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membre de l'Académie royale des sciences de Copenhague, correspondant de celle de St.-Pétersbourg, de l'Institut de France et de l'Académie d'histoire de Madrid, associé étranger de la Soc. asiat. de Paris, professeur d'histoire à l'université de Leyde, etc.

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DP

99

0755

1881

V12

Cop, 2

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Parmi tous les héros que l'Espagne a produits au moyen âge, il n'en est qu'un seul qui ait acquis une réputation vraiment européenne: c'est Rodrigue Diaz de Bivar, le Cid Campéador. Les poètes de tous les temps l'ont chanté. Le plus ancien monument de la poésie castillane porte son nom; plus de cent cinquante romances célèbrent ses amours et ses combats; Guillen de Castro, un des plus mâles talents de la Péninsule, Diamante, d'autres encore, l'ont choisi pour le héros de leurs drames. Tout le monde le connaît: en France,

par la tragédie de Corneille, en Allemagne, par la traduction que Herder a donnée du Romancero.

D'où vient ce puissant intérêt, ce prestige attaché à ce nom? Qu'a-t-il donc fait, ce Cid, pour que l'Espagne en soit si fière, pour qu'il soit devenu le type de toutes les vertus chevaleresques, pour qu'il ait jeté dans l'ombre tous ses frères d'armes, tous les héros espagnols du moyen âge? Et puis, le Cid des cantares, des romances, des drames, est-il bien le Cid de l'histoire? Ou bien n'est-il qu'une création magnifique des poètes de la Péninsule?

Depuis bien longtemps, ces questions ont occupé les historiens de l'Espagne et de l'Europe entière. La critique historique en était encore à ses premiers tâtonnements, que déjà un poète et un historien du XVe siècle, Fernan Perez de Guzman', exprima des doutes sur certains points de l'histoire du Cid, et dans le siècle où nous sommes, le jésuite Masdeu n'a pas craint d'avancer que l'on ne possède sur ce héros fameux aucune notice qui soit certaine ou fondée, que l'on ne sait absolument rien à son sujet, pas même sa simple existence. Aucun autre écrivain n'a poussé le scepticisme aussi loin; mais il n'en est pas moins vrai, d'abord que certaines romances et certaines parties de la Crónica general renferment des erreurs et des fictions; ensuite que les anciens témoignages latins ou espagnols sont très rares et très maigres; car tout ce qu'on possède en ce genre se ré

1) Voyez son poème intitulé Loores de los claros varones de España, copla CCXIX (dans Ochoa, Rimas inéditas del siglo XV).

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