Imágenes de página
PDF
ePub

charmé de voir tant de lumieres unies à tant de vertus & de jeuneffe, fit écrire à Metz au pere de l'Orateur, & le félicita fur les fuccès édifians de fon fils. Quand un Prince eft fi fenfible au mérite, & qu'il veut bien lui donner des marques fi flatteufes de diftinction, il a trouvé tout d'un-coup l'heureux fecret d'exciter l'émulation dans fes Etats: le talent qu'il diftingue lui en enfante mil

le autres.

62.65.66°

Celui de M. Boffuet avoit trop En 1661 d'éclat pour ne lui pas mériter 68.69. des places honorables. Après avoir eu l'honneur de prêcher devant le Roi, il fut nommé à l'Evêché de Condom. Prefque auffitôt, pour le rendre auffi utile à F'Etat qu'il l'étoit à l'Eglife, le Roi lui confia l'éducation de Monfeigneur le Dauphin. Mais En 1670. cet emploi qui attache inceffamment à la Cour, parur au nou

veau Prélat un titre incompatible avec les devoirs du Pasteur dont le plus effentiel eft de veiller fur fon Troupeau d'affez près pour le connoître & pour en être connu. Il fe déchargea donc du poids d'un rang à fes yeux plus formidable encore que brillant. Et cette démarche que lui infpiroit fa réligion feule, lui attira de nouveaux éloges & une gloire nouvelle.

gers,

Libre ainfi de tous foins étranil ne s'occupa plus que de ceux de fa place ; & tandis que M. le Duc de Montaufier, gouverneur du jeune Prince, le formoit à des sentimens dignes de fon augufte naiffance, M. Boffuet verfoit dans fon efprit les plus hautes connoiffances, dans fon cœur l'amour fincere de la Religion, & ce qui est inséparable une tendre affection pour les hommes, vertu fi néceffaire à

2

ceux qui naiffent pour les conduire. Ses travaux eurent le fuccès qu'il en attendoit. Toute la France lui en marqua fa reconnoiffance, par fon amour pour fon augufte Eléve. Les Etrangers s'affocierent même à notre joie; & le Souverain Pontife fembla leur en donner l'exemple, par le Bref honorable qu'il écrivit à M. Boffuet fur le bonheur d'une fi belle éducation.

Elle n'étoit pas feulement utile à la Nation par les fruits qu'il lui étoit fi naturel de s'en promettre; elle le fut à l'Europe entiere, en lui procurant des écrits propres à former les Rois de tous les Peuples. C'eft à elle en effet que font dûes cette Politique fondée fur les maximes, appuiée fur les exemples de l'Ecriture; & cette Hiftoire Univerfelle, où le développement des faits antiques devient la matiere d'une fi

"

7680.

1681.

1667.

$698,

fublime inftruction, qu'en la lifant il femble, comme l'a dit un célébre Auteur, que ce foit la Religion qui s'explique ellemême.

Après dix années de foins affidus auprès de Monfeigneur, M. Boffuet redevint libre. Il ne le fut pas affez néanmoins pour s'éloigner de la Cour. Le Roi le connoiffoit trop pour ne le pas attacher à fa maison : il lui donna la charge de premier Aumônier de Madame la Dauphine; & quand il fe le fut, pour ainfi dire, affuré par-là, il le nomma à l'Evêché de Meaux : quelques années après il le fit Conseiller d'Etat, & enfin premier Aumônier de Madame la Ducheffe de Bourgogne. Le Public qui par un intérêt affez raifonnable aime à voir que les graces du Souverain se partagent, trouva pour la premiere fois que toutes celles

ci n'étoient pas trop pour un homme qui contenoit feul tant de mérites divers, & qui après tant de fervices rendus à l'Eglife & à l'Etat, pouvoit continuer de leur être fi utile.

Il le fut en effet par de nouveaux Ouvrages dont la mémoire ne mourra jamais. Déja il s'étoit diftingué parmi nos plus célébres Controverfiftes, par fa do&te réfutation du Catéchisme de 1655. Paul Ferry, Miniftre Proteftant. Il le fut bien davantage par fon Expofition de la Doctrine Catholi- 1671; que, où font détruites les fauffes opinions que l'hérélie nous imputoit. Ecrit admirable, fingulierement adopté par le Clergé de France, honoré des éloges de tous les Théologiens & de tous les Prélats étrangers, comblé de louanges par Innocent XI. traduit dans toutes les Langues, & repandu par toute la terre. C'eft

« AnteriorContinuar »