Imágenes de página
PDF
ePub

la France en vainqueurs, en vaincus; dejà ils se préparent à de nouveaux combats et parlent de relever les barricades de Février... tout cela, sans doute, au nom de la fraternité.

Ces républicains fantaisistes créent un nobiliaire de calendrier, une aristocratie de dates, ils distribuent des brevets de patriotisme aux gens de la veille, et n'ont que des injures pour les gens du lendemain.

Ils crient bien haut: hors nous et nos amis, point de patriotisme, point de vertu.

Ils ne veulent pas comprendre que la France est républicaine du lendemain.

Une catastrophe est imminente, les gens sages la prévoyent, et personne ne songe à opposer une digue au torrent des idées démagogiques. Elles font le siége de Paris le 23 juin.

Pendant quatre jours, les rues sont ensanglantées. Plusieurs milliers d'hommes y trouvent une mort affreuse.

Voilà les résultats de l'insurrection.
Remontons aux causes.

A quoi faut-il les attribuer?

En grande partie, sinon en entier, à la mauvaise presse, à ses déclamations forcenées, à ses appels incessants contre la société.

Les républicains de Sparte, pour empêcher leurs fils de s'adonner à l'ivrognerie, faisaient passer devant leurs yeux des esclaves ivres. Républicains de France, pour vous dégoûter de la République rouge, nous faisons défiler sous vos regards les journaux qui l'ont préconisée.

Parmi les signataires de ces publications, quelques-uns fort heureusement en très petit nombre,

-

ont fait preuve d'un remarquable talent. Regrettons qu'ils n'aient pas mis leur plume au service d'une meilleure cause.

Les autres ont barbouillé leurs pages avec la fange du ruisseau.

Méfiez-vous des premiers, car le talent attire toujours à lui.

Quant aux seconds, ils ne pourraient être dangereux que dans les moments de crise.

Mais le calme est revenu.

Une vaillante épée qui a donné des gages à la République honnête celle que nous voulons tous préside aux destinées de la France. De nouvelles collisions sont impossibles.

Les ténèbres se dissipent peu à peu ;

La lumière se fait;

La vérité va luire sur nous;

Le triomphe de la République honnête est assuré pour toujours.

LES

JOURNAUX ROUGES

HISTOIRE CRITIQUE

DE TOUS LES JOURNAUX ULTRA-RÉPUBLICAINS

PUBLIÉS A PARIS

Depuis le 24 février jusqu'au 1o octobre 1848.

LES BULLETINS DE LA RÉPUBLIQUE.

(1) A tout seigneur, tout honneur; aux Bulletins de la République la première place.

Les Bulletins de la République appartiennent à notre galerie; le numéro 16, entre autres, mérite une mention spéciale: gardons-nous bien de la lui refuser; nous le rapporterons en son entier. La prose de madame George Sand vaut bien les honneurs de la reproduction. Il est fâcheux de ne pouvoir dire combien la France a payé de pareilles élucubrations (1). Les Bulletins de la République n'ont été insérés

(4) M. Etienne Arago prétend, dans une lettre adressée à la Réforme, que la rédaction de madame Sand a été gratuite; serait-ce parce que cette rédaction était impayable?

ni au Moniteur, ni au Bulletin des Lois : ils étaient cependant publiés par l'autorité et chaque bulletin porte en tête République française. -MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR. Ce Moniteur du gouvernement provisoire a paru tous les deux jours sans interruption, du 13 mars au 6 mai. La collection se compose de vingt-cinq numéros. Attribués d'abord à M. Jules Favre, sous-secrétaire d'État de l'intérieur, pendant que M. Ledru-Rollin trônait à la rue de GrenelleSaint-Germain, les Bulletins de la République n'ont été officiellement reconnus pour les enfants naturels de madame George Sand, qu'au moment où les pièces justificatives de l'enquête Bauchart, nous ont fait lire la petite note suivante :

Gouvernement provisoire. (Séance du 15 mars 1848.)

« Le ministre de l'intérieur est autorisé à s'entendre avec madame George Sand, pour fournir des articles au Bulletin de la République.

[ocr errors]

« Le Bulletin de la République ne paraîtra désormais que sur le bon à tirer d'un des membres du gouvernement provisoire. « M. Crémieux est chargé du no du jeudi, 16.-M. GarnierPagès, du n° du samedi, 18. - M. Lamartine, du no du lundi, 20. M. Marie, du no du mercredi, 22.-M. Marrast, du no du vendredi, 24. M. Louis Blanc, du n° du dimanche, 26. - M. Arago, du no du mardi, 28. — M. Albert, du no du jeudi, 30. M. Flocon, du no du samedi, 1er avril. - M. Ledru-Rollin, du n° du lundi 3, M. Bethmont, du no du mercredi, 5. - M. Carnot, du no du vendredi, 7.

--

On sait quel triste retentissement ont eu, dans toute l'étendue de la France, ces fameux Bulletins, ont sait avec quelle juste sévérité ils ont été jugés; nous n'insistons pas sur leurs déplorables tendances, elles sont bien connues, trop connues, nous ne critiquerons pas leur mauvais esprit. Voici le bulletin no 16, il nous dispense de tout commentaire :

BULLETIN DE LA RÉPUBLIQUE.

« Citoyens,

Ministère de l'intérieur.

« Paris, 15 avril 1848.

« Nous n'avons pu passer du régime de la corruption au régime du droit, dans un jour, dans une heure. Une heure d'inspiration et d'héroïsme a suffi au peuple pour consacrer le principe de la vérité. Mais dix-huit ans de mensonge opposent, au régime de la vérité, des obstacles qu'un souffle ne renverse pas; les élections, si elles ne font pas triompher la vérité sociale, si elles sont les intérêts d'une caste, arrachée à la confiante loyauté du peuple, les élections, qui devaient être le salut de la République, seront sa perte; il n'en faut pas douter. II n'y aurait alors qu'une voie de salut pour le peuple qui a fait les barricades, ce serait de manifester une seconde fois sa volonté, et d'ajourner les décisions d'une fausse représentation nationale.

« Ce remède extrême, déplorable, la France voudrait-elle forcer Paris à y recourir? à Dieu ne plaise! Non, la France a confié à Paris une grande mission; le peuple français ne voudra pas rendre cette mission incompatible avec l'ordre et le calme nécessaire aux délibérations du corps constituant. Paris se regarde, avec raison, comme le mandataire de tout le territoire national; Paris est le poste avancé de l'armée qui combat pour l'idée républicaine; Paris est le rendez-vous, à certaines heures, de toutes les volontés générales, de toutes les forces morales de la France; Paris ne séparera pas sa cause de la cause du peuple qui souffre, attend, et réclame d'une extrémité à l'autre du pays. Si l'anarchie travaille au loin, si les influences sociales pervertissent le jugement ou trahissent le vœu des masses dispersées et trompées par l'éloignement, le peuple de Paris se croit et se déclare solidaire des intérêts de toute la nation.

« Sur quelques points, on abuse, on égare les populations; sur quelques points, la richesse réclame ses priviléges à main armée. Ceux qui agissent ainsi commettent un grand crime, et nous menacent de la douleur de vaincre, quand nous aurions voulu seulement persuader.

« Que, de toutes parts, le peuple des campagnes se rallie au peuple des villes, et que le peuple des villes s'unisse à celui qui, au nom de tous et pour la commune gloire, a conquis le principe d'un heureux et noble avenir. Partout, la cause du peuple est la même; partout les intérêts du peuple et de l'opprimé sont solidaires. Si la République succombait à Paris, elle suc

« AnteriorContinuar »