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ont été disséminés dans toute la France, jusqu'à Moskou et même jusqu'aux États-Unis. Dernièrement, une personne qui s'intéresse à l'archéologie nous envoyait le dessin d'une clochette à jour et nous engageait à le faire graver pour les « Annales ». Or, ce dessin avait été pris sur une clochette que nous avions fait fondre d'après le modèle ancien et qui, en ce moment, «‹ enrichit » un assez beau musée archéologique de province. Nous avons répondu à notre correspondant zélé, mais peu instruit de ce qui se passe, en lui envoyant la gravure et la notice publiées, en 1844, dans le premier volume des «< Annales. Archéologiques », page 459. La clochette romane, au module de l'original, sert à sonner à la messe dans un grand nombre d'églises; mais, réduite du tiers et de la moitié, elle sert dans les chapelles, et plusieurs personnes l'emploient dans leur cabinet de travail et à des usages domestiques. Il vaut mieux se servir d'une sonnette, qui est fort intéressante comme objet d'archéologie et même comme œuvre d'art, que de ces vilains timbres modernes que les marchands de pacotille mettent à notre disposition. Le bel encensoir de Lille, que nous avons publié dans le volume Ive des « Annales Archéologiques », page 293, a été fondu deux fois : une première, telle qu'il est, avec ses inscriptions latines; une seconde fois, avec des inscriptions grecques. Ce bel encensoir a bien quelques affinités, en effet, avec les œuvres byzantines. Or, les Byzantins d'aujourd'hui, les Grecs unis ou schismatiques, demandent des encensoirs analogues aux nôtres, parce qu'ils encensent, surtout les Russes, à peu près comme nous, quoique à chaînes beaucoup plus courtes. Comme les modèles manquent pour des encensoirs de ce genre, il nous a semblé que l'encensoir de Lille pouvait fort bien atteindre ce but. Nous venons donc de le faire couler en bronze et d'y ciseler des inscriptions grecques; en cet état, il peut aller, non-seulement dans les monumens byzantins de notre Église latine, mais dans les édifices byzantins de l'Église grecque. Le premier vendu va partir pour Moskou. - Dans le x volume des « Annales Archéologiques »>, page 141, nous avons publié un petit chandelier roman, le plus remarquable de ce genre qui soit encore parvenu à notre connaissance. Le plâtre unique de cet objet disparu aujourd'hui, et qui est notre propriété, a été livré au fondeur; il nous en est revenu un chandelier de bronze qui est l'un des plus beaux objets de ce genre qu'on puisse voir. Ce chandelier est assis comme les artistes, qui fournissent des dessins aux bronziers, ne savent pas faire asseoir leurs inventions modernes. Il est d'une sobriété et d'une richesse que le moyen âge et le roman particulièrement ont seuls connues. Haut de 15 centimètres seulement, il peut servir à des oratoires ou à des chapelles dont les propriétaires, bien avisés, rejettent nos candélabres modernes, longs comme des baguettes et

menaçants comme des perches toujours prêtes à tomber. Ce chandelier roman avait été précédé, à la fonte, par un chandelier du XIIIe siècle, d'une simplicité fort sévère et fort belle. Pas d'ornements; toute la beauté de l'objet réside dans sa forme, et cette forme a séduit des romains renforcés, des classiques doublés de grec et d'égyptien. Ce chandelier, dont M. A. Darcel a révélé l'existence et dont nous publierons bientôt la gravure, a 25 centimètres de hauteur. Dans la livraison prochaine, nous donnerons des renseignements sur d'autres objets de métal, croix et bénitiers, qui se coulent en ce moment d'après des objets anciens. Toutes ces œuvres de fonte se trouvent, dès aujourd'hui, à notre « Agence d'Art et d'Archéologie », rue Saint-Dominique, 23.

TRIBUNAL DE COMMERCE DE LA SEINE.

Le fait de découvrir un objet d'art ancien, de le réparer, de le faire revivre et d'en publier le dessin, constitue une propriété commerciale au profit de l'auteur de ce travail.

Le 3 septembre 1857, le « Droit, journal des tribunaux », contenait le compte rendu suivant d'une audience tenue le 28 août, au tribunal de commerce de la Seine, sous la présidence de M. Godard.

« M. Didron, directeur des « Annales Archéologiques », a trouvé une grille d'église du XIIe siècle. Il a réparé cette grille, qui est un chef-d'œuvre de l'art de la serrurerie du moyen âge, et le dessin en a été publié dans le x volume des «< Annales Archéologiques », », en regard de la page 117.

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Quelques années plus tard, M. Didron a retrouvé cette même grille dans un ouvrage publié par MM. Goupil et C, sous le titre d'« Encyclopédie des arts et métiers ».

« M. Didron a fait assigner MM. Goupil et Ce devant le tribunal de commerce de la Seine pour leur faire défense de reproduire sa grille. Il soutenait que la reproduction de son dessin avait eu pour résultat de le priver de commandes de grilles semblables pour les églises de Paris et de la province.

« De leur côté, MM. Goupil ont répondu qu'ils recevaient des dessins tout faits des artistes, et qu'ils ne pouvaient à l'avance en connaître ni en contrôler l'origine. Au surplus, ils ont appelé en garantie M. Tripon, leur dessinateur; mais M. Tripon a fait défaut.

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Après avoir entendu M Schayé, agréé de M. Didron, et Me Victor Dillais, agréé de MM. Goupil, le tribunal a fait défense à MM. Goupil de reproduire, publier et vendre le dessin de la grille, et les a condamnés en outre à payer à M. Didron la somme de 300 fr. à titre de dommages-intérêts. - M. Tripon

a été condamné par défaut à garantir MM. Goupil de ces condamnations. » En novembre 1857, l'« Encyclopédie d'architecture », publiée par M. Bance et rédigée par M. Adolphe Lance, architecte du gouvernement, publiait le compte rendu de ce jugement qui consacre la propriété d'un dessin au profit de l'éditeur originaire. Nous disions dans le volume xvii des «< Annales Archéologiques », page 58, à propos d'un emprunt forcé qu'on venait de nous imposer: « Nous n'avons encore fait de procès à personne; mais, à l'avenir, quand on nous empruntera nos textes ou nos dessins, nous commencerons par le déclarer franchement dans les « Annales », tout en nous réservant le droit, s'il y a lieu, de revendiquer notre propriété par les voies judiciaires ». Ceci à peine dit, une occasion s'est présentée de faire valoir nos droits, trop facilement et trop souvent lésés jusqu'alors; nous n'avons pas hésité à porter devant le tribunal de commerce cette première cause que nous avons immédiatement gagnée. En fait d'œuvres de métal, d'objets de fonte et d'orfévrerie, nous agirons comme nous l'avons fait pour notre grille du XIIIe siècle.

NECROLOGIE.

Aux premiers jours de 1858, un nouveau deuil s'ajoutait à ceux qui nous ont frappé en 1857 : le 5 janvier, M. Victor Didron succombait, âgé seulement de quarante-sepf ans, à une maladie longue et cruelle. Cette perte atteint surtout notre famille; mais l'homme intelligent et actif, qui, dès l'origine, avait dirigé la Librairie archéologique et qui présida, jusqu'à sa mort, à la fabrication d'assez nombreuses verrières en style ancien, mérite que son nom soit inscrit à côté de ceux qui ont le plus utilement aidé au mouvement archéologique de notre époque. En lui, le directeur des « Annales Archéologiques »> ne perd pas seulement un frère dévoué, mais encore un collaborateur modeste et désintéressé qui a pris, pendant quatorze années, sa bonne part de fatigues et de peines dans des efforts communs pour faire renaître l'art du moyen âge. Les personnes honorables et nombreuses qui ont rendu les derniers devoirs à M. Victor Didron ont récompensé, par cette marque de sympathie, une vie entière de travail et de dévouement. Dieu avait déjà récompensé le pauvre malade en lui donnant la grâce de mourir en véritable chrétien.

DIDRON AINÉ.

BIBLIOGRAPHIE

D'ART ET D'ARCHÉOLOGIE

LES ARTS INDUSTRIELS du moyen âge et de la renaissance, par ALFRED DARCEL. In-8° de 75 pages. Après avoir étudié, depuis bien des années, les applications de l'art à l'industrie; après avoir vu réunies ces diverses et brillantes applications dans l'exposition de Manchester de l'année dernière, M. Darcel a condensé dans le mémoire que nous annonçons tous ces faits et toutes ces observations. La table suivante des matières qui composent son travail donnera une idée de cette publication Division des Arts industriels, Ivoires, Glyptique et Numismatique, Bronzes, Orfévrerie, Gaînerie, Émaux, Broderie, Céramique, Verrerie, Armurerie, Conclusion. La conclusion est assez fâcheuse pour notre orgueil moderne; car elle déclare et démontre que tous ces petits arts industriels, rangés sous les chapitres précédents, sont fort médiocres ou nuls aujourd'hui, tandis qu'à toutes les époques du moyen âge et de la renaissance, ils étaient brillants et charmants. Peu de notices offrent plus d'intérêt et apprennent autant que cette notice de notre ami et collaborateur........

2 fr. 25

ESQUISSE HISTORIQUE sur l'ivoirie, par L.-N. BARBIER, tourneur-professeur. In-18° de iv et 80 pages. Antiquité, Moyen-âge, Renaissance, Exposition de 1855. Pour notre temps, M. Barbier, qui est un ivoirier de mérite, abonde en renseignements sur les hommes et sur les œuvres. L'art de l'ivoirie est en décadence, sans aucun doute, et comme chacun peut en acquérir la preuve en regardant les gravures des ivoires anciens que publient les «< Annales Archéologiques ». Cependant tout n'est pas désespéré: l'intérêt qui s'attache aujourd'hui aux anciens ivoires, les moulages de la Société d'Arundel, les gravures des « Annales », les photographies que nous faisons exécuter et qui se distribuent partout, vont amener aux ivoiriers intelligents, aux artistes comme M. Barbier, des éléments nombreux, des modèles remarquables qui doivent relever cette branche d'un art dont le ròle n'a certainement pas cessé. L'« Essai » de M. Barbier est fort important pour ceux qui veulent étudier l'histoire complète, surtout l'histoire actuelle, de l'ivoirie....... 2 fr.

NOTES d'un compilateur sur les sculpteurs et les sculptures en ivoire, par Ph. DE CHENNEVIÈRES. In-8° de 94 pages. M. le marquis de Chennevières intitule trop modestement « Notes d'un compilateur » ce mémoire sur les ivoiriers. C'est une excellente et savante notice, pleine de faits, illuminée d'esthétique, égayée d'esprit, ornée de style, sur le plus charmant des petits arts libéraux. Normand, M. de Chennevières fait d'abord les honneurs de son travail aux ivoiriers normands en général et dieppois en particulier. Puis il cite les noms, décrit ou catalogue les œuvres, esquisse la vie des ivoiriers français, italiens, flamands, allemands. Il jette quelques regards, beaucoup trop rapides cependant, sur les ivoiriers de l'antiquité et de l'Orient; mais, à partir de la renaissance jusqu'à nos jours, ces «Notes » sont bien près d'être complètes. Il est à désirer que M. le

marquis de Chennevières ne s'en tienne pas à cet essai et qu'il donne aux artistes et aux archéologues une histoire générale de l'ivoirie et des ivoiriers....

... 3 fr.

L'ELECTRUM des anciens était-il de l'émail? Dissertation sous forme de réponse à M. Jules Labarte, par FERDINAND DE LASTEYRIE, membre de la Société impériale des Antiquaires de France. In-8o de 78 pages. L'« Electrum » était-il de l'émail? Oui, avait dit M. Labarte dans ses savantes <<< Recherches sur la peinture en émail » ; non, répond M. de Lasteyrie, car l'Electrum était un métal composé d'or et d'argent et non une substance vitrifiée. M. de Lasteyrie donne à l'appui de son affirmation des preuves nombreuses auxquelles nous renvoyons.... 2 fr. 50

DE LA PEINTURE SUR VÉLIN et de l'application de l'or sur relief, par M. l'abbé Barbier de MONTAULT. In-8° de 4 pages. Recette ingénieuse pour faire renaître un art oublié ou perdu.

HISTOIRE de l'ornementation des manuscrits, par FERDINAND DENIS, conservateur de la Bibliothèque Sainte-Geneviève. Grand in-8° de 144 pages. L'art de la peinture dans les livres fut créé par les Grecs et connu des Romains. M. Denis le montre d'abord à son début, puis dans les monastères où il était le délassement des religieux. Il signale les calligraphes byzantins, les quatre classes établies entre eux, aux ixe et xe siècles, alors que de hauts personnages s'associaient à leur art; les fureurs des iconoclastes; les calligraphes d'Angleterre, d'Irlande travaillant d'après les livres ornés que Théodore de Tarse, archevêque de Cantorbery, avait apportés de Byzance; quelques-unes des œuvres de ces époques; la beauté des majuscules durant les VIII, IXo, Xo, et x1o siècles; le retour de Byzance à la peinture après les iconoclastes; l'influence de l'école byzantine fondée en Sicile; le changement qui se manifeste, dès le xe siècle, dans l'ornementation des manuscrits; le nombre croissant des illuminateurs; la variété des livres qu'ils ornent. Enfin, complet développement de cet art, et sa décadence consommée au xvi° siècle. Ce livre, composé par un homme savant et spécial, est remarquable par l'ordre et la précision des faits qui s'y trouvent. C'est en outre une fort belle publication.... 25 fr.

PAVAGE des églises dans le pays de Bray, par M. l'abbé DECORDE, curé de Bures. Grand in-8° de 14 pages et de deux planches. Les premiers pavages des églises furent en mosaïque. Ce n'est qu'au XIIe siècle que la mosaïque fut remplacée par des dalles de diverses grandeurs, ornées selon le goût de l'époque. Les carreaux du pays de Bray, que M. Decorde étudie depuis le XIIe siècle jusqu'au xvII®, sont divisés en cinq espèces : les carreaux incrustés, estampillés, gravés, sigillés et unis. L'auteur en fait connaître les différences et les dimensions en général.................... 1 fr. 50

CATALOGUE général et raisonné des camées et pierres gravées de la bibliothèque impériale, suivi de la description des autres monuments exposés dans le cabinet des médailles et antiques, par M. CHABOUILLET, conservateur adjoint du Cabinet des médailles et antiques. Un volume in-48 de VIII et 634 pages. Ce catalogue est le premier qu'on ait dressé de cette collection sans rivale ; c'est le premier guide dans ce labyrinthe où l'on pourra enfin se reconnaitre facilement... 3 fr. 50

AGRAFES chrétiennes mérovingiennes, par M. A. DE SURIGNY. Grand in-8° de 12 pages et une planche. Ces agrafes offrent toutes la représentation de la croix; sur deux d'entre elles est figuré Daniel dans la fosse aux lions. Comme inocographie chrétienne, il n'y a rien de plus ancien en France; c'est barbare, mais infiniment curieux. La planche représente 9 de ces diverses agrafes.

DES CLOCHES et de leur usage par ALEXANDRE SCHAEPKENS. In-8° de 38 pages et 14 dessins. Comme on le voit, les notices sur les cloches sont à la mode en ce moment. Nous sommes bien loin de nous en plaindre, car c'est un des plus intéressants sujets de l'archéologie chrétienne. M. Schaepkens a reproduit quelques-uns des dessins publiés dans les « Annales Archéologiques », mais il a eu, cela va sans dire, la loyauté de citer notre publication. M. Schaepkens donne, pour la pre

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