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ment aux assauts et entreprises dudit roi d'Angleterre, et en ce continuèrent par longue espace de temps, comme vous verrez ci-après.

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Lesquels jours aussi fut ordonné à Paris, par conseil royal, que les florettes, qui avoient cours pour quatre deniers, seroient remises à deux ; et l'écu d'or, qui avoit couru pour dix-neuf sols, fut mis à dix-huit sous parisis. Pour lesquelles inutations en ensuivant, telles dont dessus est faite mention, furent moult de gens troublés, voyants que leurs chevances, qu'ils avoient ès monnoies dessusdites, étoient diminuées la huitième partie. Et pour avoir provision d'autre monnoie nouvelle, qui fût de valeur, furent forgés salus d'or, qui eurent cours pour vingt-cinq sous tournois la pièce ; et y avoit en iceux deux écus, l'un de France et l'autre d'Angleterre. Et au regard de la blanchemonnoie, on forgea doubles, qui eurent cours pour deux deniers tournois; et enfin, en commun langage, furent nommés niquets; et furent en règne environ trois ans tant seulement.

CHAPITRE CCLX.

Comment le duc de Bourgogne fit traité avec ses prisonniers pour la rendition de Saint-Riquier, à quoi entendit le seigneur d'Offemont, capitaine d'icelle ville.

Au mois de novembre, le duc de Bourgogne, qui étoit moult désirant de bouter hors les Dauphinois de la ville de Saint-Riquier, lesquels moult détruisoient les pays à l'environ, fit un certain jour appeler aucuns de ses prisonniers, qui étoient au châtel de Lille, c'est à savoir des capitaines qui avoient été pris à la journée de Mons en Vimeu, sur leur rançon et appointement de la ville dessusdite, non pas tant seulement une fois, mais plusieurs. Finablement, la matière fut tant pourparlée, que les deux parties entendirent ouïr traité, lequel, en conclusion, fut fait entre le duc de Bourgogne d'une part, et le seigneur d'Offemont, et ses capitaines étant à Saint-Riquier d'autre part. Par lequel traité fut ordonné que ledit duc mettroit à pleine délivrance tous les prisonniers que lui et ses gens avoient pris depuis qu'ils étoient venus à Saint-Riquier, et acquitteroit de leurs finances; c'est à savoir messire Edmond de Bomber, messire Jean Blondel, Ferry de Mailly, Jean de Beaurevoir, Jean de Crèvecœur, et aucuns autres ; et

avec ce rendroient en la main dudit duc la dessusdite ville de Saint-Riquier. Après lequel traité ainsi fait et conclu, mourut bref ensuivant audit lieu de Saint-Riquier, de maladie langoureuse, messire Edmond de Bomber; pour la mort duquel ledit duc de Bourgogne fut très mal content, et eut volonté de rompre ledit traité, mais il fut apaisé par ses conseillers.

Et enfin envoya ses prisonniers, sous bonne garde, de Lille à Hesdin; et de là, par sauf-conduit, allèrent à Saint-Riquier, devers le dessusdit seigneur d'Offemont, qui délivra, comme promis l'avoit, ses prisonniers qu'il tenoit ; et rendit la ville ès mains des seigneurs de Roubaix et de Croy, à ce commis de par ledit duc de Bourgogne. Et le seigneur d'Offemont, partant de Saint-Riquier, atout ses gens, alla passer l'eau de Somme, à la Blanche-Tacque; et par Vimeu, s'en retourna à Pierrefons, à Crespy en Valois, et autres forteresses à lui obéissants. Et lesdits de Roubaix et de Croy, après qu'ils eurent visité ladite ville, et reçu les serments des habitants, ils y commirent capitaine le Borgne de Fosseux, chevalier, maître Nicole de Mailly, et son frère Ferry, Nicaise de Boufflers, Jean d'Encourt, et aucuns autres, chacun atout leurs gens, pour tenir frontière contre messire Jacques de Harcourt.

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allassent avec lui pour combattre et assaillir les seigneurs de Moy et de Chin, lesquels tenoient la partie du Dauphin, et travailloient et dégâtoient moult fort le pays dudit de Luxembourg et de sa belle-fille, comtesse de Marle. Laquelle requête par iceux leur fut accordée et octroyée, et s'en allèrent ensemble avec lui, qui avoit assemblé environ huit cents combattants; et enfin se logèrent vers Saint-Quentin, en Vermandois, et là passèrent outre. Mais quand ils vinrent assez près de Moy, où se tenoit le dessusdit chevalier par coutume, leur fut rapporté qu'il s'étoit parti de sondit châtel, et l'avoit laissé très bien garni de gens de guerre, vivres et habillements, et avoit ars et mis en flammes sa basse-cour, et plusieurs autres maisons de sa ville. Et adonc lesdits Bourguignons, doutants que ledit châtel ne pût être pris sinon par long siége et grand dommage de leurs gens, gens, conclurent l'un avec l'autre, nonobstant la prière dudit de Luxembourg, d'eux en retourner vers Douai et Lille, en conduisant ledit duc de Bourgogne. Et en venant, séjournant, et retournant, firent de très grands maux et oppressions es pays où ils passèrent, dont plusieurs plaintes et clameurs se firent audit duc, tant par les gens d'église, comme autres, et par espécial du pays de Picardie, auxquels toutefois, il fit faire réponse que bref il les remanderoit en leur pays de Bourgogne, et les délivreroit des oppressions dessusdites. Et messire Jean de Luxembourg, triste et courroucé du retour des

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