisans mêmes se séparent du roi, et ceux qui sont obligés de le servir font passer par le feu toutes les choses qu'il avait touchées, pour les purifier. Robert obéit enfin, renvoie Berthe, et épouse, peu de temps après (l'an 1000), Constance, fille de Guillaume, comte de Provence et d'Arles.

L'empereur Othon III érige la Pologne en royaume en faveur de Boleslas, prince de Pologne, en même temps que le pape érige aussi la Hongrie en royaume en faveur d'Étienne, duc de Hongrie.

Crescent, consul de Rome, ayant fait, vers le même temps, élire pour pape, sous le nom de Jean XVII, un Grec fort riche, nommé Arnolphe Arbacius, au préjudice de Grégoire V, qui fut obligé de sortir de Rome, l'empereur Othon III l'y ramena; Crescent fut assommé, et on pendit l'antipape après lui avoir crevé les yeux.

1001-2, etc.

Henri, duc de Bourgogne, frère de Hugues-Capet et oncle de Robert, meurt sans laisser d'enfants légitimes, et laisse son duché au roi. Ce don est contesté par Landri, comte de Nevers, et par un fils d'Adalbert, premier mari de la femme de Henri, duc de Bourgogne. Robert, aidé de Richard, duc de Normandie, les contraint de se soumettre, réunit ce duché à la couronne, en investit Henri, son second fils, qui, depuis, étant devenu roi, le céda à Robert, son cadet : ce Robert est le chef de la première branche royale des ducs de Bourgogne, qui dura près de trois cent soixante ans, jusqu'à ce qu'en l'an 1361, ce duché fut réuni à la couronne

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par le roi Jean, qui le donna à son quatrième fils, Philippe-le-Hardi, chef de la deuxième maison de Bourgogne: celle-ci finit en la personne de Charlesle-Téméraire, tué devant Nanci en 1477.

On n'est point étonné de ne pas voir de lettres de création de pairies des anciens pairs, par la raison qu'ils se l'étaient faits eux-mêmes; on voit, au contraire, les lettres de pairies données à Philippe-leHardi, chef de la seconde maison de Bourgogne, parce que son père, le roi Jean, le créa pair de ce duché. Pourquoi donc ne trouve-t-on pas, par la même raison, les lettres de Henri, duc de Bourgogne, puisqu'il ne fut duc que par le don que Robert, son père, lui fit de la duché-pairie de Bourgogne, ou du moins celles que donna ce même Henri, lorsqu'étant devenu roi, il céda la Bourgogne à Robert, son cadet?

Saint Romuald commença vers l'an 1009 à bâtir le monastère des Camaldules en Italie.

Mort d'Othon III sans enfants, à l'âge de vingtneuf ans. Le décret qu'il rendit pour que les empereurs ne fussent plus élus désormais que par les seuls Germains, qui ne pourraient choisir qu'entre les princes de la nation germanique, délivra l'Italie de ces petits tyrans qui usurpaient tour-à-tour le titre d'empereur.

Edit de l'empereur Henri II, rendu à la prière du pape, pour donner force de loi dans l'empire au décret fait à Pavie : on y avait décidé que les clercs n'auraient ni femmes ni concubines, et que les enfants des clercs seraient serfs de l'église dans laquelle leurs pères serviraient, quoique leurs pères fussent libres. Cette interdiction des concubines aux clercs, prouve qu'elles n'étaient pas telles qu'on les entend aujourd'hui, puisque la loi de Dieu qui les défend à tous les chrétiens aurait suffi.

Cette matière est trop curieuse pour que je ne l'étende pas autant que cet ouvrage le permet, en rapportant un passage de Giannone, qui en donne une idée générale. « Quelques écrivains ont cen>> suré la disposition des lois qui permettent le con» cubinage, et qui défendent seulement d'avoir en >> même temps une femme et une concubine: mais >> on ne sera point surpris de ces lois, si l'on consi>> dère que chez les Romains, le concubinage était » une union légitime, non seulement tolérée, mais >> encore autorisée; c'est pourquoi on lui donnait le » nom de demi-mariage, semi-matrimonium, et à >> la concubine celui de demi-femme, semi-conjux. >> On pouvait avoir une femme ou une concubine, » pourvu qu'on n'eût pas les deux en même temps. >> Cet usage continua depuis que, par l'entrée de >> Constantin-le-Grand dans l'Église, les empe

»reurs furent chrétiens. Constantin mit bien un
» frein au concubinage, mais il ne l'abolit pas, et il
> fut conservé, pendant plusieurs siècles, chez les
> chrétiens; on en a une preuve bien authentique
» dans un concile de Tolède, qui ordonne que cha- |
> cun, soit laïc, soit ecclésiastique, doive se con-
» tenter d'une seule compagne, ou femme ou con-
» cubine, sans qu'il lui soit permis de tenir ensem-
ble et l'une et l'autre.... Cet ancien usage des
> Romains se conserva en Italie, non seulement
> chez les Lombards, mais depuis encore, quand❘
› les Français y établirent leur domination. Quel- |
» ques autres peuples de l'Europe regardaient aussi
» le concubinage comme une union légitime: Cujas
℗ assure que les Gascons et d'autres peuples voi-
» sins des Pyrénées n'y avaient pas encore renoncé
» de son temps. » Ce serait bien là la matière d'une
dissertation, que je propose à quelqu'un de plus
instruit que je ne le suis.

1022, etc.

Manichéens découverts dans la ville d'Orléans
ù le roi et la reine se transportèrent avec plu-
Seurs évêques, pour arrêter le cours des erreurs
qtune femme venue d'Italie avait répandues dans
cete ville: plusieurs hérétiques y furent brûlés.
La monie était alors montée à un tel point, que
les é êchés entraient dans les conventions matri-
monides, et qu'on les assignait pour douaires; et
la discoline tellement oubliée, que l'on conférait
des évêhés à des enfants, et que l'on mit un pape
qui n'étát àgé que de dix-huit ans.

Célèbreentrevue à Yvoie, de Robert et de l'em-
pereur Heri II, dit le Saint, qui n'avait eu d'a-
bord que le itre de roi de Germanie, et qui ne prit
celui d'empereur qu'après avoir été couronné à
Rome: ces deux princes prévenus d'estime l'un
pour l'autre, e également zélés pour la religion
et pour la paix, y concertèrent les moyens d'en-
tretenir l'union cans l'Eglise et dans leurs états.

Helgaud, moine de Fleuri, raconte, dans la vie
de ce roi, que pour empêcher que ses sujets ne tom-
bassent dans le parjure, et n'encourussent les pei-
nes qui en sont la sure, il les faisait jurer sur un
reliquaire dont on avait pris la précaution d'ôter
les reliques; comme si l'intention ne faisait pas
le parjure! mais alors on ne raisonnait pas mieux
que cela.

1026-7, etc.

Robert ayant perdu son fils aîné Hugues, qu'il
avait fait couronner à Compiègne en 1017, fait cou-
ronner à Reims son second fils Henri I, malgré les
intrigues de la reine Constance, qui aurait voulu
le porter à préférer Robert, son fils cadet.

Environ ce temps, le nom des Normands com-
mence à se rendre fameux en Italie. Ce pays était

alors partagé entre les empereurs d'Orient et d'Oc-
cident, excepté la partie méridionale, qui était
remplie de petits princes grecs, lombards et ita-
liens, trop voisins pour être d'accord, et sans cesse
inquiétés d'ailleurs par les Sarrazins, leurs com-
muns ennemis, qui régnaient dans l'Afrique, et
qui s'étaient emparés de la Sicile. Quarante Nor-
mands revenant de la Terre-Sainte, abordèrent en
Italie précisément dans le moment que les Sarra-
zins attaquaient la ville de Salerne; leur courage
seul délivra cette place, que le duc Gaimar ne pou-
vait plus défendre, et les Sarrazins furent taillés
en pièces. Contents de la gloire de cette entreprise,
les Normands refusèrent les établissements qu'on
leur offrait dans la Pouille, et ils retournèrent en
Normandie; mais le bruit de leur valeur les y
suivit, et la reconnaissance des Italiens, qui s'é-
excita
tait signalée par de magnifiques présents,
dans le cœur de leurs compatriotes le désir de se
faire connaître par de semblables exploits : ce fut
dans ces circonstances que les fils de Tancrède de
Hauteville résolurent de passer en Italie, et que,
par un de ces événements presque uniques, de sim-
ples particuliers fondèrent un empire florissant.
Tancrède avait été marié deux fois; il eut douze
enfants, qui devinrent autant de paladins, dont le
nom remplit l'univers, et qui ont donné l'air de la
fable à ce moment de l'histoire. Guillaume, sur-
nommé Bras-de-fer, Drogon et Onfroi, furent les
trois premiers comtes de la Pouille; Robert Guis-
card fut duc de la Pouille et de la Calabre; il eut
pour fils Bohemond, père de Tancrède; et Roger,
le plus jeune de tous les frères, s'empara de la
Sicile, et en établit la monarchie vers l'an 1129:
les deux Siciles furent réunies dans la personne
de Roger II, son fils. Ses successeurs furent Guil-
laume I, Guillaume II, Tancrède, bàtard de
Roger II, et enfin Guillaume, son fils, à qui
l'empereur Henri VI fit crever les yeux, pour
s'emparer de ces deux royaumes, aux droits de
sa femme Constance, fille de Roger II. Tels fu-
rent les souverains de Naples et de Sicile, qui,
après avoir chassé du continent de l'Italie les Grecs
et les Sarrazins, et avoir accru leur puissance
des domaines pris sur les Lombards et sur des
seigneurs particuliers, y précédèrent les empe-
reurs de la maison de Souabe, dont la domination
passa à la maison d'Anjou.

Robert était un prince savant pour son temps,
humain et débonnaire. Il composa plusieurs hym-
nes que l'on chante encore à l'église. Il avait
commencé l'église de Notre-Dame sur les ruines
d'un temple consacré à Jupiter par les bateliers
de Paris, sous l'empire de Tibère. Il avait fait
plusieurs pélerinages, entre autres à Rome,
vers l'an 1016 ou 1020. Il avait refusé l'empire et
le royaume d'Italie que les Italiens lui offraient.

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HENRI I.

HENRI I parvient à la couronne le 20 juillet 1031, âgé d'environ vingt-sept ans. Il avait été sacré et couronné à Reims, du vivant de son père,

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Eudes, comte de Champagne, est tué dans un combat où le duc de Lorraine est vainqueur. Cette guerre fut excitée au sujet de la succession du royaume de Bourgogne, qui était composé d'une bonne partie de la Provence, du Dauphiné entier, du Lyonnais, de la Bresse, du Bugey, et de tout le reste du pays, qui s'étend jusqu'au mont Saint-Claude. Ce royaume, dit le second royaume de Bourgogne, prit fin par la mort de Rodolphe III, décédé sans enfants en 1033. Il fit son héritier l'empereur Conrad II, dit le Salique. Conrad réunit à l'empire ce qu'il put de ce royaume; ce qui fait qu'encore aujourd'hui le bord du Rhône, du côté du Dauphiné et de la Provence, s'appelle terre de l'empire: le reste fut démembré; et des débris de ce royaume se formèrent les comtés de Provence, de Bourgogne, de Viennois et de Savoie.

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loi qui défendait les combats particuliers depuis le mercredi au soir jusqu'au lundi matin, pour le respect que l'on doit à ces jours que JésusChrist a consacrés par les derniers mystères de sa vie. L'autorité royale et ecclésiastique n'en pouvait pas faire davantage alors, pour empêcher les sujets de se détruire.

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1047-8-9-50, etc.

Guillaume-le-Bâtard, fils de Robert le Diable, qui était mort dès l'an 1035, en revenant de la Terre-Sainte, avait succédé à son père dans le duché de Normandie; la possession lui en avait été disputée par plusieurs seigneurs descendants des ducs de Normandie. Henri I, incertain du parti qu'il devait prendre, et tenté de profiter de ces troubles, fut cependant arrêté par la considé ration des promesses qu'il avait faites à Robert de protéger son fils, et finit par l'aider à gagner la bataille du Val-des-Dunes, où Henri courut risque de la vie. Un nouveau prétendant, nommé Guillaume d'Arques, fils de Richard II, duc de Normandie et cousin de Robert le Diable, se présenta à son tour, et fut secouru par Henri I, qui commençait à être jaloux de la puissance de Guillaume-le-Bâtard; mais Guillaume triompha vers l'an 1047 de ce nouvel ennemi. Guillaume fut surnommé depuis le Conquérant, parce qu'il conquit l'Angleterre, où saint Edouard l'avait appelé pour lui succéder.

Première hérésie sur la réalité dans le SaintSacrement, par Berenger, archidiacre d'Angers

1056-7-8-9-60.

L'empereur Henri III meurt: il avait fait déclarer son fils Henri IV, âgé de trois ans, roi des Romains et son successeur à l'empire, par le consentement des seigneurs assemblés à Tribur en 1054. Si l'empire n'était pas héréditaire, comment aurait-on fait choix d'un enfant de trois ans? mais s'il était héréditaire, il n'y aurait pas eu d'élection; serait-ce qu'à la vérité les seigneurs étaient en droit d'élire, mais que leur choix était fixé à la famille régnante? serait-ce enfin que l'empereur, en ménageant la prétention des électeurs, se servait de son pouvoir pour faire élire son héritier?

Les empereurs commencent à être élus rois des Romains avant d'être élus empereurs. La cause de la distinction de ces deux titres pouvait être le désir qu'avaient les empereurs de perpétuer l'empire dans leur maison; et comme sous le Bas

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