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à perdre nos malheureux rois. Je ne blâme point, suivant les maximes religieuses, ceux qui pensent ainsi ; mais, dans la pensée de ma faible raison, je croirais offenser la Providence si j'adoptais ces opinions, si je voyais sa main juste et puissante où je ne vois que des faiblesses et de coupables légèretés.

Le mardi de la honteuse semaine j'allai chez un ministre ; je lui témoignai mon étonnement de voir mon nom dans l'ordonnance qui excitait tant de fermentation; il me répondit: « C'est le roi qui l'a voulu ; il vous est bien attaché. » Je connaissais depuis longtemps ses sentiments pour moi; mais il me semblait étonnant qu'il n'appelât point auprès de lui, dans des circonstances aussi graves, un homme à qui il donnait une marque de bienveillance très-honorable sans doute, mais qui ne lui donnait pas les moyens de le servir de sa très-longue expérience. Ne point m'appeler, et appeler des hommes qui n'avaient manié aucune affaire difficile, et dont pas un n'avait lutté contre des révolutionnaires, était une véritable inconséquence. Il savait bien que mes idées en général n'étaient point celles de ses ministres; c'était par cette raison qu'il aurait dû m'appeler. Au reste, le ministre chez lequel j'étais allé me parut dans une tranquillité parfaite; il n'avait aucune idée de ce qui se préparait, aucune crainte semblable à celle que je venais de manifester à M. le comte de Bouillé. M. Jauge, dont on connaît les nobles sentiments et la belle conduite dans toutes les circonstances, lui écrivit un billet sur ce qui se passait; le ministre lui répondit par un billet dans lequel il exprimait sa confiance dans le succès. Il ajoutait : « Vous devez penser que tout ce que vous me dites est entré dans nos prévisions; soyez tranquille.» Je vis un autre ministre que je trouvai dans la même quiétude, et j'appris depuis qu'un préfet arrivé de son département avait montré des inquiétudes à M. de Polignac, qui ne leur avait trouvé aucun fondement. Un autre ministre

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MÉMOIRES DE M. LE COMTE DE VAUBLANC.

avait dit à ce même préfet : « Retournez dans votre département; travaillez aux élections: l'ordonnance vous donne le moyen d'en faire de bonnes. » Je n'ajouterai qu'un dernier mot; le trône devait tomber le lendemain.

FIN.

TABLE DES MATIÈRES

CONTENUES DANS CE VOLUME.

AVERTISSEMENT DES LIBRAIRES-ÉDITEURS..

AVANT-PROPOS...

CHAPITRE PREMIER.

Saint-Domingue. - Arrivée en France....

CHAPITRE II.

Visite du roi de Suède, du roi de Danemark, du comte d'Ar-
tois. -Louis XV passe en revue les élèves dans la plaine de
Grenelle. Leçons de M. Kéralio. Diverses anecdotes...

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CHAPITRE III.

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Départ pour Saint-Domingue. — Les chevaux ne sont point fer-
Arrivée. État de la colonie. - Guerre d'Amérique.

rés.

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Bataille navale perdue. Vaisseaux réfugiés au cap Fran-
çais. — Ancienne législation de cette colonie.

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avocats. Caractère des nègres......

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Commencement de la Révolution en 1789. Marche du gou-
vernement. - Réflexions de Bossuet relatives à la conduite de
Charles VII et du connétable de Richemont. — Ministres de
Louis XV, de Louis XVI. Le comte de Provence, depuis
Louis XVIII, dans l'Assemblée des notables. Mon discours
à Louis XVI. Réflexions sur lord Wellington et M. Piel. —
Preuves du mauvais effet des concessions, tirées de celles
qui ont été faites en Irlande, en Espagne et en Portugal.
Mon entretien sur ce sujet avec Brissot. Remarques impor-
tantes sur Mirabeau et l'abbé Maury...

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CHAPITRE XIII.

152

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Molé l'acteur. - Lettre de Lafayette contre les jaco-
Le 20 juin. - Projet qui tend à faire sortir le roi de

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