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promesse, ilz s'en obligerent es mains de deux notaires apostoliques, voulans et accordans estre incontinent excommeniez, se par eulx ou l'un de eulx estoit fait le contraire1.

Et, pour les nouvelles dessusdictes, fut ordonné et deliberé que, le vendredi ensuivant [5 juillet], en seroient faictes processions generales en l'eglise de Saincte-Katherine du Val des Escoliers, à Paris, laquelle y fut faicte bien honneste et solennelle, et y prescha ledit jour maistre Jehan Painetchair, docteur en theologie2.

1. Le texte de cette convention est rapporté par Lenglet (Commynes, II, 474 et suiv.) avec la date du 23 juin 1465. D'autres clauses stipulaient une trêve jusqu'au 15 août pour les gens de Bourges, la délivrance des sénéchaux de Poitou et de Beaucaire détenus par le duc de Bourbon, celle de tous les prisonniers faits de part et d'autre, enfin l'évacuation par les royalistes des domaines du duc Jean II. Louis XI poussa la condescendance ou la méfiance de ses propres forces jusqu'à promettre aux Bourbonnais de ne point entrer, avant le 15 août, dans le duché ou la comté de Bourgogne, dans le Charolais, la seigneurie de ChâteauChinon et autres terres enclavées dans les pays de Bourgogne voisins de ceux du duc de Bourbon.

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2. Ce docteur, dont le nom paraît d'origine étrangère, est mentionné à plusieurs reprises dans les extraits du Livre des procureurs de la nation d'Allemagne, ad annum 1465 (Jourdain, Index chronol. chartarum pertinentium ad histor. Universitatis Parisiensis. Paris, 1862, in-fol., p. 291 et suiv. Cf. du Boulay, Histoire de l'Université de Paris, in-fol., t. V, p. 676). Après la bataille de Montlhéry, quand Louis XI fut arrivé à Paris, c'est maître Jean Painetcher ou Panetchair, appelé ailleurs Penschier, qui fut élu pour le haranguer au nom de l'Université (28 juillet 1465). Les mss. et les éditions imprimées de la Chronique Scandaleuse ont découpé le nom de ce docteur en trois mots, Pain-et-Chair, ce qui lui donne l'apparence d'un sobriquet. L'église de SainteCatherine-du-Val-des-Écoliers était sise rue Saint-Antoine, en face la rue Saint-Paul.

Et, le mercredi ensuivant1, fut publié et fait savoir par les carrefours de Paris que, en chacun hostel de celle ville, y eust une lanterne et une chandelle ardante dedens durant la nuit, et que chacun mesnage qui auroit chien l'enfermast en sa maison et sur peine de la hart.

Et, le venredi ensuivant [5 juillet], la compaignie ou la pluspart desdiz Bourguignons vindrent et arriverent à Saint-Denis en France eulx loger ilec. Et, ce jour, venoit à Paris xxx chevaulx de marée, dont lesdiz Bourguignons en prindrent les xxII. Les autres huit chevaulx se saulverent et vindrent à Paris. Et, bientost après que lesdiz Bourguignons orent esté ainsi arrivez audit lieu de Saint-Denis, partie d'eulx s'en alerent devant le pont de Saint-Cloud pour le cuider avoir, ce qu'ilz n'eurent point pour ceste foiz, et à tant s'en retournerent2.

Et, le dimenche vir jour de juillet, oudit an LXV,

1. Le mot ensuivant n'a pas de sens. Il s'agit ici du mercredi 3 juillet.

2. Charolais demeura à Saint-Denis jusqu'au 10, attendant les ducs de Berry et de Bretagne, mais ils ne s'y trouvèrent pas, « pour l'armée du roy de Franche qui les cottoyoit de touts lez >> (Du Clercq, IV, 154). L'Itinéraire de Charles de Bourgogne, dans Commynes, éd. Lenglet, II, 183, et Hennin, dans Barante, éd. Reiffenberg, VI, 424, fixent au 5 juillet l'arrivée du comte à Saint-Denis, mais une lettre de Rouault au chancelier, datée du 7 juillet, fournit, comme notre auteur, la date du 4 (Mélanges historiques, II, 346). Ce même jour, suivant Hennin, le seigneur de Fiennes obtint de Charolais l'autorisation de « courir l'aventure. » Il se mit en route avec cinquante lances et suivit quelque temps la Seine, mais, sur le conseil du sire de Genlis, rentra de bonne heure à Saint-Denis (Barante, éd. citée, p. 424). Il est possible que cette course » ait mené les partisans bourguignons jusqu'à Saint-Cloud.

lesdiz Bourguignons vindrent voulster devant Paris et n'y gagnerent riens, sinon qu'il y en eut aucuns d'eulx tuez de l'artillerie estant dessus les murs d'icelle ville; et puis s'en retournerent audit lieu de SaintDenis1.

Et, le lundi ensuivant, vi jour dudit moys de juillet, lesdiz Bourguignons vindrent derechef devant Paris, et deslogerent tous dudit Saint-Denis, et en amenerent avecques eulx toute leur artillerie. Et, par grande cautelle et subtilité envoierent, avant qu'ilz se monstrassent, quatre de leurs heraulx aux portiers de la porte Saint-Denis, de laquelle estoient commissaires et cappitaines pour le jour maistre Pierre L'Orfevre, seigneur d'Ermenonville, et maistre Jehan de Poupaincourt, seigneur de Cercelles2. Et vindrent lesdiz quatre heraulx demander des vivres pour leur ost et aussi qu'on leur donnast passage parmy ladicte ville, et dirent que, où on ne leur bailleroit ledit passage et lesdiz vivres, qu'ilz entreroient dedens ladicte

1. Maupoint est plus détaillé. Il dit que, ce dimanche-là, Charolais fit par deux fois donner l'assaut à la ville de Paris, le premier au point du jour et le second à cinq heures après midi; mais les bourgeois, conduits par Charles de Melun et par Rouault, « qui sceureut bien entretenir le peuple de Paris en amour du roi, » contraignirent l'ennemi à se retirer (Journal, p. 54 et suiv.). L'attaque ne fut dirigée que contre les ouvrages extérieurs (Commynes, éd. Dupont, I, 22). Hennin, qui place cette première démonstration des Bourguignons le 6 juillet, témoigne de leur surprise quand les Parisiens refusèrent d'ouvrir les portes de la ville (Barante, éd. citée, p. 42).

2. Jean de Popincourt, seigneur de Sarcelles et de Liancourt, quatrième président en la Chambre des comptes, puis troisième président au parlement de Paris, avait épousé Catherine Le Bègue. Il mourut le 21 mai 1480 (Vaesen, Lettres de Louis XI, III, 92, note).

ville au deshonneur et grande confusion d'icelle ville et de ceulx de dedens. Et, ainsi qu'on escoutoit lesdiz quatre heraulx sur les choses dessusdictes, et avant qu'on eust peu avoir loisir de leur rendre aucune response, lesdiz Bourguignons, cuidans prendre à despourveu les habitans de ladicte ville et mesmement ceulx qui gardoient ladicte porte de Saint-Denis, vindrent à grande fureur, grosse compaignie et armée, passer jusques à Saint-Ladre et plus avant, cuidans gaigner les barrieres qui aux faulxbours de ladicte ville devant ladicte porte Saint-Denis avoient esté faictes, et venir jusques à ladicte porte et dedens ladicte ville, en gettant par eulx canons, serpentines et autres traiz : à quoy leur fut moult asprement et vaillamment resisté par les bourgois de Paris et autres estans ilec de par ladicte ville, et aussi par les gens dudit Joachin et de luy mesmes qui s'y vindrent trouver. Et y ot lors desdiz Bourguignons tuez et navrez, et puis s'en retournerent aux champs sans autre chose faire, et se mirent en bataille devant ladicte ville. Et lors y ot beau hurtebillis de canons, vulglaires, serpentines, coulevrines et autre traict qui leur fut envoié de ladicte ville, dont il en ot aucuns tuez et navrez1. Et, durant ladicte escarmouche, y ot

1. Du Clercq confirme ce récit (IV, 155). Rouault, sorti de Paris pour reconnaître les forces bourguignonnes, faillit se faire prendre et se retira prestement. Charolais alors « feit ruer sur la cauchée deux ou trois serpentines qui effrayerent ceux de la ville, combien qu'ils ne blesserent personne qu'on sceuist. » Luimême se porta avec toute sa bataille jusqu'à un moulin situé près des portes et demeura là une partie de la journée. Il se retira ensuite jusqu'au Lendit, et, comme les baraques de la foire étaient encore en place, il s'y établit en faisant, suivant sa cou

ung paillart sergent à verge du Chastellet de Paris, nommé Casin Cholet, qui, en courant fort eschaufé par plusieurs des rues de Paris, crioit à haulte voix telz motz : « Boutez vous tous en voz maisons et fermez voz huis, car les Bourguignons sont entrez dedens Paris. Et, à cause de l'effroy qu'ilz fist, y ot plusieurs femmes grosses qui en acoucherent avant terme, et d'autres en moururent et perdirent leur entendement1.

Le mardi ensuivant [9 juillet], ne fut riens fait devant Paris, sinon que le conte de Saint-Pol, qui estoit audit lieu de Saint-Denis avecques ledit seigneur de Charrolois, se parti dudit lieu de Saint-Denis avecques aucuns Picars et Bourguignons estans audit SaintDenis, pour s'en aler à Saint-Cloud et pour le prendre et avoir, ce qu'il ne pot avoir ce jour.

tume, enclore le camp par son charroi. D'après Maupoint, cette démonstration du 8 juillet menaça les portes Montmartre, Saint-Honoré, Saint-Denis et Saint-Martin, mais Rouault, avec 60 lances et environ 80 hommes de trait, empêcha l'ennemi d'avancer. A Paris, on estima que Charolais avait aligné de 8 à 9,000 hommes et une nombreuse artillerie et que ses pertes durent se monter à 400 hommes. Les officiers, bourgeois et habitants de Paris, au nombre de 32,000, se tinrent sur les murailles « et, par puissance de trait, canons, vuglaires et coulevrines, intimiderent les Bourguignons » (Journal, p. 55). « Et a Mgr (de Charolais) trouvé ceulx de Paris tout aultres que l'en ne cuidoit, dont il n'est pas bien content sur eulx, car il n'a peu finer ne avoir d'eulx pour ung denier de vivres » (Lettre de G. de la Roche, officier du comte, dans Mélanges historiques, II, 30).

1. Sur ce Casin Cholet, personnage mal famé, tonnelier de son état avant d'être sergent au Châtelet, voy. Longnon, Villon, p. 294, et Pièces justif., p. LXVI. Commynes dit aussi, à

propos de cette escarmouche : « Il y eut du menu peuple... fort espoventé ce jour, jusques à cryer : « Ilz sont dedans...; » mais c'estoit sans propos » (éd. Dupont, I, 22).

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