ORAISON FUNEBRE DE HENRIETTE-ANNE D'ANGLETERRE, DUCHESSE D'ORLEANS, PRONONCÉÉ A SAINT Denis, le 21. jour d'Août 1670. DE HENRIETTE-ANNE D'ANGLETERRE, DUCHESSE D'ORLEANS. Vanitas vanitatum, dixit Ecclefiaftes: Eccl. vanitas vanitatum, & omnia vanitas. Vanité des vanités, a dit l'Eccléfiafte: vanité des vanités, & tout eft vanité. *** M ONSEIGNEUR, J'étois donc encore deftiné à rendre ce devoir funebre à Trèshaute & Très-Puiffante Princeffe HENRIETTE - ANNE D'ANGLETERRE, DUCHESSE D'ORLEANS. Elle, que j'avois vue fi attentive Monfieu le Prince pendant que je rendois le même devoir à la Reine fa mere, devoit être fi-tôt après le sujet d'un difcours femblable; & ma trifte voix étoit réfervée à ce déplorable ministere. O vanité! ô néant ! ô mortels ignorans de leurs deftinées! L'eût-elle cru il y a dix mois ? & vous, MESSIEURS euffiez-vous pensé, pendant qu'el le versoit tant de larmes en ce lieu, qu'elle dût fi-tôt vous y raffembler pour la pleurer elle-même? PRINCESSE, le digne objet de l'admiration de deux grands Royaumes, n'étoit-ce pas affez que l'Angleterre pleurât votre abfence, fans être encore réduite à pleurer votre mort? Et la France qui vous revit avec tant de joie environnée d'un nouvel éclat, n'avoit-elle plus d'autres pompes & d'autres triomphes pour vous, au retour de ce voyage fameux d'où vous aviez rem porté tant de gloire, & de fi belles espérances? Vanité des vanités, & tout eft vanité. C'est la seule parole qui me reste ; c'est la feule réflexion que me permet, dans un accident si étrange, une fi jufte & fi fenfible douleur. Auffi n'ai-je point parcouru les Livres facrés, pour y trouver quelque texte que je puiffe appliquer à cette Princeffe. J'ai pris fans étude & fans choix les premieres paroles que me préfente l'Eccléfiafte, où quoique la vanité ait été fi fouvent nommée, elle ne l'eft pas encore affez à mon gré pour le deffein que je me propose. Je veux dans un feul malheur déplorer toutes les calamités du genre-humain, & dans une feule mort faire voir la mort & le néant de toutes les grandeurs humaines. Ce texte qui convient à tous les états & à tous le évenemens de notre |