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la mer, et s'y jette avec lui. Télémaque, surpris de cette violente chûte, but l'onde amere, et devint le jouet des flots. Mais revenant à lui, et voyant Mentor qui lui tendoit la main pour lui aider à ne songea plus qu'à s'éloigner de l'isle fatale.

nager, il

Les nymphes, qui avoient cru les tenir captifs, pousserent des cris pleins de fureur, ne pouvant plus empêcher leur fuite. Calypso, inconsolable, rentra dans sa grotte, qu'elle remplit de ses hurlements. L'Amour, qui vit changer son triomphe en une honteuse défaite, s'éleva au milieu de l'air en secouant ses ailes, et s'envola dans le bocage d'Idalie, où sa cruelle mere l'attendoit. L'enfant, encore plus cruel, ne se consola qu'en riant avec elle de tous les maux qu'il avoit faits.

A mesure que Télémaque s'éloignoit de l'isle, il sentoit avec plaisir renaître son courage et son amour pour la vertu. J'éprouve, s'écrioit-il, en parlant à Mentor, ce que vous me disiez, et que je ne pouvois croire faute d'expérience: on ne surmonte le vice qu'en le fuyant. Ô mon pere! que les dieux m'ont aimé en me donnant votre secours! Je méritois d'en être privé, et d'être abandonné à moi-même. Je ne crains plus ni mer, ni vents, ni tempêtes; je ne crains plus que mes passions. L'amour est lui seul plus à craindre que tous les naufrages.

FIN DU LIVRE SEPTIEME.

SOMMAIRE

DU LIVRE HUITIEME.

Adoam, frere de Narbal, commande le vaisseau tyrien où Télémaque et Mentor sont reçus favorablement. Ce capitaine, reconnoissant Télémaque, lui raconte la mort tragique de Pygmalion et d'Astarbé, puis l'élévation de Baléazar, que le tyran son pere avoit disgracié à la persuasion de cette femme. Pendant un repas qu'il donne à Télémaque et à Mentor, Achitoas, par la douceur de son chant, assemble autour du vaisseau les Tritons, les Néréides, et les autres divinités de la mer. Mentor, prenant une lyre, en joue beaucoup mieux qu'Achitoas. Adoam raconte ensuite les merveilles de la Bétique : il décrit la douce température de l'air et les autres beautés de ce pays, dont les peuples menent une vie tranquille dans une grande simplicité de mours.

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N.N.Coypel inv. N.Dupuis sculp. Les Dieux marins s'assemblent autour du vaisseau de Mentor,attires par les doux sons de la Lyre dont il jouoit pendant la nuit.

LE

LIVRE HUITIEME.

:

ɛ vaisseau qui étoit arrêté, et vers lequel ils s'avançoient, étoit un vaisseau phénicien qui alloit dans l'Épire. Ces Phéniciens avoient vu Télémaque au voyage d'Égypte : mais ils n'avoient garde de le reconnoître au milieu des flots. Quand Mentor fut assez près du vaisseau pour faire entendre sa voix, il s'écria d'une voix forte, en élevant sa tête au-dessus de l'eau Phéniciens, si secourables à toutes les nations, ne refusez pas la vie à deux hommes qui l'attendent de votre humanité. Si le respect des dieux vous touche, recevez-nous dans votre vaisseau : nous irons par-tout où vous irez. Celui qui commandoit répondit : Nous vous recevrons avec joie; nous n'ignorons pas ce qu'on doit faire pour des inconnus qui paroissent si malheureux. Aussitôt on les reçoit dans le vaisseau.

A peine y furent-ils entrés, que, ne pouvant plus respirer, ils demeurerent immobiles; car ils avoient nagé long-temps et avec effort pour résister aux vagues. Peu-à-peu ils reprirent leurs forces; on leur donna d'autres liabits, parceque les leurs étoient appesantis par l'eau qui les avoit pénétrés, et qui couloit de toutes parts. Lorsqu'ils furent en état de par

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