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loir faire cet examen de madame Guyon, qu'on est éloigné de vouloir que je le fasse. Je serais le premier à la réprimer et à la condamner, si elle voulait, dans les lieux où j'aurais l'autorité, passer les bornes que l'Église donne à son sexe. J'ai déclaré au pape que les livres sont censurables: mais quand même ils ne le seraient pas, je voudrais, pour l'autorité de l'épiscopat, empêcher qu'on n'ébranlât les censures de mes confrères. Voilà tout mon entêtement; voilà l'unique fondement sur lequel des gens de bien, qui se disent mes amis, ne font point de scrupule de me traiter de fanatique. Quand même je serais effectivement trop prévenu en faveur de madame Guyon, pourvu qui je voulusse qu'elle demeurât dans le silence et dans la soumission aux pasteurs, devrait-on faire contre moi tout le scandale qu'on a causé? Ceux qui l'ont fait en rendront compte à Dieu. La crainte d'une chimère pour l'avenir leur fait faire un mal présent, et plus grand que celui qu'ils craignent. Je ne veux regarder dans tout ceci que la main de Dieu, et point celle des hommes.

Je défendrai mon livre à Rome, en y envoyant mes explications si on refuse de les faire paraître ici, et j'y enverrai aussi les preuves, tirées tant des Pères que des autres saints. J'espère de la bonté du roi qu'il me laissera la liberté de me justifier à Rome; et j'espère aussi que le pape, loin de me condamner sans m'entendre, laissera mon livre sans tache, s'il est bon, ou le fera corriger, s'il n'a besoin que de quelques correctifs; ou du moins ne le condamnera qu'après que la matière en aura été traitée à fond. On verra alors quelle sera ma soumission pour son jugement.

tances présentes, suspecte et honteuse. Je dirai hautement que je me suis trompé, puisque le saint-siége condamne le principe fondamental de tout mon système.

Si le pape juge que le fond du système est vrai, mais qu'il est nécessaire d'y ajouter encore de nouveaux éclaircissements, et des correctifs plus forts ou plus fréquemment répétés, j'y satisferai suivant ses intentions. S'il trouve que mon livre, tel que je le lui enverrai, est hors d'atteinte, et ne laisserien à désirer contre le quiétisme; en un mot, s'il me laisse la liberté de le faire réimprimer en cet état, je conjurerai mes confrères les plus zélés de ne s'opposer pas à ce que le saint-siége m'aura permis. Ainsi tout finira en paix, quelque décision que je reçoive; et en attendant cette décision, il ne sera plus question de rien entre nous ici. Ceux qui aiment la paix sont obligés en conscience à prendre ce parti, et à le conseiller fortement, plutôt que de faire un horrible scandale. Ceux qui sont passionnés ou prévenus, jusqu'à rejeter un tel parti pour pousser les choses à l'extrémité, ne peuvent en conscience être ni crus ni écoutés par ceux qui agissent selon Dieu.

Je finis, monseigneur, par où j'ai commencé, c'està-dire par vous protester que je n'ai que des remerciments tendres et respectueux à vous faire. Je sens vos bontés dans tout ce que vous pouvez, et votre peine dans tout ce que vous ne pouvez pas. Je reçois vos conseils comme vous me les donnez, par rapport aux conjonctures. Je n'aurais à me plaindre de personne, si tout le monde vous ressemblait, ou si vous pouviez modérer les autres .

68. A L'ABBÉ DE CHANTERAC.

personnes.

Versailles, samedi 22 juin (1697).

Enfin, si on ne veut point me laisser réimprimer Il le prie de communiquer ses Éclaircissements à diverses mon livre avec les éclaircissements qu'on m'a tant demandés, et que nous avions arrêtés dans notre dernière conférence, que je donnerais au plus tôt, je ne me plaindrai point de ce qu'on vous empêche de suivre le plan arrêté entre nous; je me contenterai, monseigneur, d'un expédient très-simple et très-pacifique. J'enverrai au pape mon livre manuscrit, avec mes additions pour l'éclaircir sur tous les points qui font de la peine, et avec des marques pour distinguer tout ce qui est ajouté, d'avec l'ancien texte, qui sera rapporté fidèlement tout entier; après quoi j'attendrai en paix, et on n'aura plus ici aucun besoin de s'inquiéter. Si le pape juge que le fond de la doctrine de mon livre est mauvais, après son jugerient j'aurai une autorité suffisante pour me soumettre en conscience. Alors je me rétracterai ouverte ment, et ma rétractation simple sera aussi édifiante que ma rétractation déguisée serait, dans les circons-juin, ci-après.

Je vous supplie, mon cher abbé, de montrer, si vous ne l'avez déjà fait, mes dix-neuf demandes 1 à M. Tronson et au père de Valois. Il faut aussi les montrer à M. le Merre : mais il ne faut pas les changer sans de grandes raisons; autrement nous serions sans cesse à retoucher, et nous ne finirions rien, ce qui serait un plus grand inconvénient que les défauts particuliers de l'écrit. Quand vous verrez quelque chose qui méritera un changement, faite-le sur-le-champ sans me le demander, et sans attendre une réponse; car il faut se håter. Quand, 1 Ce sont les vingt Questions proposées à Bossuet. Il n'est ici mention que de dix-neuf Questions, parce que la vingtième fut ajoutée après coup, comme on le voit par la comparaison des diverses copies, et par la lettre de Fénelon du 25

au contraire, vous verrez des observations qui ne seront pas nécessaires, vous pouvez alléguer la raison de mon absence, et l'engagement où vous êtes de donner au plus tôt l'écrit à M. de Beaufort pour M. l'archevêque de Paris. J'ai oublié de vous dire qu'il y a un homme auquel il est très-pressé de donner mon Éclaircissement : c'est M. l'évêque d'Amiens ; il a grande envie de le voir. Il part lundi ou mardi prochain. Je lui ai promis l'Éclaircissement avant son départ, et c'est un ami que je ne dois pas négliger. Il l'aura bientôt lu. Il faudrait aussi lui communiquer les Demandes, afin qu'il pût rendre le tout avant son départ. Je suppose que M. l'abbé de Maulevrier a eu la bonté d'envoyer mon Éclaircissement à l'archevêché.

Pour M. l'évêque de Chartres, il ne faut pas se håter de lui montrer l'Éclaircissement. Je voudrais que M. Tronson, le père de Valois et quelques docteurs le vissent auparavant. C'est pourquoi il faut se presser, et ae perdre pas un moment. Je voudrais aussi que M. le Merre, s'il le trouve bon, en conferât au plus tôt avec M. Boileau.

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Il lui donne diverses instructions sur l'affaire présente.
A Versailles, 24 juin (1697).

Je vous conjure, mon cher abbé, de ne perdre pas un moment pour M. d'Amiens, qui aurait raison d'être surpris que je ne lui eusse point communiqué mon Éclaircissement avant son départ.

Je suppose que vous avez eu la bonté de donner l'Éclaircissement au père de Valois, pour lui et pour ses docteurs. Il paraît, par les choses que vous me mandez, que M. de Chartres avoue que le motif spécifique et le motif intéressé ne sont pas la même chose, en sorte qu'on peut espérer sans aucun intérêt. Ce point seul devrait lui décider toutes les difficultés de mon livre: mais je ne compte pas qu'il sache ni demeurer ferme dans le principe, ni l'apPour vous soulager dans les révisions, ne pour-pliquer au détail des endroits qui le scandalisent. riez-vous pas vous aider de ce M. de la Vergne dont | Je voudrais bien que les bonnes têtes eussent toutes vous m'avez parlé, et que j'ai vu? Vous éprouveriez par là le fond de son esprit, et de quoi il est capable. Vous ferez là-dessus ce que vous jugerez à propos.

Il faut inculquer à M. de Chartres que je veux bien rendre compte à M. de Meaux comme à mon confrère, mais par écrit seulement, et à condition qu'il écrira de son côté comme moi du mien, et que nous serons en maisons séparées. Pour l'examen de mes explications, je ne puis consentir qu'on lui en fasse aucune part, et je finirai tout dès que j'apercevrai qu'on veut me faire compter avec lui. Pour le fond de mes sentiments et de mes explications, je veux essuyer la critique la plus rigide des docteurs. Vous voyez bien, mon cher abbé, que la fermeté fait mieux qu'une conduite timide, et accommodante à la hauteur des autres. Mandez-moi, si vous en avez le temps, des nouvelles de M. Tron

son.

Il faudra donner les Demandes à M. de Beaufort pour M. de Paris, tout le plus tôt que vous le pourrez. Pardon de tant de peines; Dieu seul peut vous en tenir bon compte.

Je suppose que M. de Toul3 verra l'Éclaircisse

Nous pensons que cet Éclaircissement, dont Fénelon parle encore dans plusieurs des lettres suivantes, est une pièce manuscrite que nous avons entre les mains, sous ce titre : Éclaircissement qui servira de première partie au livre des Maximes. 2 Henri Feydeau de Brou, nommé en 1687, mort en 1706. 3 Henri de Thiard de Bissy, transféré à Meaux en 1704.

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senti la vérité de mon Éclaircissement, et le dénoûment général qu'il donne naturellement à tout mon livre, avant que d'entrer en discussion avec M. de Chartres. C'est par cette raison que je demeurerai ici le plus longtemps que je pourrai. Je m'en retournerai néanmoins quand il le voudra; mais il est bon de lui représenter l'inutilité de commencer, avant que d'avoir un certain nombre de copies au net. M. le Merre pourra, en attendant, conférer avec M. Boileau; et, d'un autre côté, les docteurs du père de Valois pourront examiner.

Pour ce qui est d'un livre qui ne fasse aucune mention favorable du premier, c'est ce que je ne ferai jamais. Il faudrait en même temps me démettre de l'archevêché de Cambrai. Ce serait me déshonorer sans ressource, de peur de fâcher M. de Meaux; ce serait un aveu tacite de mon erreur, qui aurait des apparences de l'abjurer de mauvaise foi, et par crainte, à l'extrémité. On ne devrait plus se fier à moi, loin de s'en servir pour faire de grands biens. Que répondrais-je à ceux qui parleraient? Si j'avouais que mon livre était faux, je trahirais ma conscience. Si au contraire je disais qu'il est bon, on le redirait au public, et on recommencerait le scandale. Il ne reste qu'à me rétracter ouvertement, si mon système entier est faux, ou qu'à m'expliquer d'une manière claire et précise, pour montrer le sens incontestable de mon livre. Tout autre parti est contraire à la conscience, à l'honneur de ma

place, et à tous les biens que je puis faire. Ils peu- | de voir avant son départ, à cause de l'extrême peine vent choisir de ne me laisser justifier mon livre qu'avec toutes sortes de tribulations, ou de me le laisser justifier en paix, et de concert avec les gens que le roi a agréés: mais, pour la justification, je ne puis en rien relâcher. Quand on voudrait me laisser à la cour, dans la situation où j'y suis, sans justification, je la quitterais sans balancer, plutôt que de laisser les choses douteuses. Dites, je vous conjure, tout ceci à M. Tronson. Dieu, qui voit votre cœur, mon cher abbé, voit aussi le mien. Je ressens toute votre amitié, et la mienne est au comble: in ipso tamen propter ipsum.

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A Versailles, 25 juin (1697).

que j'ai à affliger un si bon ami. Il ne me coûterait rien, par rapport aux livres de madame Guyon, de redire dans un mandement ce que j'ai déjà dit au pape; mais l'état où l'on m'a mis demande une conduite ferme, sans bassesse et sans affectation. Je n'apaiserai point par là le parti que M. le Merre veut apaiser. La cour ni les prélats ne me le demandent point. Quand je l'aurai fait dans l'extrémité où je suis, en répétant ce que j'ai dit au pape, on ne m'en tiendra aucun compte : ce sera une démarche empressée faite à pure perte. On ne me chicanera pas moins sur l'explication de mon livre. Si, au contraire, je puis finir pour l'explication de mon livre, et me tirer de presse, alors tout ce que je ferai et que je dirai aura un air de liberté qui pourra persuader le public.

Pour M. de Chartres, évitez, tant que vous le Je crois, mon cher abbé, qu'il faut donner mes pourrez, qu'il me presse de retourner à Paris; car Demandes à M. de Chartres. Pour mon Éclaircis-je voudrais bien que M. Tronson, le père de Valois,

sement, je voudrais bien savoir qui est-ce qui le lui a communiqué. Est-ce M. Tronson? ne pouvezvous pas le demander à celui-ci? Serait-ce M. de Paris? Ceux à qui je confie mon écrit ne devraient pas le confier à d'autres sans mon consentement. Puisque M. de Chartres lit mon Éclaircissement, il vaut mieux le lui donner de bonne grâce. Mais parlez-en à M. Tronson, et faites tout de concert avec lui. Ne vous fiez pas à la persuasion apparente de M. de Chartres; car j'ai peine à croire qu'il n'y ait quelque mystère caché entre lui et M. de Meaux. M. Tronson vous dira peut-être les précautions à garder. Je vous envoie une vingtième Demande, qu'il me paraît à propos de joindre aux autres, et qui fait une des clefs générales de tout mon livre: on peut la mettre la dernière.

Je voudrais bien que vous pussiez faire entendre à M. le Merre que les gens à qui j'ai affaire triomphent de tous les pas que je fais vers eux, et qu'ils ne se rapprochent en rien de moi pour mes avances. Ils les donnent même au public comme des marques de ma faiblesse. Un mandement dans le temps présent, paraîtrait affecté ; on le regarderait comme une chose forcée et point sincère. Mon affaire est en chemin de finir sans cela. Si elle finit sans cela, elle finira mieux; et alors je pourrai prendre les occasions naturelles de faire quelque chose qui soit plus propre à persuader le public, en ce qu'il sera fait en pleine liberté. Si vous pouviez faire entrer M. le Merre dans cette vue, vous me tireriez d'un grand embarras; car M. le Merre, persuadé, persuaderait l'abbé de Maulevrier, que je vois peiné contre moi jusqu'au fond du cœur sur ce mandement, et que je crains

eus

les docteurs, et M. le Merre avec M. Boileau,
sent bien examiné auparavant mon Éclaircissement
et mes Demandes. Je voudrais gagner jusqu'à la fin
de la semaine, et en attendant répandre sans cesse
les Demandes partout, et l'Éclaircissement chez
les personnes qui peuvent entrer utilement dans
l'affaire. Je vous supplie, mon cher abbé, de voir
M. l'évêque de Coutances', qui est un très-bon pré-
lat, et qui s'est déclaré pour mon livre; il faudra
lui communiquer l'Éclaircissement. M. Tronson
pourrait en faire part à M. Baudran et à M. le curé
de Saint-Sulpice.

Dieu vous tiendra compte des peines que vous prenez pour moi. Je ne veux que lui, et je ne crains que de vouloir quelque autre chose : minus enim te amat, etc. C'est en lui que vous m'êtes infiniment cher, et que je vous conjure de m'aimer toujours. 71. AU MÊME.

Sur le même sujet.

A Versailles, 27 juin (1697). Je crois comme vous, mon cher abbé, qu'il faut donner l'Éclaircissement à M. de Chartres; les autres doivent en avoir beaucoup avancé l'examen. Vous aurez déjà vu M. Tronson, et il se serà apparemment ouvert à vous sur les dispositions du prélat, ou du moins sur ce qu'il croit à propos que nous fassions vers lui. Il faut toujours demander qu'on ne montre point l'Éclaircissement à M. de Meaux. Ils manqueront apparemment de parole làCharles-François de Loménie de Brienne, sacré en 1668,

mort en 1720.

72.

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AU MÊME.

de son Éclaircissement.

A Versailles, 28 juin (1697).

M. l'archevêque de Paris me demande, mon cher abbé, des copies de mon Éclaircissement, pour les docteurs qu'il veut consulter. Envoyez-lui-en quelques-unes tout le plus tôt que vous le pourrez. Je suppose que les copistes continuent à en faire. M. de La Vergne ne pourrait-il pas revoir les exemplaires du livre avec les additions, afin qu'on puisse les donner après l'Éclaircissement? Je voudrais bien que vous pussiez préparer l'abbé de Maulevrier à laisser là le mandement. Quel jour part-il ? il faut que je l'aille embrasser avant qu'il parte.

dessus: mais enfin il faut toujours qu'à mon égard, et à l'égard du public, il soit hors de l'affaire. Si vous ne trouvez pas la vingtième Demande bien, Il le prie-d'envoyer à l'archevêque de Paris quelques copies corrigez-la. Si elle vous paraît bien, il faudrait la leur donner pour l'ajouter aux autres. Il serait bon aussi de faire savoir à M. l'archevêque de Paris, et de dire à M. de Chartres, que si mes Demandes ne sont pas dans une forme respectueuse, ce n'est pas que je veuille jamais manquer au respect dû à M. de Meaux, ni lui faire des interrogations inciviles. C'est un Mémoire fait à la hâte pour le leur montrer, et qui est encore informe. S'ils trouvent qu'on puisse utilement le donner à M. de Meaux, il faut ôtern'est-il pas vrai, et y mettre les termes les plus remplis de déférence. Il serait bon de leur faire savoir cela au plus tôt. Vous pouvez le dire à M. de Chartres, ou le lui faire dire par M. Tronson; et, d'un autre côté, le faire dire à M. Boileau, pour M. l'archevêque de Paris, par M. l'abbé de Maulevrier. Quand est-ce que cet abbé part? Vous connaissez ma confiance, ma reconnaissance et ma tendresse pour lui. J'irai à Paris exprès pour l'embrasser avant son départ. N'avez-vous point vu M. le Merre? Vous comprenez ma peine, pour n'en vouloir point

faire à ce cher abbé.

Si vous donnez l'Éclaircissement à M. de Chartres, comme il le faut, cela me gagnera quelques jours, pendant lesquels les autres à qui nous avons donné cet écrit l'auront examiné. Mandez-moi ce que M. Tronson paraît en penser.

Pour le père de Valois, vous pouvez lui dire que je ne fais point rentrer M. de Meaux dans mon affaire par mes Demandes. J'ai déclaré que je voulais bien lui rendre compte de la foi par écrit, et par là lui ôter le prétexte de chercher une conférence; mais que je ne consentirais jamais, sous ce prétexte, qu'il entrât dans la discussion de mon livre. Tout le monde

était pour lui, sur ce qu'il demandait une conférence. Il fallait lui ôter ce beau prétexte. Du reste, crois pas qu'il tire avantage de mes demandes. M. je demeure dans ma première situation, et je ne copies de l'Éclaircissement. Ayez la bonté de de Paris ne m'a écrit que pour me demander des plus tôt. Bonjour, mon cher abbé. On dit que M. lui envoyer d'abord ma réponse, et des copies au Deschamps est malade : j'en suis en peine, faitesm'en savoir des nouvelles. Cupio te in visceribus

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73. A M. DE NOAILLES,

Pour le père de Valois, je lui ai dit ce qui est vrai, qui est que M. de Paris ne m'avait pas laissé un moment de relâche, et qu'il ne m'avait pas même permis de différer du matin du mardi jusqu'à l'après-Christi Jesu. dînée pour lui donner mon écrit, parce que le mercredi, qui était le grand jour d'assemblée et de crise à Versailles, il voulait pouvoir dire au roi qu'il avait déjà vu une explication de mon livre. Ayez la bonté de redire encore la même chose au père de Valois, pour la lui inculquer, et pour guérir sa peine sur ce que j'ai donné cet écrit sans prendre la précaution de le faire examiner. Il faut lui redire aussi toutes les diligences que vous avez faites pour le voir et pour lui donner l'écrit. Mille fois tendrement tout à vous in visceribus Christi Jesu.

Il est bon de faire savoir que je ne demande de M. de Meaux que des réponses précises sur mes demandes, sans entrer dans le détail de mon livre, que je ne veux point examiner avec lui. Je demande seulement qu'il réponde oui ou non, et que, s'il dit non, il ajoute en deux mots le dogme de foi qu'il faut ajouter à ce que je dis, pour être bon catholique; car je veux l'être à quelque prix que ce soit.

ARCHEVÊQUE DE PARIS.

Il lui envoie sa réponse aux questions de Bossuet, et lui expose les raisons qui l'éloignent d'entrer en conférence avec ce prélat.

A Versailles, 6 juillet (1697).

Je vous envoie, monseigneur, ma réponse aux quatre Questions de M. de Meaux. J'y aurais plus tôt répondu, si mes amis, plus sages que moi, n'avaient gardé à Paris ma réponse, pour l'examiner en toute rigueur. Après avoir ainsi rendu compte de ma foi à M. de Meaux, et lui avoir ôté tout pretexte de demander une conférence qui serait sujette à explication, il ne me reste plus rien à traiter avec lui. Si ce que j'ai écrit pour lui lui paraît d une doctrine saine, il doit être content; sinon, il doit marquer précisément par écrit ce qui manque à ma foi. Pour

moi, monseigneur, je persiste plus que jamais à | entamer, et ne me vienne pas retomber sur le corps. ne vouloir point que M. de Meaux entre, sous Je vous conjure aussi de faire entendre à M. Tronaucun prétexte, dans l'examen de mon livre. Il n'est son tout ceci, et de lui montrer qu'après toutes les pas seul dans l'Église capable de l'examiner. S'il le scènes qu'on a données, il faut ou qu'on me laisse trouve mal, il sera libre de le réfuter. Mais, après justifier ici hautement mon livre, ou qu'on me laisse tout ce qui s'est passé, M. de Meaux ne devrait pas bientôt partir pour Rome. Je veux encore, pour oser demander à entrer dans ce qui me regarde. Je quelques jours, essayer de désabuser M. de Charn'examine mon livre qu'avec mes amis, et par pure tres des objections frivoles qu'il veut faire contre confiance en eux. Vous voulez bien être de ce nombre, mon livre, et que je sais toutes par avance. Mais je et je vous en suis sensiblement obligé. Pour M. de ne puis tarder longtemps à prendre mon parti; et Meaux, il n'est pas permis de me proposer sérieu- quand on voudrait me laisser ici tranquille après ce sement de l'y admettre. Je ne vous dis tout ceci qui s'est passé, et même en pleine faveur, je n'y dequ'à cause qu'il dit partout qu'il est le meilleur de meurerais pas sans justification de ma personne et mes amis, et que je fuis un éclaircissement avec lui de mon livre, qui sont inséparables : car je crois de par un ressentiment mal fondé, ou par défiance de plus en plus mon livre vrai ; et toutes les fois qu'on ina cause. Les scènes qu'il a données contre moi m'en parlerait, je ne pourrais me dispenser d'en depuis peu au public, et les ressorts qu'il remue ac- prouver la vérité de toute ma force; je devrais même tuellement à Rome contre mon livre, m'obligent à en conscience à l'Église un éclaircissement public ne perdre pas un moment pour finir l'oppression pour lever le scandale. C'est donc du temps que l'on que je souffre en silence depuis cinq mois. Il faut perd. On n'a qu'à voir si on veut me laisser réimnécessairement que je me hâte de justifier ma per- primer mon livre avec des éclaircissements qui le sonneet mon livre, qui sont inséparables. Une demi-justifient, sans aucun langage équivoque qui puisse justification serait cent fois plus mauvaise qu'une condamnation absolue. Je continue à m'abstenir d'aller à Paris pour avoir l'honneur de vous voir, afin d'entrer là-dessus dans vos vues et dans le besoin de l'affaire; mais je compte sur la bonté de votre cœur, sans vous voir je la ressens, je m'y confie. Je vous supplie de vous mettre devant Dieu en ma place. Rien n'est plus sincère et plus fort, monseigneur, que mon attachement et mon respect pour

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Je vous envoie, mon cher abbé, mon paquet pour M. l'archevêque de Paris, que je vous conjure de faire donner dès ce soir à son suisse. Je me suis accommodé aux remarques du père de Valois, et vous pouvez lui dire que je me conformerai à toutes ses vues, que je goûte fort. Il faut le prévenir sur ce qu'on le voudra engager à me presser de faire un court ouvrage pour expliquer mes sentiments sans défendre mon livre. Cela s'appelle l'abandonner, et c'est ce que je ne ferai jamais. J'aime mieux sortir de la cour, que d'y demeurer en faveur avec une demijustification qui laisserait ma doctrine douteuse. Je paraîtrais n'avoir eu ni le courage de soutenir mon livre, s'il est vrai; ni la bonne foi de le rétracter ouvertement, s'il est faux. Il est capital d'appuyer ceci fortement, afin que le bon Père ne se laisse point

donner prétexte de dire que je l'ai abandonné; ou bien qu'on me laisse partir au plus tôt pour Rome, où je ne veux pas laisser prévenir les esprits par la cabale dévouée à M. de Meaux et à M. de Reims.

Pour M. de Chartres, concertez avec M. Tronson ce que vous lui direz ; mais parlez-lui ferme, et en termes précis, qui lui ôtent toute espérance d'ébranler mon livre, ni de m'en faire rien ôter. J'expliquerai, j'ajouterai, je ne laisserai rien qu'on puisse prendre de travers; mais je n'abandonnerai jamais rien, et je demande une prompte réparation du scandale, ou mon congé pour Rome.

Vous ne me mandez rien de monsieur de Toul, ni de ce que les docteurs amis du père de Valois pensent sur l'Éclaircissement. Je vous prie d'en envoyer une copie à M. l'archevêque de Rouen, à l'hôtel Colbert, par M. Deschamps, de ma part.

Tout à vous, mon cher abbé. Patientia nobis necessaria est.

Savez-vous sûrement et comment ce que vous me mandez du général des Carmes, et des visites de M. de Meaux chez ces bons pères?

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