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de son sein. Il ouvrit également à Vérone une école d'où sortirent deux habiles peintres, Baptiste Amigazzi et Benoît Marini. Après un assez long séjour dans sa ville natale, pressé par les sollicitations de sa femme, il revint à Corinaldo, où il mourut en 1644, âgé de 84 ans.

RIDOLFI

(le chevalier Charles), peintre et historien, naquit à Lonigo, dans le territoire de Vicence, en 1602. Sa famille, originaire d'Allemagne, s'était fixée en 1500 à Vicence: après avoir étudié les belles-lettres dans cette ville, il alla cultiver les arts à Venise. L'Alliense fut son maître. Ridolfi, par une certaine rectitude d'esprit qu'il tenait de la nature, sut également se préserver dans ses écrits et dans ses peintures du style maniéré en vogue à l'époque où il vivait. Le caractère qu'il montre dans ses Vies des peintres vénitiens, rédigées avec autant d'exactitude que de solidité, se manifeste également dans ses peintures. On loue spécialement sa Visitation, qu'il a peinte dans l'église de Tous-les-Saints à Venise. C'est un tableau où brille une manière d'harmoniser les couleurs entièrement neuve : toutes les figures y semblent de plein relief, et l'on voit que toutes les parties en ont été étudiées. Il existe encore dans différents établissements | publics de Venise et de l'Etat plusieurs belles | compositions dues à son pinceau. Mais le plus grand nombre de ses tableaux fut exécuté pour des collections particulières de nobles vénitiens. Ses Vies des peintres lui obtinrent de la république une chaîne et une médaille d'or, et le pape Innocent, pour lui témoigner sa satisfaction, le nomma chevalier de l'Eperon d'or. Si l'on compare la manière d'écrire de Ridolfi avec celle de Boschini, on croirait qu'ils ont vécu à deux siècles de distance, quoiqu'ils soient presque contemporains. Ridolfi fut un bon écrivain, et il y a peu de biographes de peintres qui l'aient surpassé. Il n'est pas à l'abri de reproches sous le rapport de la langue; mais on ne rencontre dans son livre ni ces erreurs de jugements, ni ces historiettes et ces divagations qui déparent tant d'autres biographies du même genre. Son style est concis, et il vise à renfermer beaucoup de choses en peu de mots: il multiplie quelquefois un peu trop les citations des poëtes. Ses préceptes en peinture sont remplis de justesse : les reproches qu'il adresse à Vasari sont modérés; ses descriptions de tableaux, claires et exactes, et d'un homme également versé dans l'histoire, la poésie et la mythologie. Son ouvrage est terminé par la vie de l'auteur. Il s'y plaint avec amertume de la jalousie des rivaux et de l'ignorance des grands. Cet artiste mourut en 1660. Toutefois son épitaphe, rapportée par Sansovino, écrivain de cette époque, et ensuite par Zannotti, le fait mourir en 1658, tandis que Boschini le met dans la liste des artistes qui vivaient encore en 1660. Les vers où Ridolfi est loué furent sans doute composés par Boschini tandis que ce dernier vi

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vait encore, et lorsque Ridolfi mourut, le poëte ne songea plus à les retoucher. En 1642, Ridolfi publia à Venise in-4o une Vie de Jacques Robusti, surnommé Tintoret, et en 1646 une Vie de Charles Cagliari (fils de Paul Véronèse), ibid., in-4°. Son grand ouvrage parut dans la même ville en 1648 sous ce titre Le Maraviglie dell' arte, ovvero delle vite de' pittori Veneti, e dello stato, ove sono raccolte le opere insigni, i costumi, e ritratti loro, 2 vol. in-4°. P-s.

RIECKE (VICTOR-ADOLPHE DE), médecin allemand, né en 1804 à Stuttgard, où il mourut le 1er décembre 1857. Après avoir fait ses études à Tubingue et à Wurzbourg, il enseigna pendant quelque temps la pathologie et la thérapie à la première de ces deux universités. Plus tard, il fut appelé à Stuttgard comme médecin du roi et conseiller supérieur. Ses écrits, outre leur valeur générale, ont encore un intérêt particulier pour la topographie médicale spéciale du Wurtemberg. Voici les titres des principaux d'entre eux: 1° Matériaux pour servir à la topographie obstétricale du Wurtemberg, 1827; 2o Communications sur le choléra asiatique, 1831, 2 vol. (deux éditions dans la même année); 3° la Littérature du choléra-morbus, 1832 (aussi comme volume troisième de l'ouvrage précédent); 4° les Préparations pharmaceutiques modernes, leurs propriétés chimiques et physiques, etc., 1837; 2o édit., 1842; 5° Manuel des maladies cutanées, 1839, 2 vol.; 2e édit., 1841; 6° Sur les emplacements des cimetières et sur l'influence qu'exercent les odeurs cadavériques sur la santé humaine, 1840; 7° Livre des plantes vénéneuses du Wurtemberg (avec Fr. Berge), 1845; 8° l'Organisation des affaires médicinales dans le Wurtemberg, et collection systématique de toutes les lois et ordonnances qui s'y rapportent, etc., 1856. RIECKE (Léopold de), frère aîné du précédent, né à Stuttgard en 1785, et mort en 1847 à Tubingue, a été professeur d'accouchement à cette dernière université. Il n'a pas laissé de traité; mais il a le mérite d'avoir organisé avec peu de moyens la clinique obstétricale de l'université sur un excellent pied. R-L-N.

RIEDEL (FRÉDÉRIC-JUSTE), fils d'un pasteur protestant, naquit en 1742 au village de Visselbach, près d'Erfurt. Il annonça une grande vivacité d'esprit après avoir fait ses études à Weimar, Iéna, Leipsick et Halle, il vint s'établir à léna et débuta par des satires très-amères, auxquelles succédèrent des ouvrages plus sérieux et qui furent mieux goûtés du public; entre autres, une Théorie des beaux-arts et des lettres, dont il donna dans la suite une nouvelle édition. Lors de la réorganisation de l'université d'Erfurt en 1768, Riedel y obtint la chaire de philosophie et fut consulté sur le plan d'études. Il enfanta beaucoup de projets, dont la plupart ne furent pas suivis. La mobilité de son esprit s'accommodait mal avec les fonctions régulières et monotones de professeur. Espérant s'ouvrir une car

titre. Riedesel juge sans prétention le caractère et les mœurs des Grecs modernes : il présente des détails peu connus sur le climat du Levant, sur la peste et autres objets. Le libraire Jansen, à Paris, publia en 1802 une nouvelle édition des Voyages en Sicile, dans la grande Grèce et au Levant, par le baron de Riedesel, suivis de l'Histoire de la Sicile, par le Nowaïri, 1 vol. in-8° (voy. NowAÏRI). Riedesel mourut le 20 septembre 1785 dans sa terre d'Hiezig auprès de Vienne. Comme il avait été enseveli avec ses décorations, son corps fut exhumé la nuit suivante par des voleurs. On voit son portrait en tête du tome 26 de la Bibliothèque universelle allemande de Nicolaï.

D-G.

rière plus brillante en Autriche, il abandonna sa | (Stuttgard), 1773, in-8°. Comme simples remarchaire, étudia pendant une année la jurispru-ques, ses notes remplissent ce que promet le dence et arriva, vers 1773, à Vienne pour professer d'abord l'histoire des beaux-arts à l'académie impériale. Le malheur renversa bientôt toutes ses espérances. On rapporta au confesseur de l'impératrice que Riedel avait une mauvaise conduite et qu'il était athée il n'en fallut pas davantage pour le faire destituer sans aucune enquête. N'ayant plus d'autre ressource que sa plume, Riedel publia plusieurs ouvrages qui n'ajoutèrent rien à sa réputation. Son édition de l'Histoire de l'art, de Winckelmann, ne répondit point à l'attente des savants; son ouvrage périodique le Solitaire, mutilé ou gèné par la censure, parut très-médiocre. Le mémoire qu'il publia sur la musique de Gluck était tiré des ouvrages français. Mais du moins ce dernier travail ne fut pas sans fruit pour l'auteur : le chevalier Gluck vint à son secours et lui donna la table; d'autres personnes, que Riedel intéressa par son esprit enjoué, devinrent ses protecteurs et lui obtinrent du gouvernement une pension de quatre cents florins. Après la mort de l'impératrice, le chancelier Kaunitz, moins sévère que Marie-Thérèse, choisit Riedel pour son lecteur. Cependant la misère et l'intempérance avaient ruiné sa santé; il tomba dans une mélancolie profonde et eut des accès de folie. On fut obligé de le mettre à l'hôpital de St-Marc, où il mourut le 3 mars 1783. Telle fut la triste fin d'un homme dont on s'était beaucoup plus promis qu'il ne tint dans la suite. Baur dit que les sarcasmes de Riedel avaient plus de vivacité que de finesse et qu'il les accom. pagnait de grimaces qui lui donnaient l'air d'un faune. D-G.

RIEDESEL (JOSEPH-HERMANN), baron de Eisenbach-sur-Altenbourg, né en 1740, était fils du lieutenant-général prussien Joseph Volbrecht, baron de Riedesel. Frédéric II le nomma chambellan, puis envoyé plénipotentiaire près la cour de Vienne; il parut en cette qualité au congrès de Teschen. Cependant c'est moins par ses emplois que par ses voyages que le baron de Riedesel est connu du monde savant. Le goût des beaux-arts lui fit entreprendre un voyage en Italie, où il se lia avec le célèbre Winckelmann. Ayant visité soigneusement toutes les antiquités de la Sicile, il s'embarqua pour le Levant et y continua ses recherches archéologiques dans la Laconie et l'Attique. De retour en Europe, il publia d'abord son Voyage dans la Sicile et la grande Grèce, Zurich, 1771, in-8°; édition française, Paris, 1773, in-12. C'était la première description satisfaisante des antiquités d'une île que plusieurs peuples anciens ont possédée : cependant Riedesel décrit aussi avec beaucoup d'intérêt les monuments modernes et peint agréablement les mœurs et les usages des habitants. L'auteur fit paraître ensuite les Remarques d'un voyageur moderne au Levant, Amsterdam

RIEDESEL (FREDERIQUE-CHARLOTTE-LOUISE, baronne DE), fille du ministre prussien Massow, naquit à Brandebourg en 1746. A l'âge de dixsept ans, elle épousa, à Minden, où son père était intendant général de l'armée alliée, le lieutenantcolonel brunswickois de Riedesel. Après que celui-ci eut reçu la mission de conduire en Amérique les troupes brunswickoises au service de l'Angleterre, sa femme le suivit, en 1777, avec trois enfants en bas âge et partagea toutes les fatigues de la guerre, ainsi que la captivité de son mari. Les lettres qu'elle écrivit pendant cette époque peignent vivement, et sous un jour qui n'est pas toujours favorable aux Américains, les événements de cette guerre. Ces lettres ont été mises en ordre par son gendre, le maréchal de la cour de Prusse, Henri XLIV, comte de Reuss, et imprimées à un petit nombre d'exemplaires, Berlin, 1799, puis réimprimées en 1801, sous le titre de Voyage de mission en Amérique; Lettres de madame de Riedesel. L'auteur, après être retournée en Europe, l'an 1783, et après avoir, en 1800, perdu son mari, qui était devenu général, fixa son séjour à Berlin et y termina sa carrière le 29 mars 1808. Elle avait établi à Brunswick une distribution d'aliments pour les pauvres. A Berlin, elle soutint de même l'institution des orphelins militaires.

D-G.

RIEDINGER (JEAN-ELIE), peintre d'animaux, naquit à Ulm, en 1695, et fut élève de Chr. Resch. Il avait reçu les premiers principes de dessin de son père, habile maître d'écriture, et qui dessinait fort bien de petites figures de chevaux et autres animaux. Lorsqu'il fut en état de se passer de son maître, il alla s'établir à Augsbourg, où il se mit à graver et à dessiner pour les libraires. Les annales de l'art ne font mention de personne qui ait su peindre comme lui toutes les espèces d'animaux. Dans ses tableaux représentant un seul animal, dans ceux où il les a réunis en groupes, il sait exprimer, par l'anatomie, ou par l'attitude caractéristique, les diverses passions qui animent chaque espèce ou chaque individu. Paul Potter s'était borné à peindre le gros bétail,

Rugendas et Rubens ont peut-être rendu avec plus de vigueur et de grandeur le premier le cheval et le second la beauté idéale du lion; Riedinger les a surpassés l'un et l'autre, ainsi que tous ses autres rivaux passés et contemporains, par la puissance et la force avec lesquelles il a su représenter toutes les espèces d'animaux. Sous le rapport de l'exécution, ses tableaux sont frappants d'effet; et la chaleur avec laquelle ils sont peints ne l'empêche pas d'en étudier et d'en finir toutes les parties avec le plus grand soin. Il ne s'est pas moins distingué comme graveur. Les nombreuses suites d'animaux qu'il a gravées, et dont le recueil forme une collection très-volumineuse, l'empêchèrent d'exécuter un plus grand nombre de tableaux qui auraient accru sa réputation. On peut regarder ses estampes comme une histoire naturelle des animaux sauvages. Les ours, les tigres sont dessinés avec l'exactitude d'un naturaliste. Il met sous nos yeux leurs habitudes, leurs passions, leur caractère. Ses paysages ont toute la solitude et, s'y l'on peut s'exprimer ainsi, tout le sauvage qui convient aux êtres qu'il met en scène. Le seul reproche qu'on puisse lui faire, c'est de sentir un peu trop l'étude et de dessiner un peu lourdement les figures d'hommes et de chevaux. Un grand nombre de pièces de Riedinger sont historiques et dessinées d'après nature; elles offrent des animaux pris dans différentes espèces de chasse. Au bas de l'estampe se trouve ordinairement une description, en allemand et en français, de la chasse dont il est question. Parmi la nombreuse collection de ses estampes, il y a un choix à faire. On peut en voir, dans le Manuel de l'amateur d'Huber et Rost, les pièces les plus remarquables, au nombre de quatre-vingt-quatre; et, dans le Manuel du libraire, le titre de ses principales collections, au nombre de dix-sept. On y distingue, entre autres publications, l'Art de monter à cheval, Augsbourg, 1722, in- fol., recueil fort bien exécuté, conenant 22 planches et un frontispice, et la Description du cheval, ouvrage estimé pour l'exactitude des dessins et renfermant 50 gravures coloriées. Riedinger mourut à Augsbourg en 1767. Il eut deux fils, nommés Martin-Elie et Jean-Jacques, qui ont aussi gravé l'un au burin, l'autre en manière noire. Le premier manifesta un rare talent dans la manière de représenter les insectes. P-s.

RIEGGER (PAUL-JOSEPH de), professeur de droit canon dans l'université de Vienne en Autriche, a publié Institutiones jurisprudentiæ ecclesiastica, 1re partie, 1774, in-8°. On trouve dans cet ouvrage les principes du droit canon expliqués avec autant de clarté et de précision que d'exactitude, d'après les maximes de l'antiquité. L'impératrice Marie-Thérèse ordonna qu'il fût déclaré classique dans l'université de Vienne. La seconde partie parut en 1775. La mort de l'auteur, arrivée cette année-là, empêcha de continuer la publication

des autres parties. Ce n'est, au reste, que l'abrégé d'un plus grand ouvrage du même genre que Riegger avait donné au public depuis longtemps, en 5 gros volumes in-8°. Le baron de Martini, professeur de droit naturel dans la même université, fut chargé de continuer cet abrégé et d'en donner une nouvelle édition, ce qu'il fit en 1779; mais cette édition fut supprimée par autorité, pour laisser subsister les Eléments de Riegger tels qu'il les avait composés. Les ouvrages de celui-ci lui avaient suscité des tracasseries de la part du cardinal Migozzi et du nonce Garampi. T-D.

RIEGGER (JOSEPH-ANTOINE-ETIENNE, chevalier DE), fils d'un habile jurisconsulte, suivit, sous la direction de son père, la même carrière et s'appliqua, en outre, à la littérature. En 1764, il fut appelé à la chaire de droit ecclésiastique, au collége Thérésien à Vienne. L'année suivante, il enseigna les institutions de droit civil, à Fribourg en Brisgau; puis il obtint la chaire de droit canon. Le gouvernement autrichien l'envoya, en 1778, à Prague, pour y vaquer à l'emploi de conseiller et de professeur de droit public. Lorsque l'empereur Joseph Il commença ses réformes, Riegger fut nommé inspecteur des études et rapporteur de la censure. On assure que, dans ce dernier emploi, il se montra fort tolérant et qu'il favorisa l'entrée de plusieurs livres prohibés. Il seconda d'ailleurs avec zèle les vues réformatrices de l'empereur et contribua beaucoup au changement du système des études. Cependant il quitta sa place, en 1782, pour s'attacher au service du prince régnant de Schwartzenberg, en qualité de conseiller intime; mais, ennuyé, au bout de quelques années, de cette carrière bornée, il entra dans l'administration de Bohème et publia plusieurs ouvrages utiles sur ce royaume, savoir Des fondations pour les étudiants en Bohême, 1787; Archives de l'histoire et de la statistique de Bohême, et Esquisses d'une géographie statistique de la Bohème, dont on fait beaucoup de cas. Outre ces ouvrages, qui sont en allemand, Riegger en a écrit plusieurs en latin, sur le droit canon : 1° Bibliotheca juris canonici, Vienne, 1761, 2 vol. in-8°; 2° Historia juris romani, Fribourg, 1766, 1771, in-8°; 3° Opuscula ad historiam et jurisprudentiam præcipue ecclesiasticam illustrandam, Ulm, 1774, in-8°. Plusieurs dissertations de lui sont insérées dans les Amanitates litterariæ Friburgenses. Riegger écrivait le latin très-couramment. On vante ses profondes connaissances dans le droit canon. S'étant rendu caution de créances qui lui étaient étrangères, il se jeta dans de grands embarras et mourut pauvre le 5 août 1795. Wond de Grunwald a publié la Biographie des deux chevaliers (père et fils) de Riegger, Prague et Vienne, 1797. D-G.

RIEGO Y NUNEZ (RAPHAEL DEL), l'un des coryphées de la révolution espagnole de 1820, naquit en 1785 ou 1788 à Tuña, village des Asturies. L'éducation du jeune Riégo était à peine ébau

chée que son père, petit hidalgo sans fortune, désirant lui assurer une existence, le fit entrer dans les gardes du corps, qui, depuis l'élévation scandaleuse du prince de la Paix, étaient devenus le meilleur moyen de parvenir à tous les emplois, même ecclésiastiques. Il en faisait encore partie lors de l'invasion des Français en 1808. Il paraîtrait que Riégo entra d'abord dans un bataillon formé contre eux en grande partie d'élèves de différents colléges, et qu'il passa ensuite comme officier dans le régiment des Asturies. Fait prisonnier et amené en France, Riégo rentra dans sa patrie (1814) lorsque Ferdinand VII eut été rétabli sur le trône de ses pères et ne tarda pas à être employé dans le 2e bataillon des Asturies avec le grade de lieutenant-colonel. Ce bataillon faisait partie de l'armée d'expédition réunie à Cadix et dans l'île de Léon, destinée à réduire les colonies d'Amérique révoltées contre la métropole. Cette armée était, au mois de mai 1819, forte d'environ 20,000 hommes, et avait pour commandant en chef O'Donnell, comte de l'Abisbal. Un certain nombre d'officiers appartenant à cette armée, croyant le moment favorable pour profiter du malaise et du mécontentement qui régnaient dans le pays, organisèrent un complot, à la tête duquel il paraît aujourd'hui constant que se trouvait le comte de l'Abisbal; mais il avorta par le fait même de ce dernier. Au mois de novembre suivant, les bases d'un nouveau complot furent arrêtées entre des lieutenants-colonels, des commandants de bataillon et des officiers inférieurs. Il devait être exécuté au moment où l'expédition aurait reçu ordre de mettre à la voile. Le 1er janvier 1820 fut désigné définitivement quelque temps après : c'était dans le courant de ce jour que devait avoir lieu l'insurrection simultanée du petit nombre de troupes qu'on avait pu parvenir à séduire. Conformément à un plan convenu, Riégo, qui était cantonné avec son bataillon dans le village de las Cabezas de San-Juan, sortit du quartier avec ses soldats, les harangua, fit poser des sentinelles à l'entrée du village, se rendit sur la place et proclama la constitution des cortès de 1812, à laquelle officiers et soldats allèrent ensuite prêter serment dans l'église. Après ce premier pas, il destitua les autorités locales, nomma des alcades provisoires, et ayant fait prendre quelques provisions à sa troupe, il se mit en marche pour Arcos de la Frontera, où était le quartier général de l'armée. Des officiers de la place engagés dans la conspiration l'attendaient à la métairie du Terral, située à un quart de lieue de la ville; il y arriva le lendemain, à deux heures du matin. Le bataillon de Séville, qui devait s'y trouver pour agir de concert, ne paraissant pas, Riégo fit faire un instant halte à sa troupe. Sa position, au milieu d'un pays couvert de soldats dont il ignorait les dispositions, lui inspira bientôt de sérieuses inquiétudes, et, quoique le bataillon des guides,

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qui formait la garnison d'Arcos, fût plus fort que le sien, il se décida à pénétrer dans la place en se confiant à la fortune. Elle le servit à souhait non-seulement le comte de Calderon, général en chef de l'armée, les généraux Fournas, Salvador et Blanco, et le corrégidor d'Arcos furent arrêtés dans leurs logements; mais le bataillon des guides, qu'on n'avait pas eu le temps de mettre en défense, se joignit aux insurgés, et celui de Séville, qui s'était égaré et avait été retardé par le mauvais temps, vint augmenter ses forces. Il s'était fait remettre d'abord douze mille ducats qui se trouvaient en caisse ; bientôt après, il s'empara de quelques milie rs de piastres envoyées de Madrid. Comme à las Cabezas, l'un de ses premiers soins fut de proclamer la constitution et de changer les autorités civiles. Impatient de ne pas recevoir des nouvelles de l'entreprise de Quiroga, qui, dirigeant l'insurrection sur un autre point, devait s'emparer de Cadix, Riégo partit d'Arcos avec ses quatre bataillons, conduisant avec lui les généraux qu'il y avait enlevés. Il proclama la constitution à Xérès, changea les alcades, et se dirigea sur Puerto Santa-Maria, où il fut joint par O'Daly, Arco-Aguero et les deux frères SanMiguel. Ils entrèrent ensemble dans l'île de Léon. Les prisonniers d'Arcos ayant été mis en sûreté dans le fort de Santi-Petri, les insurgés, dont les forces réunies ne s'élevaient qu'à sept bataillons, délibérèrent sur leur position et s'occupèrent à organiser l'armée dite nationale. Quiroga fut élu de nouveau commandant en chef, Riégo fut placé à la tête de la première division, et des proclamations et un manifeste à la nation espagnole, au nom de l'armée, appelèrent à l'insurrection le reste des troupes et le peuple de la Péninsule, tandis que les adresses au roi demandaient le rétablissement de la constitution de 1812. Lorsque la nouvelle de l'insurrection parvint à Madrid, on ne voulut pas y croire; mais quand il ne fut plus possible d'en douter, on passa d'une extrémité à l'autre en exagérant les forces et les avantages des révoltés. Le ministère montra d'abord quelque hésitation; il nomma ensuite au commandement de l'armée et de la province d'Andalousie, avec les pouvoirs les plus étendus, Freyre, qui commandait à Séville les carabiniers royaux et qui avait déjà pris des mesures pour arrêter l'insurrection. Ce général se hâta de rassembler les troupes sur la fidélité desquelles il croyait devoir compter, les dirigea sur l'île de Léon, et fit passer à Cadix un renfort de 1,000 hommes, qui n'y purent parvenir que par mer. Les insurgés, comme bloqués dans l'île de Léon par la cavalerie de don Joseph O'Donnell, frère du comte de l'Abisbal, avaient fait peu de progrès, et se bornaient à quelques excursions pour se procurer des vivres et soutenir les autorités qu'ils avaient établies dans quelques communes. Le 10 janvier, le régiment des

à sa poursuite, tandis que dans aucun endroit la population ne faisait de mouvements en sa faveur. Aussi se rapprocha-t-il de l'île de Léon dans le dessein d'y chercher un refuge; mais les environs en étaient si bien gardés par différents corps de l'armée royale qu'il fut obligé de renoncer à ce dessein. Il se jeta alors dans les montagnes pour fatiguer la cavalerie royale et se dirigea sur Malaga. Dans sa route, il eut divers engagements; le 16 février, il fut vigoureusement mené auprès de Marbella, et perdit plus de 100 hommes, sans compter ceux qui s'égarèrent dans les montagnes ou qui l'abandonnèrent après avoir échangé quelques coups de fusil avec le gouverneur de Malaga, qui, à l'approche des insurgés, avait pris position à trois quarts de lieue de la ville avec sa garnison et jugea ensuite convenable de se retirer à Velez-Malaga. Riégo entra dans Malaga le 18, à huit heures du soir. La proclamation qu'il s'empressa d'adresser le lendemain au peuple de cette ville ne produisit aucun effet; partout on fermait les boutiques, et personne ne paraissait disposé à se joindre aux insurgés, qui furent bientôt obligés de se barricader dans un des quartiers de la ville pour résister aux attaques du général O'Donnell, lequel y avait pénétré avec un corps de troupes. Il résulterait du rapport de San-Miguel, chef d'étatmajor du corps de Riego, qu'après avoir éprouvé une vive résistance dans la place de la Merced, O'Donnell fut contraint de se retirer à une demi-lieue de la ville. Riégo l'abandonna luimême le 20 février, toujours poursuivi par cet infatigable général, et, voyant que non-seulement plusieurs de ses soldats, mais même une partie de ses officiers cherchaient leur salut dans la fuite, il essaya de se sauver lui-même dans les montagnes avec le peu de troupes qui lui restaient. Il se procura quelques secours à Antequerra, d'où le corregidor et les alcades s'étaient enfuis à son approche, et à Ronda, où il eut un engagement avec l'avant-garde d'O'Donnell. Le 3 mars, il trouva à Moron 200 dragons démontés qu'il détermina à se réunir à lui. Attaqué le lendemain par le général O'Donnell, il éprouva une perte considérable et fut forcé de se replier vers les Cordillères. Enfin, après avoir traversé le pont de Cordoue, Espier et Fuente Vejuna, toujours suivis de près par les troupes royales, qui ne cessaient de leur livrer des combats, les insurgés arrivèrent le 11 mars à Bienvenida, épuisés de fatigue, dans un dénûment absolu et réduits à moins de 300 hommes. La Relation succincte de l'expédition de don Raphaël Diego, que don Evariste San-Miguel, son chef d'état-major,

Canaries et une brigade d'artillerie, envoyés pour occuper Puerto Santa-Maria, au lieu de se rendre à leur destination, désertèrent la cause royale et se réunirent aux insurgés de l'île de Léon, malgré les efforts du général O'Donnell, dont la cavalerie fut repoussée par Riégo, qui prenait à cette époque le titre de général. Les rebelles venaient de s'emparer par surprise de l'arsenal de la Carraca, où ils trouvèrent une nombreuse artillerie, des vivres et des munitions de toute espèce. Après cette conquête importante et la prise du San-Julien, vaisseau de 74, qui portait des poudres destinées à l'Amérique, ils résolurent de profiter des moyens offensifs qu'ils avaient pour tenter une nouvelle attaque contre la Cortadura. Riégo, à qui ils la confièrent, fut complétement repoussé le 16 janvier; il tomba du mur qui soutient la chaussée sur la plage et se blessa. Les chefs de la rébellion, craignant que le découragement ne s'emparât des soldats, et bien convaincus que dans les révolutions il faut occuper sans cesse les esprits et ne pas laisser le temps de la réflexion, se déterminèrent à détacher de leur petite armée, qui ne s'élevait pas à plus de 5,000 hommes, une colonne mobile de 1,500 hommes pour ramasser des vivres, répandre des proclamations et décider la défection des corps qu'ils supposaient disposés en leur faveur. Le commandement de cette expédition fut confié à Riégo, non pas qu'il eût fait jusqu'alors preuve de beaucoup de talent; mais il avait montré une grande exaltation, une certaine audace, et c'était lui d'ailleurs qui avait le premier planté l'étendard de la révolte. Ce fut le 27 janvier qu'il partit avec sa bande de SanFernando et qu'il traversa Chiclana aux cris de Vive la constitution! Il passa à Conil et à Bejer, et arriva sans obstacle à Algésiras. Riégo avait fondé les plus grandes espérances sur cette ville et se flattait de trouver à Gibraltar des ressources pour son entreprise. Il s'empressa d'ouvrir le premier de ces ports au commerce étranger, et permit, moyennant quelques droits, l'introduction des marchandises jusque-là prohibées. Le gouverneur de Gibraltar, loin de se montrer favorable à la cause des insurgés, comme Riégo avait osé s'y attendre, fit couper toute communication avec Algésiras au moyen d'une frégate et d'un brick. Après être resté cinq jours dans cette dernière ville, Riégo, qui n'avait pu s'y procurer que mille paires de souliers et quelques ressources en vivres, en effets et en argent, en sortit le 7 février. Il n'avait pu être rejoint par les émissaires que Quiroga, instruit des mouvements du général O'Donnell sur la droite de sa colonne et inquiet pour lui-même des disposi-a publiée au mois d'août 1820 et qui nous a tions du général Freyre, avait envoyés pour lui donner l'ordre de rentrer dans l'île en toute hâte. Il commençait à sentir la témérité de son entreprise en se voyant harcelé de tous côtés par les partis de cavalerie qu'O'Donnell avait mis

presque toujours servi de guide, contient des aveux remarquables. On y voit que les habitants des lieux que les révoltés parcouraient nonseulement ne prirent aucune part à l'insurrec tion, mais qu'il y eut très-peu d'endroits où on

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