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Idoménée, craignant le départ de ses deux hôtes, propose à Mentor plusieurs affaires embarrassantes, l'assurant qu'il ne les pourra régler sans son secours. Mentor lui explique comment il doit se comporter, et tient ferme pour remmener Télémaque. Idoménée essaie encore de les retenir en excitant la passion de ce dernier pour Antiope. Il les engage dans une partie de chasse, où il veut que sa fille se trouve. Elle y seroit déchirée par un sanglier, sans Télémaque qui la sauve. Il sent ensuite beaucoup de répugnance à la quitter, et à prendre congé du roi son pere: mais, encouragé par Mentor, il surmonte sa peine, et s'embarque pour sa patrie.

Liv. 23

Humblet inv.

Mathey fes

Telemaque dans une partie de chasse, delivre Antiope d'un Sanglier, dont il lui presente la hure.

LIVRE VINGT-TROISIEME.

IDOMÉNÉE, qui craignoit le départ de Télémaque et de Mentor, ne songeoit qu'à le retarder. Il représenta à Mentor qu'il ne pouvoit régler sans lui un différend qui s'étoit élevé entre Diophanes, prêtre de Jupiter conservateur, et Héliodore, prêtre d'Apollon, sur les présages qu'on tire du vol des oiseaux et des entrailles des victimes.

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Pourquoi, lui répondit Mentor, vous mêleriezvous des choses sacrées? Laissez-en la décision aux

Étruriens, qui ont la tradition des plus anciens oracles, et qui sont inspirés pour être les interpretes des dieux; employez seulement votre autorité à étouffer ces disputes dès leur naissance. Ne montrez ni partialité ni prévention; contentez-vous d'appuyer la décision, quand elle sera faite : souvenez-vous qu'un roi doit être soumis à la religion, et qu'il ne doit jamais entreprendre de la régler; la religion vient des dieux, elle est au-dessus des rois. Si les rois se mêlent de la religion, au lieu de la protéger ils la mettront en servitude. Les rois sont si puissants, et les autres hommes sont si foibles, que tout sera en péril d'être altéré au gré des rois si on les fait entrer dans les questions qui regardent les choses sacrées.

Laissez donc en pleine liberté la décision aux amis des dieux; et bornez-vous à réprimer ceux qui n'o béiroient pas à leur jugement, quand il aura été prononcé.

Ensuite Idoménée se plaignit de l'embarras où il étoit sur un grand nombre de procès entre divers particuliers, qu'on le pressoit de juger.

Décidez, lui répondit Mentor, toutes les questions nouvelles qui vont à établir des maximes générales de jurisprudence, et à interpréter les loix; mais ne vous chargez jamais de juger les causes particulieres, elles viendroient toutes en foule vous assiéger; vous. seriez l'unique juge de tout votre peuple, tous les autres juges qui sont sous vous deviendroient inutiles; vous seriez accablé, et les petites affaires vous déro¬ beroient aux grandes, sans que vous pussiez suffire à régler le détail des petites. Gardez-vous donc bien de vous jeter dans cet embarras; renvoyez les affaires des particuliers aux juges ordinaires : ne faites que ce que nul autre ne peut faire pour vous soulager; vous ferez alors les véritables fonctions de roi.

On me presse encore, disoit Idoménée, de faire certains mariages. Les personnes d'une naissance distinguée qui m'ont suivi dans toutes les guerres, et qui ont perdu de très grands biens en me servant,'. voudroient trouver une espece de récompense en

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