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cule, plusieurs en sont pourtant susceptibles à leur insçu. La guerre, fut elle entreprise par des vues personnelles, donne toujours quelques unes des jouissances de l'enthousiasme; l'enivrement d'un jour de bataille, le plaisir singulier de s'exposer à la mort, quand toute notre nature nous commande d'aimer la vie, c'est encore à l'enthousiasme qu'il faut l'attribuer. La musique militaire, le henissement des chevaux, l'explosion de la poudre, cette foule des soldats revêtus des mêmes coûleurs, émues par le même desir, se rangeant autour des mêmes bannières, font éprouver une émotion qui triomphe de l'instinct conservateur de l'existence; et cette jouissance est si forte que ni les fatigues, ni les souffrances, ni les perils ne peuvent en deprendre les ames. Quiconque a vécu de cette vie n'aime qu'elle. Le but atteint ne satisfait jamais; c'est l'action de se risquer qui est nécessaire, c'est elle qui fait passer l'enthousiasme dans le saug; et quoiqu'il soit plus pur au fond de l'ame, il est encore d'une noble nature lors même qu'il a pu devenir une impulsion presque physique.

"On accuse souvent l'enthousiasme sincère de ce qui ne peut être reproché qu'à l'enthousiasme affecté; plus un sentiment est beau, plus la fausse imitation de ce sentiment est odieuse. Usurper l'admiration des hommes est ce qu'il y a de plus coupable, car on tarit en eux fa source des bons mouvements en les faisant rougir de les avoir éprouvés. D'ailleurs rien n'est plus penible que les sons faux qui semblent sortir du sanctuaire même de l'ame; la vanité peut s'emparer de tout ce qui est extérieur, il n'en résultera d'autre mal que de la prétention et de la disgrace; mais quand elle se met à contrefaire les sentiments le plus intimes il semble qu'elle viole le dernier asile où l'on espéroit lui echapper. Il est facile cependant de reconnoître la sincerité dans l'enthousiasme; c'est une melodie si pure, que le moindre désaccord en detruit tout le charme; un mot, un accent, un regard expriment l'émotion concentrée qui repond à toute une vie."

"Fontenelle disoit : J'ai quatre vingts ans, je suis Français, et je n'ai pas donné dans toute ma vie le plus petit ridicule à la plus petite vertu. Ce mot supposoit une profonde connoissance de la societé. Fontenelle n'étoit pas un homme sensible, mais il avoit beaucoup d'esprit; et toutes les fois qu'on est doué d'une supériorité quelconque, on sent le besoin du serieux dans la nature humaine. Il n'y a que les gens médiocres qui voudroient que le fond de tout fut du sable, afin que nul homme ne laissât sur la terre une trace plus durable que la leur."

"L'on voit aussi des jeunes gens ambitieux de paroître détrompés de tout enthousiasme affecter un mépris réfléchi pour les sentiments exaltés; ils croient montrer ainsi une force de raison précoce; mais c'est une décadence prématurée dont ils se vantent. Ils sont pour le talent comme ce vieillard qui demandoit si l'on avoit encore de l'amour. L'esprit dépourvu d'imagination prendroit volontiers en dédain même la nature, si elle n'etoit pas plus forte que lui."

"Quelques raisonneurs prétendent que l'enthousiasme dégoûte de la vie commune, et que ne pouvant pas rester toujours dans cette disposition, il vaut mieux ne l'éprouver jamais; et pourquoi donc ont ils accepté d'etre jeunes, de vivre même, puisque cela ne devoit pas toujours durer? Pourquoi donc ont ils aimé, si tant est que cela leur soit

jamais arrivé, puisque la mort pouvoit les séparer des objets de leur affection? Quelle triste économie que celle de l'ame! elle nous a été donnée pour être développée, perfectionnée, prodiguée même dans un noble but.

"Plus on engourdit la vie plus on se rapproche de l'existence matérielle, et plus l'on diminue, dira-t-on, la puissance de souffrir. Cet argument séduit un grand nombre d'hommes, il consiste à tâcher d'exister le moins possible."

Thus terminates a work, which for variety of knowledge, flexibility of power, elevation of view, and comprehension of mind, is unequalled among the works of women; and which, in the union of the graces of society and literature with the genius of philosophy, is not surpassed by many among those of men.

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ORIGINAL.

BIOGRAPHICAL AND CRITICAL SKETCH

OF

FISHER AMES.

FISHER AMES was born April 9th, 1758, at Dedham, a village of Massachusetts, about nine miles south of Boston. He sprung from a family, which, although little distinguished by wealth or public honours, was one of the oldest in Massachusetts, and traced his descent in the paternal line from that celebrated calvinistic divine, the Rev. William Ames,* whose widow and children emigrated to New England in 1634. Mr. Ames's father was a physician sufficiently respectable both in character and attainments, who seems to have possessed in an uncommon degree that singular versatility of talent, and fertility of resource, which characterize the genuine New-England man. He resided and pursued his profession at Dedham, but finding the practice which that village afforded insufficient for his support, he increased his income by keeping a tavern; to which two professions he soon added a third, apparently equally incongruous, by the annual publication of an almanac, which he continued for nearly forty years, and which finally acquired great currency and reputation throughout all the eastern colonies. Fisher Ames was the youngest of five children. Dr. Ames died in 1764, leaving him, then in his sixth year, to the care of his mother, an intelligent and industrious woman, whose maternal fondness, or well judging partiality, induced her to determine, in spite of the difficulties and privations of her situation, to culti vate the talents of this her favourite child, by a liberal education. With this view, she resolved to keep up the public house which had been established by her husband, and by attention to that business, united to great diligence and economy, she finally suc

• Author of the Medulla Theologie, and several other traets of scholastic and controversial divinity, of high repute in their day.

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