TRAGÉDIE. ACTE PREMIER. SCÈNE 1. ORESTE, PYLADE. OR ESTE. Oui, puisque je retrouve un ami si fidèle, PYLADE. J'en rends grâces au ciel, qui, m'arrêtant sans-cesse, Semblait m'avoir fermé le chemin de la Grèce, Depuis le jour fatal que la fureur des eaux, ORESTE. PYLADE. repose sur lui du soin de votre vie ? Vous l'abhorriez : enfin, vous ne m'en parliez plus. O RESTE. Je me trompais moi-même ! Ami, n’aceable point un malheureux qui t'aime : T'ai-je jamais caché mon cæur et mes désirs ? Tu vis naître ma flamme et mes premiers soupirs Enfin, quand Ménélas disposa de sa fille En faveur de Pyrrhus vengeur de sa famille , Tu vis mon désespoir ; et tu m'as vu depuis Traîner de mers en mers ma chaîne et mes ennuis. Je te vis à regret, en cet état funeste, Prêt à suivre par-tout le déplorable Oreste , Toujours de ma fureur interrompre le cours Et de moi-même enfin me sauver tous les jours. Mais quand je me souvins que, parmi tant d'alarmes, Hermione à Pyrrhus prodiguait tous ses charnies, Tu sais de quel courroux mon caur alors épris. Voulut en l'oubliant punir tous ses mépris. Je fis croire et je crus ma victoire certaine ; Je pris tous mes transports pour des transports de haîne : Détestant ses rigueurs, rabaissant ses attraits, Je défiais ses yeux de me troubler jamais. Voilà comme je crus étouffer ma tendresse. En ce calme trompeur j'arrivai dans la Grèce ; Et je trouvai d'abord ses princes rassemblés, Qu'un péril assez grand semblait avoir troublés. |