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sent au-dessous de ces champs glacés, se frayent des chemins, et creusent des galeries et des arcades sous des ponts solides de glaces et de neiges. On compte, dans les Alpes, depuis le Mont-Blanc jusqu'aux frontières du Tyrol, environ quatre cents glaciers, qui couvrent un terrain de l'étendue d'une centaine de lieues.

On a cru remarquer qu'ils commencent à descendre et à envahir des pâturages qui autrefois étaient hors de leur atteinte. Ce fait qui, à la vérité, a eu lieu en quelques endroits, ne paraît pourtant pas autoriser à concevoir des craintes pour la sûreté de la Suisse. Comme la température de ce pays n'a point changé, il n'est pas vraisemblable que les glaciers gagnent plus d'étendue qu'ils n'en avaient; des circonstances locales peuvent quelquefois les faire glisser ou propager au-dessous de la ligne ordinaire de la glace perpétuelle.

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Il est inutile de parler en detan des avalanches ou lavines de neige qui se détachent du haut des montagnes au souffle du vent ou à la moindre commotion de l'air, se précipitent en se grossissant à chaque seconde, arrachent ou coupent les arbres, les rocs, les chalets, arrêtent le cours des rivières, et bouleversent tout sur leur passage, jusqu'à ce que les vallées ou les précipices reçoivent ces amas énormes de débris de toute espèce. Toutle monde sait que, lorsque la neige est molle, le son des clochettes des bêtes de somme, ou un simple cri, sont capables de donner lieu à ces désastres, et de mettre le voyageur même dans le plus grand péril. On connaît moins les avalanches accompagnées de tourmentes ou d'ouragans, et appelées areins; c'est lorsqu'un violent vent s'insinue entre une couche de neige ancienne et durcie et entre la neige nouvelle, que celle-ci glisse sur l'autre, ga

TOME I.

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gne un volume et une rapidité effrayante, et fait naître dans sa chute un ouragan auquel rien ne résiste, et qui devient mortel aux hommes et aux animaux qui se trouvent dans la direction de cette tempête neigeuse.

Il est curieux d'observer les progrès de la végétation des Alpes, depuis la ligne élevée où elle commence, jusqu'aux val◄ lées où elle est dans toute sa richesse.

La Suisse, dit Haller (*), présente en petit au botaniste toutes les contrées de L'Europe, depuis la Laponie, et même depuis le Spitzberg jusqu'à l'Espagne. Autour des glaciers et dans les hautes vallées, où règne la même température que sur les bords de la mer glaciale, et où l'été ne dure que cinq semaines, pendant lesquelles il tombe même quelquefois de

(*) Voyez l'introduction à son Histoire des Plantes de la Suisse.

la neige, croissent la renoncule à calice velu, la saxifrage à feuille de bruyère, et le saule nain à feuille d'orme, comme sur les côtes du Spitzberg et du Grænland. Au-dessous des glaces éternelles on trouve d'abord des pâturages maigres, couverts d'un gazon très-court, qui n'est brouté que par les moutons et les chèvres. Ce sont des plantes noires, vivaces, presque toutes à fleur blanche, et très-aromatiques; elles conservent mieux que les plantes des plaines leurs couleurs dans les herbiers.

C'est au-dessous de ces pâturages qu'on en trouve de plus gras pour les vaches; mais elles ne peuvent y paître que pendant quarante jours: tout le reste de l'année la neige recouvre la végétation qui y présente une foule de plantes alpines, dont plusieurs croissent en Laponie, en Sibérie, et au Kamtschatka, et qui, en Suisse, ne prospèrent que sur les plus

hautes montagnes. C'est-là aussi qu'on aperçoit les premiers arbustes, des sabines et des aroles, des rhododendron, des myrtylles, et de petits saules à feuille de bruyère et de serpolet.

Un peu plus bas, les pentes sont ombragées par des forêts de sapins et de mélèzes, ou couvertes de beaux gazons, dans lesquels on distingue la grande gentiane à fleur jaune, l'ellébore blanc, la campanule à feuille de drave, l'épiaire brun, etc,

Dans les régions subalpines qui, s'étendant au pied des Hautes-Alpes, présentent un mélange agréable de vallons et de coteaux, de champs, de prés, de forêts et de rivières ou de lacs, on voit parmi les plantes connues quelques-unes des Alpes dont les semences ont été apportées par les torrens, et qui végètent là comme des étrangers que le sort a entraînés loin de leur patrie,

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