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s'arrêta dans une grande salle, et, pendant qu'il parlait longuement de la fabrique de Saint-Pierre, la sueur se refroidit sur son corps, et il fut pris d'un mal subit. Étant rentré chez lui, il fut saisi d'une sorte de fièvre pernicieuse, qui l'emporta dans la tombe.»>

Se sentant mourir, il donna ordre de faire partir sa maîtresse, à qui il laissa par testament de quoi vivre honnêtement. Il partagea le reste de son bien, qui était considérable (16 000 ducats d'or, c'est-àdire près d'un million de notre monnaie), entre son élève et collaborateur Jules Romain, et un de ses oncles qui était prêtre à Urbino. Illégua sa maison, située près du Vatican, au cardinal Bibiena, dont il devait épouser la nièce.

Bellori, dans le portrait qu'il nous trace de Raphaël, concilie les deux explications de la mort prématurée de ce grand artiste : « Il était, dit-il, d'une complexion très-grêle et délicate, qui ne promettait pas une longue vie; il avait le cou long et mal placé. Ces mauvaises dispositions physiques, la fatigue résultant d'études continuelles, et son goût pour le plaisir, durent abréger sa vie. »

Raphaël s'est représenté dans plusieurs de ses ouvrages. << Son visage, agréable et délicat, est loin d'être régulier : le nez est grand et fin, les lèvres pleines, la mâchoire inférieure avancée; mais les yeux sont très-beaux, bien ouverts, doux et bienveillants; les cheveux sont bruns, comme les yeux; le teint olivâtre et très-particulier1. »

1. Charles Clément, Michel-Ange, Léonard de Vinci, Raphaël.

En résumé, l'art ne vit pas d'abstractions, cela est vrai; mais la mythologie, soit païenne, soit chrétienne, ne lui est pas absolument indispensable. S'il leur emprunte volontiers leurs légendes pour prêter des corps à ses créations, il saurait trouver d'autres éléments, et le vaste champ de l'histoire humaine lui en offre d'inépuisables.

Toujours est-il qu'il y a une peinture catholique et une peinture protestante: la première, plus préoccupée de la beauté réelle; la seconde, de la beauté morale; l'une, éprise avant tout de l'art et contemplant avec amour la terre, la nature, l'homme, la femme, les animaux, la vie sous toutes ses formes; l'autre, s'attachant à l'idée et ne voulant regarder que le ciel. Au reste, c'est tantôt la peinture catholique qui l'emporte, et tantôt la peinture protestante, selon le génie des artistes.

Le Titien, dans le repas des Pèlerins d'Emmaüs, met sous la table un chien en querelle avec un chat: détail réaliste, qui distrait l'esprit du sens de cette noble scène. Rembrandt, plus sérieux et plus profond, a si grand'peur de le distraire, que dans le même sujet, sur la table bénie, si splendide par la lumière, il ne met rien. Repas idéaliste, vraiment digne du convive, qui est Jésus. Ceux qui riraient de cette idée sont libres de supposer que le repas est fini, ou n'est pas encore commencé. Toujours est-il que l'artiste a choisi, avec un dessein évident, le moment précis où pas un détail de la

vie réelle et vulgaire ne peut troubler dans l'âme du spectateur le grand effet moral.

La sculpture et l'architecture achèveront de faire voir les influences réciproques des religions sur les arts et des arts sur les religions;

complexes, psycho-physiologiques.

faits mixtes et

LA SCULPTURE.

Pour la facilité de l'analyse, nous essayerons de séparer, dans notre étude, la sculpture et l'architecture; mais il sera quelquefois impossible de ne pas les mêler ensemble, comme dans la réalité, c'est-à-dire dans l'art.

Voici d'immenses souterrains, à plafonds bas, soutenus par de gros piliers courts; voici un géant à huit bras, le pied gauche posé sur un éléphant couché c'est Vira-Bhadra, une des avatars ou incarnations de Vischnou. Une autre statue nous le montre, moitié homme, moitié lion, s'élançant du milieu d'une colonne. D'autres temples, non souterrains, sont portés par un bataillon carré de gros éléphants: c'est là le socle de l'édifice. Au dedans on voit tantôt l'un, tantôt l'autre des animaux dont Vischnou a pris la forme: la tortue, le poisson, le sanglier à quatre bras, le cheval, le sinhá (lion gigantesque sans crinière).

Ou bien, voici l'antique pagode de Talicot, surmontée du boeuf colossal de Siva! Ou les rochers sculptés de Mâvalipouram, montagnes taillées en temples, œuvre gigantesque! Ou ceux de l'île de Salcette, près d'Ellora. Ou bien c'est la grande pagode de Tritchinâpali, avec sa forme carrée, à lignes roides, et ses murailles toutes nues, soit à l'extérieur, soit à l'intérieur. Tout auprès, celle de Siringam, à sept enceintes : au dedans, l'image de Vischnou, à laquelle Brahma lui-même rend un culte d'adoration : elle représente le dieu Vischnou couché sur le serpent Sécha (Durée) ou Ananta (Sans-Fin), dont les sept têtes lui servent de dais;

ils voguent sur un océan de lait, agité par les bons et les mauvais génies. — Quelquefois un lotos énorme jaillit de son nombril, et Brahma est assis dans cette fleur. - Dans d'autres temples, on voit Vischnou assis par terre, les mains posées à terre aussi et en arrière, la tête renversée et les yeux levés au ciel, avec une expression de béatitude extatique. Autour de lui s'empressent les Gopi ou Laitières ; ce sont les naïades des Indous, elles versent du lait au lieu d'eau.

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A la pagode d'Éléphantine, près de Bombay, la statue colossale de Brahma est assise les bras croisés par devant, elle a le visage et le corps d'un homme; par derrière, le visage et le corps d'une femme; sur le côté droit de la poitrine, on voit le soleil; à gauche, la lune et les constellations. On y voit aussi représentés des animaux, des plantes, des rivières, des montagnes. Les Indiens croient que

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