de drap d'or à un champ vermeil d'azur, semé de fleurs de lys d'or ; et par-dessus le corps avoit une pourtraicture faite à la semblance du roi, portant couronne d'or et de pierres précieuses moult riches, tenant en ses mains deux écus, l'un d'or et l'autre d'argent; et avoit en ses mains gands blancs et anneaux moult bien garnis de pierres ; et étoit icelle figure vêtue d'un drap d'or à un champ vermeil, à justes manches, et un mantel pareil fourré d'hermine; et si avoit unes chausses noires, et uns solers, de veloux d'azur, semés de fleurs de lys d'or. Eten tel état, comme dit est, fut porté en grand' révérence jusque dans l'église Notre-Dame de Paris, dedans laquelle chanta la messe pour ledit défunt, le patriarche de Constantinople. Après laquelle, et tout l'office achevé moult honorablement, fut ledit roi porté à Saint-Denis ; et le portèrent les gens de son écuyerie, jusques à une croix qui est en mi-chemin de Paris et Saint-Denis. A laquelle croix le chargèrent les mesureurs et porteurs de sel à Paris, chacun une fleur de lys à la poitrine; et le portèrent jusques à une croix emprès Saint-Denis, jusques à laquelle vinrent à l'encontre de lui, l'abbé dudit lieu de Saint-Denis, et ses religieux, et tout le clergé de la ville en procession, avec les bourgeois et le peuple, qui avoient grand' foison de torches et luminaires. Et de là, en chantant et recommandant son ame à Dieu, fut porté jusques à l'église Saint-Denis. Et toujours, durant cette allée, étoit ledit duc de Bedfort et les autres dessus nommés, emprès ledit corps. Et lui venu en icelle ville de Saint-Denis, fut derechef le service fait par le dessusdit patriarche ; mais il y eut une nuit entre les deux services; et ne furent nuls là étant, qui allassent à l'offrande sinon le duc de Bedfort. Et pour vrai y eut bien aux deux services vingt mille livres de cire, et à l'aumône, seize mille personnes, lesquelles eurent chacun trois blancs, monnoie royale. Et après que le service fut fait et achevé en icelle église de Saint-Denis, et que le roi dessusdit fut mis en sa sépulture, emprès ses prédécesseurs, rois de France, icelui patriarche fit la bénédiction, comme il est de coutume. Et adonc les huissiers d'armes de chez le roi, qui étoient là présents, rompirent leurs petites verges et les jettèrent dedans la fosse ; et puis mirent leurs masses en bas, ce dessous-dessus. Et lors le roi d'armes de Berry, accompagné de plusieurs héraults et poursuivants, cria dessus la fosse : « Dieu veuille avoir pitié et merci de l'ame de très haut et très excel>> lent prince Charles, roi de France, sixième de ce » nom, notre naturel et souverain seigneur » ! Et derechef après ce cria le dessusdit roi d'armes : Dieu doint bonne vie à Henri, par la grâce de Dieu, roi de France et d'Angleterre, notre >> souverain seigneur Lequel cri accompli, les sergents d'armes dessusdits redressèrent leurs masses, les fleurs de lys dessus, en criant tous 3 à une voix : « Vive le roi! vive le roi ». Et toutes ces besognes ainsi faites, tous les seigneurs retournèrent dedans Paris, auquel avoit été ordonné, pour la garde d'icelle, atout foison de gens d'armes, sire Guy le Bouteiller, et le bâtard de Thien, chevalier; et avec ce avoient commis plusieurs capitaines sur les champs, atout leurs gens, pour garder les passages contre les Dauphinois, afin qu'ils ne fissent nulles entreprises ou dommages. En outre, ledit duc de Bedfort seul, et pour le tout, demeura régent et gouverneur du royaume de France, pour et au nom de son neveu le jeune roi Henri, quant à ce qui étoit en son obéissance. Ainsi et par cette manière fina sa vie, ce très noble roi Charles, au quarante-sixième an de son règne; lequel grand' partie d'icelui eut moult de grands tribulations, par le moyen des divisions qu'eurent l'un contre l'autre les plus prochains de son sang. Dieu, par sa douce pitié et miséricorde, veuille avoir merci de son ame! FIN DU QUATRIÈME VOLUME ET DU 1er LIVRE DES CHRONIQUES DE MONSTRELET. DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME, LIVRE PREMIER. CHAP. CLXXIX. Comment Henri, roi d'Angleterre, re- CHAP. CLXXX. Comment le seigneur de Chauny fut en- voyé de par le roi en ambassade devers le duc de Bourgogne, qu'il trouva à Amiens, et de la réponse qu'il eut dudit duc de Bourgogne.. CHAP. CLXXXI. Comment le dessusdit seigneur de Chauny retourna à Paris de son ambassade, et fut accusé par le conseil royal; et la provision qui fut mise contre le duc de Bourgogne..... CHAP. CLXXXII. Comment le duc de Bourgogne passa outre atout(avec) sa puissance vers Paris; et se mirent en son obéissance plusieurs villes et forteresses, où ser ses gens à l'Ile-Adam; et assiégea et conquit Beau- Page CHAP. CLXXXIV. Comment le dessusdit duc de Bour gogne envoya son héraut à Paris devers le roi; la réponse qu'il eut, et du siége de Mont-le-Héry; et autres matières... CHAP. CLXXXV. Comment icelui duc de Bourgogne alla CHAP. CLXXXVI. Comment ladite reine, venue à Char- CHAP. CLXXXVIII. Comment le duc de Bourgogne alla CHAP. CLXXXIX. Comment Jean de Bavière fit guerre à la duchesse sa nièce, au pays de Hollande; et les conquêtes que faisoit Henri, roi d'Angleterre, en la duché de Normandie.. CHAP. CXC. Comment messire Jacques de Harcourt épousa la fille du comte de Tancarville; de la détrousse de Philippe de Saveuse, et du connétable qui mit le siége à Senlis... CHAP. CXCI. Comment le roi de France envoya ses ambassadeurs à Montereau-Faut-Yonne, pour l'union de l'église, et comment ceux de Rouen se rendirent Bourguignons.. 38 47 52 58 ба 64 67 70 |