Imágenes de página
PDF
ePub

1

Que la gloire en riant feconde,

Pour fon front treffent de leur main,

Les couronnes que le destin

[ocr errors]

Réferve aux bienfaiteurs du monde.

AGLAÉ.

Que n'est-il le témoin de nos fêtes & de nos transports!

L'hymen peut-il former de plus beaux nœuds? Que d'attraits & de vertus vont être unis enfemble! Comment célébrer la nymphe charmante qui occupe nos cœurs, fans fe rappelpeller tout ce que la France efpere de fon augufte époux? Que de raifon! que d'efprit! Heureux le Mentor de ce Télémaque!

[ocr errors]

Par l'emploi de tous fes inftans
Il nous inftruit, il nous étonne;
Il joint à l'éclat du printems
La maturité de l'automne;
L'amour fourit à sa beauté,
Minerve ádmire fon langage,
Et fon œil peint l'humanité
Qui de fon cœur eft le partage.

[ocr errors]

Célébrons l'hymen & Louis Que l'effain des jeux environne; Chantons les trois princes chéris, Dignes foutiens de la couronne. On croit voir trois tiges de lys S'entrelacer autour du trône.

TOUS

ENSEMBLE.

Célébrons, &c.

LETTRE

D'UN

PHILOSOPHE.

INCONSÉQUENS que nous fommes! oui, Baron, & toi tout le premier. Je t'ai vù trans planté dans cette ville bruyante que j'habite, bailler aux balcons de nos fpectacles, t'ennuyer de nos plaifirs, fronder nos mœurs avec ce flegme qui vaut, dis-tu, notre perfifflage; & aujourd'hui que te voilà tapi dans ton défert, tu t'informes avec une impatience curieufe de tout ce qui fe paffe dans notre tourbillon! Paris t'excédoit, quand tu étois dans fes murs; à préfent que tu en es loin, il t'intéreffe; femblable à ces courtifannes adroites, contre qui l'on murmure tant qu'on vit avec elles, & qu'on idolâtre plus que jamais dès qu'elles viennent à nous quitter. Il y a trois ans, fi je veux t'en croire, que tu n'as entendu parler de moi; rien n'arrive jufqu'à ta folitude; c'est pour te punir de nous avoir abandonnés. Viens me vanter

encore ta folidité, & cette tête foi-difant raifonnable qui a befoin, pour être en action, d'avoir des fous en perfpective. Eh! mon pauvre hermite, laiffe-nous tels que nous femmes. Chacun végetesà fa maniere fur ce globe burlefque, qu'on appelle le monde. Les uns le voient à travers des brouillards; nous le voyons, comme le prétendent nos heureux imaginaires, à travers un prifme éclatant: il eft vrai que pour eux la vie eft de toutes couleurs. Elles fe fuc cedent, fe croifent, fe divifent, forment un faifceau mobile qui les enchante & les promene de bluettes en bluettes, que fouvent ils ont le bon efprit de prendre pour des vérités. Les ridicules de la veille font effacés par ceux du jour, qui le font par ceux du lendemain. Voilà comme nous vivons depuis deux fiecles, au grand étonnement de toute l'Europe, qui ne peut concevoir qu'on extravague avec autant de fuite & de fuccès. Nous tenons la baguette. Amufés & diftraits par la magie du bonheur, nous nous foucions fort peu d'en avoir la réalité. Ou je me trompe fort, ou voilà de la philofophie. Il n'y a pas jufqu'à nos dames qui ne s'en mêlent! elle a pris chez elles la place des mœurs. Elles

trouvent cela moins gênant; elles font philofophes pour leur commodité. Il y a tel boudoir où l'on differte à perte de vue, & il m'est arrivé de voir réunis Euclide & le Sopha fur la chiffonniere d'une jolie femme. Avoue que nous fommes charmans.

J'ai aujourd'hui l'imagination riante. Profite du moment; car ma gaîté, fi tu t'en fouviens, n'eft prefque toujours qu'une mélancolie qui fermente, & le mouvement d'une bile toute prête à s'allumer. Revenons. Que veux-tu que je te dife? Je vais laiffer errer ma plume; elle écrira au hasard, & je ne réponds plus des folies qui vont lui échapper.

Le vauxhall, que nous avons imité des Anglois, car nous fommes un peu finges de notre nature; ce célebre vauxhall eft tombé; c'est maintenant une vafte folitude. On s'eft laffé de fe promener en long & en large, ou plutôt d'être coudoyé en tout fens dans un fallon, & fous des galeries mal peintes, au fon d'une mufique baroque. Je ne fais trop pourquoi ce caprice a duré fi peu; car il étoit de la force des autres.

L'hiver, l'impitoyable hiver a interrompu

« AnteriorContinuar »