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Imprimerie de GUSTAVE GRATIOT, 11, rue de la Monnaie.

Paltan Delmas

CURIOSITÉS RÉVOLUTIONNAIRES

LES

JOURNAUX ROUGES

HISTOIRE CRITIQUE

DE TOUS LES JOURNAUX ULTRA-RÉPUBLICAINS

PUBLIÉS A PARIS

Depuis le 24 février jusqu'au 1er octobre 1848

AVEC DES EXTRAITS - SPÉCIMENS

ET UNE PRÉFACE

PAR

UN GIRONDIN

PRIX FRANC 50 CENTIMES

PARIS

GIRAUD ET Cie, LIBRAIRES-ÉDITEURS

RUE DE SEINE, 51

1848

LENOX LIBRARY

NEW YORK

PRÉFACE.

Après le 24 février, Paris est subitement inondé de journaux :

Journaux rouges, journaux blancs, journaux gris, journaux de toutes les couleurs;

Journaux de la veille, journaux du jour, journaux

du lendemain ;

Journaux géants, journaux nains;

Journaux sages, journaux fous;

Journaux au camphre, journaux au vinaigre; Journaux à la Marat, journaux à la Dorat; Journaux couleur de rose, journaux couleur lie de vin;

Journaux en frac, journaux en blouse;

Journaux pour le salon, journaux pour la rue;

Journaux bien peignés, journaux mal peignés; Journaux avec orthographe, journaux sans orthographe;

Journaux mâles, journaux femelles;

Journaux-peuple, journaux-bourgeois;

Journaux de l'action, journaux de la réaction; Journaux érotiques, journaux capucins; Journaux gros et gras, journaux poitrinaires; Journaux orthodoxes, journaux athées;

Journaux en vers, journaux en prose; Journaux qui rient, journaux qui pleurent; Journaux qui applaudissent, journaux qui grondent;

Vraiment, il en pleut! qu'on nous pardonne cette expression triviale en faveur de sa justesse.

Chaque jour, chaque nuit, les presses de la capitale, nouvelles cataractes, vomissent, sur le pavé, des milliards de carrés de papier, qui, tous, du plus petit au plus grand, ont la singulière prétention d'apprendre au peuple ce qu'il doit faire; de tracer au gouvernement la ligne de conduite qu'il doit tenir. Jamais, à aucune époque, on n'a vu pareil débordement.

Impossible de dire tout ce qu'on gaspille d'enere, tout ce qu'on gaspille de papier.

Ne pouvant suffire à tant de besogne, les imprimeurs de Paris appellent la banlieue à leur aide, ils songent même à faire venir la province.

C'est le bon temps des chiffonniers et des bohêmes. Les théories les plus insoutenables, les doctrines les plus extravagantes, les plus folles, les motions les plus déraisonnables se produisent à l'envi dans ces morceaux de papier qui, pour la plupart, sentent le gros vin.

Au lieu de calmer le lion populaire, on ne songe qu'à l'exciter.

Au lieu de contenir, dans de sages limites, l'effervescence des masses, on ne cherche qu'à l'exalter.

Proclamée, avec un enthousiasme à peu près unanime à Paris, la République est acceptée avec ardeur par les provinces, et déjà certains journaux divisent

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