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tabli prefque toutes feules: il regne paifible & glorieux fur le Trône de fes Ancêtres, & fait regner avec lui la justice, la fageffe, & la clémence.

Il eft inutile de vous dire combien la Reine fut confolée par ce merveilleux évenement; mais elle avoit appris par fes malheurs, à ne changer pas dans un fi grand changement de fon état. Le monde une fois banni, n'eut plus de retour dans fon cœur. Elle vit avec étonnement que Dieu, qui avoit rendu inutiles tant d'entreprises & tant d'efforts , parce qu'il attendoit l'heure qu'il avoit marquée, quand elle fut arrivée, alla prendre comme par la main, le Roi fon fils, pour le conduire à fon Trône. Elle fe foumit plus que jamais à cette main fouveraine qui tient du plus haut des Cieux les rênes de tous les Empires;

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& dédaignant les Trônes qui peuvent être ufurpés, elle attacha fon affection au Royaume,* où l'on ne craint point d'avoir des égaux, & où l'on voit fans jaloufie fes concurrens. Touchée de ces fentimens, elle aima cette humble maison plus que fes Palais. Elle ne fe fervit plus de fon pouvoir, que pour protéger la Foi Catholique, pour multiplier fes aumônes, & pour foulager plus abondamment les familles réfugiées de fes trois Royaumes, & tous ceux qui avoient été ruinés pour la caufe de la Religion, ou pour le fervice du Roi. Rappellez en votre mémoire avec quelle circonfpection elle ménageoit le prochain, & combien elle avoit d'averfion pour les difcours empoifonnés de la médifance. Elle fçavoit de quel

* Plus amant illud regnum in quo non timent habere confortes. S. Aug. 1. 5. de Civit. c 24

poids eft non-feulement la moindre parole, mais le filence même des Princes; & combien la médifance fe donne d'empire, quand elle a ofé feulement paroître en leur auguste présence. Ceux qui la voyoient attentive à pefer toutes les paroles, jugeoient bien qu'elle étoit fans ceffe fous la vue de Dieu, & que fidelle imitatrice de l'Inftitut de Sainte Marie, jamais elle ne perdoit la fainte présence de la Majefté divine. Auffi rappelloit-elle fouvent ce précieux fouvenir par l'oraison, & par la lecture du Livre de l'Imitation de JESUS, où elle apprenoit à fe conformer au véritable modele des Chrétiens. Elle veilloit fans relâche fur fa confcience. Après tant de maux, & tant de traverfes, elle ne connut plus d'autres ennemis que fes péchés. Aucun ne lui fembla leger; elle en

faifoit un rigoureux examen; & foigneufe de les expier par la pénitence & par les aumônes, elle étoit fi bien préparée, que la mort n'a pu la furprendre, encore qu'elle foit venue fous l'apparence du fommeil. Elle eft morte cette grande Reine; & par sa mort elle alaiffé un regret éternel, nonfeulement à MONSIEUR & à MADAME, qui fideles à tous leurs devoirs, ont eu pour elle des refpects fi foumis, fi finceres, fi perfévérans, mais encore à tous ceux qui ont eu l'honneur de la fervir, ou de la connoître. Ne plaignons plus fes difgraces, qui font maintenant fa félicité. Si elle avoit été plus fortunée, fon hiftoire feroit plus pompeuse mais fes œuvres feroient moins pleines; & avec des titres fuperbes, elle auroit peut-être paru vuide devant Dieu. Maintenant qu'elle a préféré la Croix au

108 Oraif. Fun. de la R. d'Angl. Trône, & qu'elle a mis fes malheurs au nombre des plus grandes graces, elle recevra les confolations qui font promises à ceux qui pleurent. Puiffe donc ce Dieu de miféricorde accepter ses afflictions en sacrifice agréable! Puiffe-t'il la placer au fein d'Abraham, & content de fes. maux, épargner déformais à fa famille & au monde de si terri¬ bles leçons !

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