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sion d'armeures, chacun selon son estat, pour la garde de ladicte ville et pour estre tous prestz quant mestier en seroit, et ce par cedules envoiées de par ladicte ville à ung chacun particulier.

Oudit temps, tous Bourguignons, Picars et autres nacions, de l'obeissance et soubz la conduite dudit monseigneur de Charrolois, marcherent tant en France qu'ilz vindrent et arriverent jusques à Pons SaincteMaixence, qu'ilz trouverent moien d'avoir, et que ung nommé Madre, qui en estoit capitaine pour maistre Pierre L'Orfevre, seigneur d'Ermenonville, leur bailla par composicion et argent qu'il en print dudit seigneur de Charrolois1. Et, à ceste cause, vindrent et passerent parmy l'Isle de France, qui par les dessusdiz fut fort dommagée, non obstant qu'ilz disoient partout où ilz passoient qu'ilz venoient pour affranchir le pays de France et pour le bien publique.

Et, incontinent après ledit passage fait audit Pont Saincte-Maixence, lesdiz Bourguignons orent la place de Beaulieu, qui longuement avoit tenu contre iceulx Bourguignons par aucuns de la charge et compaignie de Joachin Rouault, qui s'en alerent par composition, eulx et leurs biens saufz2.

1. Charolais, laissant sur sa gauche Noyon occupé par Rouault, parvint le 28 juin, par Ressons, Saint-Remy et Fresnoy, à PontSainte-Maxence, où le sire de Hautbourdin s'était introduit trois jours avant, «ains que ceulx de la ville en sceuissent riens» (Du Clercq, IV, 152).

2. C'est par erreur que le comte de Charolais annonçait le 7 juin aux magistrats de Malines la prise de Beaulieu, « à deux lieues de Nesles, une belle et forte place » (Commynes, éd. Dupont, III, 219). Beaulieu se rendit le 24, quand le comte lui-même y eut tenu le siège pendant quatre jours (Commynes, éd. Lenglet, II, 183). La place appartenait au seigneur de Nesles. A l'approche

Et lesdiz Bourguignons, ainsi venus en ladicte Isle de France, s'espandirent en divers lieux en icelle et y prindrent Dampmartin, Nantoullet, Villemonble et autres menues places1, et puis alerent à Laigny sur Marne, où ilz firent plusieurs explois comme de ardre et bruler tous les papiers qu'ilz trouverent sur le fait des aides, et ordonnerent en ladicte ville que tout y seroit franc. Et si ordonnerent que le sel qui estoit ou grenier dudit lieu pour le roy feust baillé et distribué à tous ceulx qui en vouldroient avoir, en paiant le droit du marchant seulement2.

Et, le dimenche, derrenier jour dudit moys de juing, oudit an LXV, Joachin Rouault, mareschal de France, à tout cent et dix lances, vindrent et arriverent en la ville de Paris pour la garde d'icelle, combien qu'il n'en estoit gueres de mestier, car les habitans d'icelle, qui tous estoient bien unis et loyaulx au roy, estoient assez souffisans pour ladicte garde d'icelle ville3.

des Bourguignons, les défenseurs du château mirent le feu aux maisons d'alentour « et ardirent le plus beau et le meilleur de la ville. Ils ne se rendirent, vies et bagues sauves, qu'après une forte canonnade (Du Clercq, IV, 152).

1. Interpolations et variantes, § X. Dammartin-en-Goële et Nantouillet sont auj. dans le dép. de Seine-et-Marne, arr. de Meaux; Villemomble est dans le dép. de la Seine, cant. de Vin

cennes.

2. A en croire Maupoint (Journal, p. 54), ce serait le 30 juin que Lagny fut livré aux Bourguignons, mais le sire d'Hennin, qui faisait partie de leur avant-garde, dit qu'il quitta cette ville le 25 de ce mois (Barante, Histoire des ducs de Bourgogne, éd. Reiffenberg, t. VI, p. 423). Un nommé Jean Guignon, procureur du roi à Lagny, fut accusé plus tard d'y avoir introduit l'ennemi, mais réussit à établir son innocence (Bibl. nat., ms. fr. 2921, fol. 96).

3. Le maréchal n'avait pu, « parce qu'il avoit peu de gens,»

Oudit temps, le roy, qui estoit oudit pays de Bourbonnoys, mist le siege devant Riom en Auvergne, dedens laquelle y estoient mondit seigneur le duc de Bourbon, le duc de Nemoux, le conte d'Armignac1, le seigneur d'Albret et autres. Et avoit le roy devant ladicte ville la plus belle et noble armée qui onques fut gueres veue, car il y avoit de bonnes gens de guerre et de grant façon xx hommes et mieulx2.

Et, après que ledit siege ot esté ainsi mis devant ladicte ville de Riom, et voiant à Paris que lesdits

arrêter la marche du comte de Charolais sur Paris (Commynes, éd. Dupont, I, 21). Maupoint dit qu'il fit entrer dans la capitale 400 hommes d'armes « bien montés et de grant courage» (Journal, p. 93).

1. Jacques d'Armagnac, comte de la Marche et de Castres, duc de Nemours, fils de Bernard, comte de la Marche, et d'Éléonore de Bourbon, naquit vers 1433 et mourut sur l'échafaud le 4 août 1477. Il avait épousé, par contrat du 12 juin 1462, Louise d'Anjou, fille de Charles, comte du Maine (Voy. Jacques d'Armagnac, duc de Nemours..., etc., dans la Revue historique, 1890). Jean V, comte d'Armagnac, succéda à Jean IV, son père, le 5 septembre 1450 et périt à Lectoure le 6 mars 1473 (Voy. Jean V d'Armagnac, etc., article cité de la Revue historique, 1888). · Charles II, seigneur d'Albret, fils de Charles Ier et de Marie de Sully, mourut

en 1471.

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2. Le 21 juin, les ducs de Bourbon et de Nemours, le comte d'Armagnac et le sire d'Albret avaient tenté d'arrêter la marche de l'armée royale en faisant présenter à Louis XI des propositions d'accommodement qu'il ne jugea pas acceptables. Effrayé par la réponse du roi, Bourbon se déroba encore une fois et s'enfuit de Riom à Thiers et à Moulins. Il n'était donc plus à Riom quand Louis XI concentra ses forces aux environs de cette ville (22 juin). L'effectif attribué ici à l'armée royale doit être exact, car Maupoint (Journal, p. 53) l'estime à 2,000 lances et 18,000 francs archers au début de la campagne, soit une trentaine de mille hommes, dont il faut défalquer les garnisons que Louis XI avait semées dans les nombreuses places qu'il avait occupées chemin faisant.

Bourguignons approuchoient de ladicte ville, fut ordonné et establi en icelle ville de Paris ung grant guet de cheval, qui aloit toutes les nuiz sur les murs et en ladicte ville, depuis l'eure de mienuit jusques au jour apparant, pour la conduite duquel guet y avoit cappitaines ordonnez par icelle par chacune nuit de gens de façon d'icelle. Ouquel guet estoient ordinairement de vin à пc chevaulx, aucunes foiz plus et à l'autre foiz moins.

Et, le lundi second1 jour de juillet, oudit an, maistre Jehan Balue, evesque d'Evreux, fist le guet de nuit parmy ladicte ville, et mena avecques lui la compaignie dudit Joachin Rouault, avecques clerons, trompetes et autres instrumens sonnans, par les rues et sur les murs, qui n'estoit pas acoustumé de faire à gens faisans guet.

Et, le mercredi 2 jour dudit moys de juillet, oudit an LXV, le roy, estant devant ledit lieu de Riom, escripvy à messire Charles de Meleun, son lieutenant audit lieu de Paris3, audit Joachin, et ausdiz habitans de Paris, par sire Jehan de Harlay, son chevalier du guet audit lieu de Paris : par lesquelles

1. Lisez premier.

2. Lisez IIIa.

3. Louis XI établit Charles de Melun, par lettres du 8 mars 1465 (n. st.), son gouverneur et lieutenant général à Paris, « pour ce que nous ne pouvons encore bonnement y faire nostre residence (Félibien, Histoire de Paris, V, 274). Commynes, qui, pas plus que Jean de Roye, n'a admis les accusations de trahison portées contre Melun par ses ennemis, dit qu'en 1465 il servit Louis XI << aussi bien que jamais subject servit le roy en France en son besoing » (éd. Dupont, I, 22). A Paris, en particulier, la tâche était malaisée, car un parti influent travaillait pour les princes rebelles (ibid., p. 65).

«

4. Jean de Harlay, écuyer, qui commandait les 40 sergents

lettres le roy mercioit moult fort sesdiz habitans de Paris de leurs bonnes loyaultez, en les priant et exhortant de tousjours y continuer et perseverer, et que, dedans xv jours ensuivans, lui et toute son armée seroit à Paris. Et si leur mandoit de bouche par ledit de Harlay certain accord qu'il avoit fait avecques lesdiz ducs de Bourbon et Nemours et les sires d'Armaignac et d'Albret, et comment, en faisant ledit accord, chacun d'eulx avoit promis au roy de bien et loyaument le servir et de vivre et mourir pour luy. Et, par lesdiz appoinctemens, iceulx seigneurs de Bourbon et autres dessus nommez promettoient de faire tout devoir, de faire faire la paix au roy par les autres seigneurs avecques eulx aliez contre lui, et que pour ce faire seroient envoiez de par lesdiz quatre seigneurs certains ambasseurs devers le roy à Paris, dedens le jour feste de myaoust ensuivant, pour traicter de ladicte paix, et que, où lesdiz autres seigneurs ne vouldroient entendre à icelle paix, ilz promirent et jurerent que dorenavant à jamais ilz ne s'armeroient contre le roy et qu'ilz vivroient et mourroient pour lui et son royaume. Et fut tout ce que dit est ainsi promis par lesdiz quatre seigneurs au lieu de Moissac, près dudit Riom. Et, pour plus ample

chargés de veiller à la sûreté intérieure de Paris, était fils de Nicolas de Harlay, écuyer, et de Gaillarde Le Clerc. Le 3 août 1461, par lettres datées d'Avesnes, Louis XI le pourvut de l'office de chevalier du guet de nuit. En 1464, il fut élu premier échevin de la ville de Paris (Voy. Anselme, Histoire généalogique, VIII, 797; Longnon, Villon, p. 293; Bibl. nat., Pièces orig., vol. 1484, doss. Harlay). Jean de Harlay survécut à sa femme, Louise Luillier, et mourut vers 1500 (Arch. nat., LL 437, à la date du 23 décembre).

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