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peut-être pas; mais à ces dépôts que la mort ne disperse jamais, ce ne sont pas des ouvrages isolés qu'il faut signaler, ce sont des classes entières qu'il leur importe de vérifier. Il en est une principalement sur laquelle je crois devoir appeler l'attention, c'est celle du Judaïsme; dans les deux cent vingt-cinq numéros à peu près dont elle se compose, peu se trouvent qui ne soient importants. Mais l'usage de ces livres est tellement restreint en France, que c'est surtout dans les établissements publics que la place s'en trouve marquée; là, au moins, l'étude est toujours sûre qu'au premier besoin ils répondront à son appel. La série de la liturgie orientale qui comprend la collection presque entière des éditions du Liban, et plusieurs autres impressions de l'Orient si difficiles à réunir en Europe, mérite également d'être recueillie (1326 à 1362); et l'on trouvera, dans la section du Mahométisme, de vraies perles inattendues; je ne citerai que le curieux et rarissime essai d'édition arabe-latine de l'Alcoran donné par Danzius en 1692 (remarquez la date, antérieure à Hinc+ kelmann), et dont on ne trouverait probablement pas un deuxième exemplaire (1484); l'Alcoran de Saint-Pétersbourg, 1789, seulement soupçonné par Schnurrer; celui de Kazan, réimprimé trois fois et en deux formats (1464, 1465, 1466, 1467). Je ne parle pas de celui de Maracci, dont tout le monde connaît l'importance (1462); mais je signalerai les curieux opuscules de Langius, d'Acoluthus, etc. (1457, 1458, 1459), utiles à consulter pour l'his

toire littéraire de l'Alcoran, ainsi que toute la série des livres de dogme, de liturgie et de jurisprudence mahométane, imprimés à Constantinople, à Boulaq et à Calcutta, série comprise sous les numéros 1487 à 1530.

Aussi les mathématiciens trouveront à s'enrichir dans ce premier volume. Le Khazanat ul ilm (1612), l'Algèbre de Ben Musa (1623), l'Euclide de Naçîr Eddin (1628, 1629, 1630), ainsi que la Dissertation de Gartz sur les interprètes arabes du géomètre grec (1627), doivent attirer leur attention; je leur signalerai aussi les deux ouvrages des numéros 1697 et 1698, relatifs à la discussion des Parses au sujet de l'année intercalaire dans la chronologie de Zoroastre.

Les ouvrages d'histoire naturelle de Forskâl (1721), de botanique de Clusius (1751), l'Agriculture de Abu Zacaria Iahia (1768), l'Avicenne arabe de Rome, 1593 (1815); les Tablettes de la santé, de Elluchasem elimithar (Ebn Djiezla) (1821); la Chirurgie d'Albucasis, de Channing, bel exemplaire en maroquin vert; les ouvrages modernes de médecine des Orientaux, entre autres le Moojizool-qanoon, et son Commentaire Ashshurh-ool-moognee (1835 et 1836); enfin, la célèbre anatomie turque de Chany Zadé, premier ouvrage où des musulmans aient placé des figures humaines (1837): voilà bien des livres qui doivent intéresser sinon la science elle-même, au moins l'histoire de la science.

rais

Je m'arrête, car, sans m'en apercevoir, je finipar faire une table de ce volume; l'abondance des matières m'a entraîné à mon insu, et cependant, de cette bibliothèque spécialement orientale, je n'ai rien signalé aux orientalistes. Qu'on ne s'en étonne pas, c'est que ce Catalogue tout entier leur est destiné, c'est que, mieux que personne, ils savent ce que présentent d'intérêt, soit au travail, soit à la curiosité, les livres qui sont dans la ligne de leurs études; c'est qu'enfin ces livres ont encore pour eux un mérite spécial, c'est celui d'avoir appartenu à un savant qui fut pour ses élèves non moins un père qu'un maître, et dont le nom a été porté, dans toute l'Europe lettrée comme dans les contrées les plus éloignées de l'Orient, riche de respects et de bénédictions.

NOTA. Je prie les personnes qui remarqueront des fautes dans ce volume de vouloir bien meles signaler; je profiterai de leurs observations pour l'errata général que je me propose de placer à la fin du Catalogue.

MOTIFS

DE L'ORDRE SUIVI DANS LE CLASSEMENT DE LA THÉOLOGIE

CONTENUE DANS CE PREMIER VOLUME.

Pour peu qu'on examine avec quelque attention le tableau des divisions bibliographiques placé à la fin de ce volume, on comprendra facilement la marche que j'ai suivie; mais elle s'éloigne tellement des habitudes reçues, qu'il devient nécessaire de développer les motifs qui m'ont guidé dans l'ordre général et dans la distribution des détails. Ce n'est pas à la légère que j'ai porté la hache dans l'ancien édifice, d'autant plus respectable qu'il avait été élevé par des gens spéciaux: mais la science s'est agrandie dans certaines parties; dans d'autres, l'ordre avait cessé d'être sensible, peut-être aussi les auteurs du système s'étaient-ils montrés trop sévèrement exclusifs, placés qu'ils étaient au point de vue purement catholique. Je pouvais donc faire choix d'un autre point de départ, et cela sans que l'orthodoxie eût à en concevoir la moindre alarme.

J'ai supposé un homme privé, jusqu'à ce jour, de toute idée de Dieu. Je lui fais admirer l'ordre et la sagesse de l'univers matériel, les merveilles de cette intelligence humaine, puissance presque sans rivale, qui s'empare du sceptre de la création ; je le conduis des effets à la cause, et cet homme devine Dieu. Voilà mon introduction, ce que j'appelle la Philosophie religieuse.

Mais ce Dieu quel est-il? A cette question et si simple et si grave, je me garde bien de donner une réponse c'est le néophyte lui-même qui la fera bientôt. Qu'il

TOM. I.

D

me suive seulement en ce voyage de découvertes à la recherche du vrai Dieu.

Cette idée d'un créateur que je viens de faire naître en lui, dans tous les temps, dans tous les lieux, chez tous les hommes on la retrouve, non pourtant sous la même forme, mais différemment modelée par la main de la crainte, du désir ou de l'espérance; et la superstition de l'homme n'aurait cessé d'errer dans ce labyrinthe d'autels, élevés moins souvent aux vertus qu'aux passions et aux vices, si prenant pitié de cette pauvre raison humaine, oublieuse de son essence divine, Dieu lui-même ne s'était révélé à l'homme pour le délivrer enfin du joug de la matière et le rendre à son immortelle destinée.

Pour ne pas nous égarer au hasard sur cette vaste mappe-monde des croyances humaines, nous en étudierons d'abord l'ensemble; nous y remarquerons deux mondes distincts, un monde ancien qui a cessé d'exister, et n'est plus cité que pour mémoire; un monde nouveau plein de vitalité, où la vérité a triomphé de l'erreur, mais où celle-ci a ses puissances encore.

Nous commencerons notre visite par les ruines de ce monde détruit, le Paganisme, et après avoir interrogé les idoles brisées de l'Égypte et de l'Asie, l'olympe abandonné de la Grèce et de Rome, les pierres druïdiques, le Valholla vide d'Odin et de ses héros scandinaves, nous quitterons ces vastes cimetières de l'immortalité, pour méditer sur la mésaventure de dieux vieillis et morts comme l'homme qui, pour prix d'une lâche indulgence à ses passions, leur vendait, sans garantie, une immortalité de faux aloi.

Le monde nouveau, ce monde si animé et si curieux des cultes vivants, nous nous exposerions aussi à l'ex

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