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royaume. Bélus se croyoit plus riche par l'abondance où il mettoit son peuple, et par l'amour de ses sujets pour lui, que par tous les tributs qu'il auroit pu leur imposer.

Ces hommes, que tu crois morts, vivent, mont fils; et c'est la vie qu'on traîne misérablement sur la terre, qui n'est qu'une mort: les noms seulement sont changés. Plaise aux dieux de te rendre assez bon pour mériter cette vie heureuse que rien ne peut plus finir ni troubler! Hâte-toi, il en est temps, d'aller chercher ton pere. Avant que de le trouver, hélas! que tu verras répandre de sang! mais quelle gloire t'attend dans les campagnes de l'Hespérie! Souvienstoi des conseils du sage Mentor: pourvu que tu les suives, ton nom sera grand parmi tous les peuples et dans tous les siecles.

Il dit; et aussitôt il conduisit Télémaque vers la porte d'ivoire par où l'on peut sortir du ténébreux empire de Pluton. Télémaque, les larmes aux yeux, le quitta sans pouvoir l'embrasser; et, sortant de ces sombres lieux, il retourna en diligence vers le camp des alliés, après avoir rejoint sur le chemin les deux jeunes Crétois qui l'avoient accompagné jusqu'auprès de la caverne, et qui n'espéroient plus de le

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FIN DU LIVRE DIX-NEUVIEME..

DU LIVRE VINGTIEME.

Dans une assemblée des chefs, Télémaque fait prévaloir son avis pour ne pas surprendre Venuse, laissée par les deux partis en dépôt aux Lucaniens. Il fait voir sa sagesse à l'occasion de deux transfuges, dont l'un, nommé Acante, avoit entrepris de l'empoisonner: l'autre, nommé Dioscore, offroit aux alliés la tête d'Adraste. Dans le combat qui s'engage ensuite, Télémaque porte la mort par-tout où il va pour trouver Adraste; et ce roi, qui le cherche aussi, rencontre et tue Pisistrate, fils de Nestor. Philoctete survient; et, dans le temps où il va percer Adraste, il est blessé lui-même, et obligé de se retirer du combat. Télémaque court aux cris de ses alliés, dont Adraste fait un carnage horrible. Il combat cet ennemi, et lui donne la vie à des conditions qu'il lui impose. Adraste, relevé, veut surprendre Télémaque; celui-ci le saisit une seconde fois, et lui ôte la vie.

Telemaque après avoir donné la vie à Adraste, est obligé de le tuer pour sauver la sienne.

LIVRE VINGTIEME.

CEPENDANT les chefs de l'armée s'assemblerent pour délibérer s'il falloit s'emparer de Venuse. C'étoit une ville forte qu'Adraste avoit autrefois usurpée sur ses voisins, les Apuliens Peucetes. Ceux-ci étoient entrés contre lui dans la ligue pour demander justice sur cette invasion. Adraste, pour les appaiser, avoit mis cette ville en dépôt entre les mains des Lucaniens; mais il avoit corrompu par argent, et la garnison lucanienne, et celui qui la commandoit: de maniere que les Lucaniens avoient moins d'autorité effective que lui dans Venuse; et les Apuliens, qui avoient consenti que la garnison lucanienne gardât Venuse, avoient été trompés dans cette négociation.

Un citoyen de Venuse, nommé Démophante, avoit offert secrètement aux alliés de leur livrer la nuit une des portes de la ville. Cet avantage étoit d'autant plus grand, qu'Adraste avoit mis toutes ses provisions de guerre et de bouche dans un château voisin de Venuse, qui ne pouvoit se défendre si Venuse étoit prise. Philoctete et Nestor avoient déja opiné qu'il falloit profiter d'une si heureuse occasion.. Tous les chefs, entraînés par leur autorité, et éblouis

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