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aux intérêts de leurs Princes. Ces terres trop remuées, & devenues incapables de consistence font tombées de toutes parts, & n'ont fait voir que d'effroyables précipices. J'appelle ainfi tant d'erreurs téméraires & extravagantes qu'on voyoit paroître tous les jours. Ne croyez pas que ce foit feulement la querelle de l'Epifcopat, ou quelques chicanes fur la liturgie Anglicane, qui ayent ému les Communes. Ces difputes n'étoient encore que de foibles commencemens, par où ces efprits turbulens faifoient comme un effai de leur liberté.. Mais quelque chofe de plus violent fe remuoit dans le fond des cœurs c'étoit un dégout fécret de tout ce qui a de l'autorité, & une demangeaifon d'innover fans fin, après qu'on en a vu le prémier exemple.

Ainfi les Calviniftes plus har

dis

que les Luthériens, ont fervi à établir les Sociniens qui ont été plus loin qu'eux, & dont ils groffiffent tous les jours le parti. Les Sectes infinies des Anabaptiftes font forties de cette même fource; & leurs opinions mêlées au Calvinifme ont fait naître les Indépendans, qui n'ont point eu de bornes; parmi lefquels on voit les Trembleurs, Gens Fanatiques, qui croyent que toutes leurs rêveries leur font infpirées ; & ceux qu'on nomme Chercheurs à cause que dix-fept cens ans après JESUSCHRIST, ils cherchent encore la Religion, & n'en ont point d'arrêtée.

C'eft, MESSIEURS, en cette forte que les efprits une fois émus tombant de ruines en ruines, fe font divifés en tant de Sectes. En vain les Rois d'Angleterre ont cru les pouvoir rete

nir fur cette pente dangereufe, en confervant l'Epifcopat. Car que peuvent des Évêques, qui

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ont anéanti eux-mes l'autorité de leur Chaire & la révérence qu'on doit à la Succeffion, en condamnant ouvertement leurs Prédéceffeurs jufqu'à la fource même de leur Sacre c'eft-à-dire, jufqu'au Pape Saint Gregoire, & au Saint Moine Auguftin fon Disciple, & le premier Apôtre de la Nation Angloife? Qu'est-ce que l'Epifcopat, quand il fe fepare de l'Eglife, qui eft fon tout, auffi- bien que du Saint Siege, qui eft fon centre, pour s'attacher contre la nature à la Royauté comme à fon chef? Ces deux Puiffances d'un ordre fi différent ne s'uniffent pas, mais s'embarrassent mutuellement, quand on les confond enfemble; & la Majefté des Rois d'Angleterre feroit demeurée plus

inviolable fi contente de fes droits facrés, elle n'avoit point voulu attirer à foi les droits & l'autorité de l'Églife. Ainfi rien n'a retenu la violence des efprits féconds en erreur : & Dieu pour punir l'irréligieufe inftabilité de ces Peuples, les a livrés à l'intempérance de leur folle curiofité; en forte que l'ardeur de leurs diputes infenfées leur Religion arbitraire, eft devenue la plus dangereuse de leurs maladies.

,

&

Il ne faut point s'étonner s'ils perdirent le respect de la Majefté, & des Loix, ni s'ils devinrent factieux rebelles & opiniâtres. On énerve la Religion quand on la change, & on lui ôte un certain poids, qui feul eft capable de tenir les Peuples. Ils ont dans le fond du cœur je ne fçai quoi d'inquiet qui s'échappe, fi on leur ôte ce frein né

ceffaire,

ceffaire ; & on ne leur laiffe plus rien à ménager, quand on leur permet de fe rendre Maîtres de leur Religion. C'est de-là que nous eft né ce prétendu regne de CHRIST, inconnu jufques alors au Chriftianisme, qui devoit anéantir toute la Royauté, & égaler tous les hommes: fonge féditieux des Indépendans, & leur chimere impie & facrilége: tant il eft vrai que tout fe tourne en révoltes, & en penfées féditieufes, quand l'autorité de la Religion est anéantie, Mais pourquoi chercher des ves d'une vérité que le SaintEfprit a prononcée par une Sentence manifefte? Dieu même menace les Peuples qui altèrent la Religion qu'il a établie, de fe retirer du milieu d'eux, & parlà de les livrer aux guerres civiles. Ecoutez comme il parle par la bouche du Prophête Za

D

preu

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