Vous fermez pour jamais ces beaux yeux que j'adore;
Et, pour ne me point voir, vous les fermez encore !
Quoiqu'Hémon vous fût cher, vous courez au trépas
Bien plus pour m'éviter que pour suivre ses pas!
Mais, dussiez-vous encor m'être aussi rigoureuse,
Ma présence aux enfers vous fût-elle odieuse,
Dât après le trépas vivre votre courroux,
Inhumaine, je vais y descendre après vous.
Vous y verrez toujours l'objet de votre haîne,
Et toujours mes soupirs vous rediront ma peine,
Ou pour vous adoucir , ou pour vous tourmenter;
Et vous ne pourrez plus mourir pour m'éviter.
Mourons donc...
ATT A L E , lui arrachant son épée.
Ah seigneur! quelle cruelle envie!
CRÉON.
Ah! c'est m'assassiner que me sauver la vie!
Amour, rage, transports, venez à mon secours,
Venez, et terminez mes détestables jours !
De ces cruels amis trompez tous les obstacles !
Toi, justifie, ô ciel, la foi de tes oracles !
Je suis le dernier sang du malheureux Laïus;
Perdez-moi, dieux cruels, ou vous serez déçus.
Reprenez, reprenez cet empire funeste;
Vous m’ôtez Antigone, ôtez-moi tout le reste:
Le trône et vos présens excitent mon courroux;
Un coup de foudre est tout que