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toires el confirmatoires de ses très chers frères, et autres de son sang royal, des grands seigneurs et barons des cités, et autres villes à lui obéissants ; desquels, en cette partie, nous voudrons avoir lettres de notredit le roi Henri.

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Toutes lesquelles, et chacune des choses dessusdites et écrites; nous, Charles, roi de France, dessusdit pour nous et nos hoirs, en tant que pourra toucher nous et nosdits hoirs, sans dol, fraude et mal engin, avons promis et promettons jurer, et jurons en parole de royaux, sur saintes évangiles de Dieu par nous corporellement touchées, faire accomplir et observer, et qu'icelui ferons par nos sujets observer et accomplir; et aussi que nous et nos héritiers ne viendroient jamais au contraire des choses dessusdites, ou aucunes d'icelles, en quelque manière, en jugement ou dehors jugement, directement, ou par oblique, ou par quelconque couleur exquise. Afin que ces choses soient fermes et stables perpétuellement à toujours, nous avons fait mettre notre scel à ces présentes lettres, données à Troyes, le vingt-unième jour du mois de mai, l'an mille quatre cent vingttième, et de notre règne, le quarante. Scellées à Paris, sous notre scel, ordonné en l'absence du grand'.

Ainsi signées par le roi en son grand conseil. « J. MILLET. »

1. Le projet de ce traité, si fécond en désastres, avait

CHAPITRE CCXXXIV.

Comment les rois de France et d'Angleterre, les reines leurs femmes, et ledit duc de Bourgogne partirent de Troyes; et des sièges de Sens et de Montereau.

APRÈS tous les traités par-dessus déclarés accomplis d'entre les rois de France et d'Angleterre, et aussi la solennité des noces parfaite, comme dit est, se partirenticeux rois, les reines leurs femmes, et le duc Philippe de Bourgogne, avec toute leur puissance, de la ville de Troyes en Champagne, et de la marche environ. Si se tirèrent vers Sens, en Bourgogne, qu'occupoient les gens du dauphin ; et eux, là venus assez près, fut icelle ville assiégée tout autour. Devant laquelle furent environ douze jours.

été approuvé le 29 avril dans une assemblée composée des cours souveraines, de l'université, du chapitre de l'église de Paris, du corps de ville et des principaux habitants de la capitale. Il fut signé le 21 mai, enregistré au parlement le 30, au châtelet le 1er juin, et dans l'université le 4 du même mois. Dès ce moment, chacun des deux partis eut à sa tête un régent de royaume héritier de la couronne. Le dauphin était maître dans le Midi, et le roi d'Angleterre possédait le Nord, Paris et la personne du roi, réduit, comme on sait, à un état d'imbécillité qui ne lui laissait que peu d'intervalles de jugement.

Au bout duquel terme, parce qu'ils n'avoient espérance nulle d'avoir secours, la rendirent en l'obéissance du roi de France, par condition que les gens d'armes et ceux qui se vouloient partir, s'en iroient, saufs leurs corps et leurs biens, réservé ceux qui seroient trouvés coupables de la mort du duc Jean, si aucuns en y avoit ; et les autres habitants seroient tenus de faire serment au roi de France. Mais grand' partie des gens d'armes dessusdits qui étoient léans, firent serment aux Anglois, et prirent la croix rouge par feintise ( foiblesse): nonobstant lequel serment, retournèrent bref devers le dauphin.

En après, ladite ville de Sens regarnie de nouvelles gens, se partirent de là les assiégeants, pour aller vers Montereau où faut Yonne. Et lors mourut dedans ladite ville, maître Eustache de Lactre, chancelier de France, qui, par long-temps, avoit été principal conseiller du duc de Bourgogne ; au lieu duquel fut constitué un nommé maître Jean le Clerc, président en parlement.

A l'entrée du mois de juin, le roi d'Angleterre et le duc de Bourgogne mirent le siége tout à l'environ de la ville et châtel de Montereau, où ils furent par longue espace, combattant icelle de gros engins, pour dérompre les portes et murailles. Dedans laquelle ville étoit capitaine général pour le dauphin, messire Pierre de Guitry, accompagné de quatre à cinq cents combattants, qui commencèrent très fort à eux défendre contre

lesdits assiégeants, et en tuèrent et navrèrent aucuns; entre lesquels y fut navré à mort, messire Butor, bâtard de Croy, qui étoit très vaillant chevalier, et expert en fait de guerre. Mais enfin ce leur profita peu : car, le jour Saint-Jean-Baptiste ensuivant, aucuns Anglois et Bourguignons, sans commandement de prince, s'émeurent soudainement, et tous ensemble allèrent assaillir en plusieurs lieux ladite ville : et tant continuèrent qu'ils entrèrent dedans en grand nombre, sans que lesdits assiégés fussent grandement empêchés. Et eux venus dedans, allèrent devers le châtel où étoient retraits la plus grand' partie des Dauphinois; lesquels vigoureusement furent par lesdits assaillants reboutés dedans ledit châtel, non pas sans perte; car ils furent de si près hâtés, qu'il en chut plusieurs en l'eau, lesquels furent noyés. Et si en eut de pris seize ou vingt, dont il avoit la plus grand' partie de gentilshommes. Par le moyen de laquelle prise, lesdits assiégés plus que paravant, furent en grand effroi. Et adonc le roi d'Angleterre fit loger grand' partie de ses gens dedans la ville et devant le pont dudit châtel.

Et lors les gens du duc de Bourgogne allèrent

par l'avertissement d'aucunes femmes de la ville, au lieu où étoit enterré le duc Jean de Bourgogne; et là, présentement, mirent sur la tombe un drap d'église, allumèrent à chacun bout de ladite tombe un cierge; et le lendemain, par le duc de Bourgogne, fils d'icelui duc trépassé, furent

envoyés plusieurs notables chevaliers et écuyers de son hôtel, pour faire déterrer et reconnoître ledit duc, lesquels, venus là, comme ordonné leur avoit été, le firent mettre dehors. Mais pour vrai c'étoit piteuse chose de le voir; et avoit encore son pourpoint et ses houseaux, et brièvement il n'étoit homme là étant qui se pût abstenir de pleurer. Finablement, en tel état, fut de nouvel remis en un cercueil de plomb, plein de sel et d'épices; et fut porté en Bourgogne, enterrer en une église de chartreux, dehors Dijon, que jadis avoit fait fonder le duc Philippe son père; et là fut mis emprès lui, par l'ordonnance du duc Philippe son fils. Durant ledit siége de Montereau, Charles, roi de France, et son conseil, envoyèrent le traité de la paix ci-dessus écrit à Paris, et par tous les bailliages et sénéchaussées, prévôtés, et autres lieux de son royaume étant en son obéissance, pour icelles prononcer et publier par tout où il étoit accoutumé de faire proclamation en tel cas.

Et, après la prise de Montereau, le roi d'Angleterre et sa puissance, avec lui le duc de Bourgo gne, se délogèrent dont ils étoient; et, par un pont qui nouvellement étoit fait sur Seine, allèrent loger entre deux rivières, c'est à savoir Seine et Yonne; et derechef firent de tous côtés approcher de la forteresse plusieurs gros engins pour icelle confondre et abattre. Et avec ce, le roi d'Angleterre envoya en bonne sûreté les dessusdits prisonniers, qui avoient été pris en la ville, parler

CHRONIQUES DE MONSTRELet. T. IV.

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