FRANÇOISE. Par M. CREVIER, Professeur Emérite de TOME SECOND. A PARIS, SAILLANT, rue S. Jean de Beauvais Chez DESAINT, rue du Foin, la premiere porte cochere en entrant par la rue S. Jacques. M. DCC. LXVII. Avec Approbation & Privilege du Roi. RHÉTORIQUE FRANÇOISE. TROISIEME PARTIE. L'ÉLOCUTION. L de l'Art ora l'ÉLOCUTION eft à l'Art Combien que nous traitons, ce que eft une parl'Elocution le coloris eft à la peinture. tie imporLe fond, & ce qui conf- tante titue, pour ainfi dire, ainfi dire, l'ef- toire, fence du tableau, eft la figure, qui doit être bien deffinée, en forte que chaque partie foit à fa place, & qu'il en réfulte un tout bien proportionné. Voilà la bafe & la fubftance de l'ouvrage. Mais la couleur lui eft néceffaire pour l'orner, le parer, lui donner de l'éclat, & rendre l'expreffion parfaite. De même en Eloquence Tome II. les chofes & les pensées fondent l'effence du difcours : l'ordre & la diftribution en forment le deffein & le contour l'Elocution acheve l'ouvrage, & lui donne l'ame & la vie, la grace & la force. Cette partie eft celle qui a l'éclat le plus brillant, & qui fait fortir toùtes les autres. Pour connoître & apprécier le mérite des pensées & des chofes, pour observer une belle ordonnance qui embraffe toute la matiere, & qui en développe avec une jufte proportion toutes les parties, il faut des Auditeurs inftruits & éclairés : une belle Elocution frappe & faifit même le vulgaire. Il n'eft perfonne, s'il n'eft ftupide & infenfible, fur qui ne faffe une impreffion vive & fubite un tour de phrase élégant, une cadence harmonieuse, des images bien colorées, gracieuses ou touchantes. En -un mot, l'Invention & la Difpofition ont un mérite qui fatisfait l'esprit : l'Elocution a des charmes qui agiffent fur l'imagination & fur les fens. Auffi, comme c'eft le peuple qui fait les langues, l'Elocution, mérite populaire, a donné fon nom à l'Art, & l'a fait appelle Eloquence. |