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preuve du fer rouge ou de l'eau bouillante que dans le cas où les deux parties seraient d'accord pour la demander. On trouve cependant dans la coutume d'Alais un article (le 17o) conçu en ces termes :

« Nous établissons que tout homme qui, de nuit ou de jour, en secret, violera ou envahira une maison à Alais, ou y mettra le feu, ou la dégradera, ou commettra secrètement quelque autre méfait, s'il ne peut être convaincu par témoins appelés, sera contraint, après que la partie lésée aura prêté le serment de plainte, de se défendre par bataille, ou par l'épreuve du fer chaud ou de l'eau (bouillante), ainsi que la cour et les consuls en seront convenus, en ayant égard à la qualité des personnes et à l'importance du méfait. S'il est vaincu, que sa personne et ses biens soient au pouvoir du seigneur. Si l'appelant succombe, il payera seulement cent sous. S'il n'était pas vaincu, mais que, follement et malicieusement, il en fût venu à la citation et à la poursuite, il sera puni comme l'aurait été l'appelé, car il savait la vérité 1.

Au treizième siècle, les arrêtés de l'échiquier de Normandie, les établissements de saint Louis, les ouvrages de Beaumanoir et de Pierre de Fontaines ne font plus aucune mention des épreuves.

Saint Louis, en 1260, rendit une ordonnance contre les combats judiciaires, et, en 1270, substitua à cette jurisprudence celle des témoignages, mais seulement dans ses domaines. Cette législation souleva un vif mécontentement parmi les barons, et c'est probablement à l'un d'eux qu'est due une chanson dont voici la première strophe:

« Gens de France, vous voilà bien ébabis! Je dis à tous

▲ Coutumes d'Alais, art. de M. Beugnot, Biblioth. de l'école des chartes, 1846, p. 115.

ceux qui sont nés dans les fiefs: De par Dieu, vous n'êtes plus Francs, on vous a privés de vos franchises, car vous êtes jugés par enquête. Vous êtes tous cruellement trompés et trahis, puisque nulle défense ne peut plus vous venir en aide. Douce France! il ne faut plus t'appeler ainsi ; mais il faut t'appeler un pays d'esclaves, une terre de lâches, un royaume de misérables, exposés à maintes et maintes violences 1. >>>

Par une ordonnance rendue le 9 janvier 1304, Philippe le Bel interdit les combats judiciaires jusqu'à la paix générale. Mais, par une ordonnance du 1er juin 1306, il' permit de nouveau les gages de bataille dans les accusations graves réduites à quatre cas. Il régla en même temps les formalités qui devaient s'observer dans le combat judiciaire 2. »

On trouve dans les historiens du quatorzième siècle plusieurs exemples remarquables de combats judiciaires.

<< En ce temps (1506), y avoit un gentil chevalier nommé messire Jean de Carrouget, qui avoit épousé une très-belle et vaillante dame, lequel par aucun temps avoit été absent. Et quand il revint, la dame dit en pleurant à son mari qu'elle avait esté prise de force et cognuë charnellement par un escuyer nommé Jacques le Gris. Lequel, quant il sceut qu'on le vouloit charger d'un tel cas, fut bien desplaisant, et souvent affirmoit par serment que oncques le cas ne luy estoit advenu. Toutesfois Carrouget ne le creut point, et le fit adjourner en la présence du roy en cas de gage de bataille, et comparut, et fut jetté le gage, et ordonné que la dame seroit detenue

Le texte de cette pièce a été publié et traduit par M. le Roux de Lincy, Biblioth. de l'école des chartes, t. 1, p. 372.

2 Recueil des ordonnances des rois de France, t. 1, p. 435.

prisonnière. Et feroit seulement serment que ce qu'elle imposoit à Jacques le Gris estoit vray, et ainsi le jura et afferma, et ledit Jacques aussi pareillement le contraire. Si furent les parties mises au champ, et les cris faits en la forme et manière accoustumée. Et disoit-on que messire Jean de Carrouget avoit fièvres, et que à ceste heure le prirent; si combatirent lesdits champions bien et asprement l'un contre l'autre. Et finalement Jacques le Gris cheut. Et lors Carrouget monta sur luy, l'espée traite, en luy requerant qu'il lui dist verité. Et il respondit que sur Dieu, et sur le péril de la damnation de son âme, il n'avoit oncques commis le cas dont on le chargeoit. Et pourtant Carrouget, qui croyoit en sa femme, luy bouta l'espée au corps par dessous, et le fit mourir, qui fut grande pitié. Car depuis on sceut véritablement qu'il n'avoit oncques commis le cas, et que un autre l'avoit fait, lequel mourut de maladie en son lict, et, en l'article de la mort, il confessa devant gens que ce avoit-il fait 1. »

Cette affaire a été rapportée beaucoup plus longuement par Froissart, qui, suivant son habitude, l'a racontée d'une manière dramatique. Buchon, dans son édition de ce chroniqueur 2, a donné en note diverses pièces relatives à ce duel, qui paraît avoir été le dernier ordonné par arrêt du parlement. Charles VI et ses oncles, qui désiraient assister à ce sanglant spectacle, firent retarder le combat pour pouvoir y assister.

Citons encore le fait suivant emprunté aussi à Juvénal des Ursins.

↑ Histoire de Charles VI, collect. Michaud-Poujoulat, 1re série, t. II, p. 371.-A la suite de ce fait, Juvénal rapporte encore un autre exemple de combat judiciaire qui eut lieu la même année.

2 L. III, ch. 49, édit. du Panthéon, t. II, p. 534.

« En 1398, un bourgeois de Vitré en Bretagne, nommé Pierre Pilet, jeta son gage de bataille contre un gentilhomme dudit pays, nommé Guillaume Marcille. Et le chargeoit d'avoir fait tuer par ses fils un sien parent. Ledit Marcille au contraire maintenoit que jamais n'en avoit été consentant. Et étoit ledit Pilet un bel homme, fort et roide, et Marcille étoit vieux et ancien: et lui fut permis qu'en son lieu il mît le bâtard du Plessis. Et soutenoit fort ledit Pilet monseigneur de Laval, devant lequel se faisoit le gage, et furent les serments 'faits et fut ledit Pilet jeté à terre d'un coup de lance par le bâtard, et après il tira son épée et le tua. Et tantôt après on envoya quérir le bonhomme vieux, qui étoit prisonnier, comme raison étoit, et fut délivré. Et si son champion eut été déconfit, il eut souffert mort1. »

En 1409, une ordonnance de Charles VI ayant défendu les duels, à moins qu'il n'y eût gage jugé par le roi ou par le parlement, prérogative que le roi, à partir de cette époque, semble avoir seul exercée. L'histoire du seizième siècle offre de nombreux exemples de combats en champ clos ordonnés par le monarque. Le plus célèbre est celui de Jarnac et de la Châteigneraie. Le dernier qui paraît avoir été revêtu de formes officielles, eut lieu en 1569. entre Albert de Luynes et Panier, exempt des gardes du corps. Celui-ci y fut tué.

Ce fut seulement dans notre siècle que la loi qui ordonnait le combat judiciaire en cas d'appel a été abolie en Angleterre. Voici à quelle occasion:

En 1817, un nommé Thornton ayant été accusé d'avoir

'Histoire de Charles VI, collect. Michaud-Poujoulat, 4re série. t. I, p. 416. Voy. du Cange, aux mots CAMPIO et Duellum.

assassiné une jeune fille, fut acquitté par le jury. Le frère de la victime, revenant d'un long voyage, porta appel contre lui. L'accusé offrit alors, comme la loi l'y autorisait, de se disculper par un combat singulier, et les juges se virent forcés d'accepter ce moyen de défense. Le combat allait avoir lieu, à la grande satisfaction de John Bull, lorsque l'appelant ayant réfléchi que s'il était vaincu il devait être mis à mort, et que sa défaite était probable, grâce à la vigueur de son adversaire, déclara renoncer à son appel. A la suite de cette affaire, en 1819, le parlement abrogea l'ancienne législation.

DES FUNÉRAILLES.

On sait quelle importance les anciens attachaient aux rites qui s'observaient lors des funérailles. Voici le résumé succinct des cérémonies en usage chez eux en pareille circonstance.

Le cadavre était ordinairement lavé par des parentes du défunt, frotté d'huile ou de parfums, enveloppé dans un manteau, et recouvert d'une draperie, de rameaux verts et de guirlandes de fleurs, il était exposé sous le vestibule de la maison, les pieds tournés vers la porte. On veillait auprès pour le défendre de toute insulte et le préserver des insectes.

Ordinairement, au moment de mourir, le malade coupait et consacrait aux divinités infernales sa chevelure, qui restait suspendue à la porte de la maison pendant

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