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ERRATA.

Page 14, lignes 18 et 23: Chramm, lisez Chramne.

45, ligne 9 son père, lisez mon père.

73, note 1, et p. 94, ligne 7 : Ricard, lisez Richard.

95, dernière ligne : Guillaume de l'Alluie, lisez Guillaume de l'Ollive.

— 216, ligne 4, en remontant : Frédéric III, lisez Frédéric II.

– 216, ligne 5 : Charles IX, lisez Louis XII.

CURIOSITÉS DES TRADITIONS,

DES MEURS

ET DES LÉGENDES.

DE LA CROYANCE DES CHRÉTIENS

AUX TRADITIONS PAIENNES.

Les premiers chrétiens, bien loin d'avoir pu se dégager complétement, des traditions païennes, ainsi qu'on se le figure généralement, cherchèrent, au contraire, à s'y rattacher le plus possible, dans le but d'y puiser, en faveur de leur religion naissante, des arguments propres à faire impression sur la multitude. Nous avons parlé ailleurs 1 des interpolations insérées dans les oracles sibyllins par les fidèles qui, croyant fermement aux paroles de la prophétesse antique, regardaient comme nécessaire de lui faire prédire l'avénement du Christ. Adoptés sans réserve par les Pères de l'Eglise, et, entre autres, par saint Augustin, qui leur a consacré un chapitre de la Cité de Dieu, ces oracles, ainsi falsifiés, jouirent, on le sait,

CURIOSITÉS LITTÉRAIRES, ch. des Suppositions d'auteurs, p. 194. 2 Ce chapitre est intitulé de Sibylla Erythræa quæ inter alias sibyllas cognoscitur de Christo evidentia multa cecinisse. L. xvIII, ch. 23.

d'une immense autorité dans l'Eglise, jusqu'au moment où la critique moderne vint en faire justice.

Ce n'est pas la seule fois que les chrétiens firent proclamer par les dieux du paganisme eux-mêmes la ruine de l'antique religion de Grèce et de Rome. Citons, entre autres, une curieuse légende rapportée par saint Jérôme, qui la donne au lecteur comme un fait dont l'exactitude ne saurait être révoquée en doute.

Saint Antoine, traversant le désert, pour aller visiter l'ermite saint Paul, rencontra d'abord un hippocentaure. « Nous ne savons, dit le Père de l'Eglise, si le diable aura pris cette forme pour effrayer le saint, ou si le désert, fécond en animaux difformes, produit de pareils monstres.» Plus loin, le saint vit venir à lui une espèce d'homme au nez crochu, au front chargé de cornes, aux pieds de chèvre, et engagea avec lui la conversation : «Je suis mortel, dit le monstre, et l'un de ces habitants du désert que la gentilité abusée adore sous le nom de faunes, de satyres et d'incubes. Mes compagnons m'ont chargé d'un message. Nous te supplions de prier pour nous notre commun Seigneur, que nous savons être venu jadis pour le salut du monde; car le bruit de sa venue s'est répandu par toute la terre. » Le saint alors se mit à pleurer, en se réjouissant du triomphe du Christ et de la mort de Satan. « Malheur à toi, Alexandrie! s'écria-t-il, malheur à toi, qui méprises le vrai Dieu pour honorer de telles créatures! Malheur à toi, car voici les bêtes qui glorifient le Christ. » Saint Jérôme, pensant avec raison que son récit pourrait paraître suspect à quelques incrédules, se bâte d'ajouter: «Si quel qu'un venait à douter de cette histoire, qu'il se rappelle ce qui arriva sous le roi Constantin, et ce dont le monde

entier pourrait rendre témoignage. On amena alors à Alexandrie un homme de cette espèce; et ce fut un grand spectacle pour le peuple. Quand il fut mort, de peur que son cadavre ne fût décomposé par la chaleur, on le couvrit de sel, et on l'expédia à Antioche, pour le faire voir à l'empereur'. »

Ainsi donc, voilà un Père de l'Eglise, l'un des plus illustres et des plus éclairés, proclamant formellement l'existence en chair et en os des divinités du paganisme. Pour lui, comme pour les autres chrétiens, les dieux étaient des êtres surnaturels, qui avaient existé réellement, et tenaient leur puissance du démon. Les textes suivants suffiront à démontrer ce fait curieux et peu

connu.

« Le diable, raconte Sulpice Sévère, apparaissait à saint Martin, tantôt sous la forme de Jupiter, tantôt sous celle de Vénus et de Minerve, le plus souvent sous celle de Mercure....» «Mercure, au dire du saint, montrait contre lui le plus d'acharnement.. Quant à Jupiter, c'était une brute et un être stupide 2. »

Clotilde, travaillant à la conversion de Clovis, lui disait, pour démontrer l'infériorité des dieux qu'il adorait :

« Mars et Mercure, qu'ont-ils jamais pu faire, eux qui possédaient plutôt un art magique qu'une puissance divine? » A cela Clovis répondait : « Il est évident que votre Dieu ne peut rien. Bien plus, il est prouvé qu'il n'est pas même de la race des dieux 3. » On voit que les deux interlocuteurs étaient à peu près de la même force.

1 Vita sancti Pauli eremitæ, Opera, Vérone, 1733, in-fol., t. 1, col. 67. 2 Mercurium maxime patiebatur infestum. Jovem brutum atque hebetem esse dicebat. Opera, 1655, in-8, p. 469 et 547.

3 Grégoire de Tours, l. xi, ch. 29.

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