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DU LIVRE VINGT-UNIEME.

Adraste étant mort, les Dauniens tendent les mains aux alliés en signe de paix, et leur demandent un roi de leur nation. Nestor, inconsolable d'avoir perdu son fils, s'absente de l'assemblée des chefs, où plusieurs opinent qu'il faut partager le pays des vaincus, et céder à Télémaque le terroir d'Arpi. Bien loin d'accepter cette offre, Télémaque fait voir que l'intérêt commun des alliés est de choisir Polydamas pour roi des Dauniens, et de leur laisser leurs terres. Il persuade ensuite à ces peuples de donner la contrée d'Arpi à Diomede survenu fortuitement. Les troubles étant ainsi finis, tous se séparent pour s'en retourner chacun dans son pays.

Liv. 21.

Humblot inv.

Bacquois sculp

Polydamas est choisi pour Roi des Dauniens.
par lavis de Telemaque.

LIVRE VINGT-UNIEME.

APEINE Adraste fut mort, que tous les Dauniens; loin de déplorer leur défaite et la perte de leur chef, se réjouirent de leur délivrance: ils tendirent les mains aux alliés en signe de paix et de réconciliation. Métrodore, fils d'Adraste, que son pere avoit nourri dans des maximes de dissimulation, d'injustice et d'inhumanité, s'enfuit lâchement. Mais un esclave, complice de ses infamies et de ses cruautés, qu'il avoit affranchi et comblé de biens, et auquel seul il se confia dans sa fuite, ne songea qu'à le trahir pour son propre intérêt: il le tua par derriere pendant. qu'il fuyoit, lui coupa la tête, et la porta dans le camp des alliés, espérant une grande récompense d'un crime qui finissoit la guerre. Mais on eut horreur de ce scélérat, et on le fit mourir. Télémaque ayant vu la tête de Métrodore, qui étoit un jeune homme d'une merveilleuse beauté, et d'un naturel excellent, que les plaisirs et les mauvais exemples avoient corrompu, ne put retenir ses larmes. Hélas! s'écria-t-il, voilà ce que fait le poison de la prospérité pour un jeune prince : plus il a d'élévation et de vivacité, plus il s'égare et s'éloigne de tous sentiments de vertu. Et maintenant je serois peut-être de même,

si les malheurs où je suis né, grace aux dieux, et les instructions de Mentor, ne m'avoient appris à me modérer.

Les Dauniens assemblés demanderent, comme l'unique condition de paix, qu'on leur permît de faire un roi de leur nation, qui pût effacer par ses vertus l'opprobre dont l'impie Adraste avoit couvert la royauté. Ils remercioient les dieux d'avoir frappé le tyran : ils venoient en foule baiser la main de Télémaque, qui avoit été trempée dans le sang de ce monstre ; et leur défaite étoit pour eux comme un triomphe. Ainsi tomba en un moment, sans aucune ressource, cette puissance qui menaçoit toutes les 'autres dans l'Hespérie, et qui faisoit trembler tant de peuples. Semblable à ces terrains qui paroissent fermes et immobiles, mais que l'on sappe peu-à-peu par-dessous : long-temps on se moque du foible travail qui en attaque les fondements; rien ne paroît affoibli, tout est uni, rien ne s'ébranle; cependant tous les soutiens sont détruits peu-à-peu, jusqu'au moment où tout-à-coup le terrain s'affaisse et ouvre un abyme, Ainsi une puissance injuste et trompeuse, quelque prospérité qu'elle se procure par ses violences, creuse elle-même un précipice sous ses pieds, La fraude et l'inhumanité sappent peu-à-peu tous les plus solides fondements de l'autorité légitime;

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