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confisquez au roy. De laquelle sentence et jugement elle appella formellement en la cour de Parlement; pour reverence duquel appel fut differé à executer. Et après que par ladicte court le procès d'icelle eut esté veu et visité fut dit, par arrest d'icelle et en confermant ladicte sentence, que ladicte Perrette avoit mal appellé et l'amenderoit, et que ladicte sentence seroit executée1; ce qui fut dit à icelle Perrette, laquelle declaira lors qu'elle estoit grosse par quoy fut derechief differé de l'executer et fut fait visiter par ventrieres et matrosnes qui rapporterent à justice qu'elle n'estoit point grósse. Et incontinent ledit raport fait, fut envoyée executer aux champs devant ledit gibet par Henry Cousin2, executeur de la haulte justice audit lieu de Paris.

Merveilles advenues au royaulme d'Angleterre
en ladicte année3.

En ce temps passa la mer en Angleterre ung legat de Romme, legat de par le pape1, qui illec prescha le

1. Arrêt du 21 novembre 1460 (Arch. nat., X2a 31, fol. 1). 2. Il exerça ces fonctions au moins jusqu'en 1478 (voir ci-après, à cette date, et Longnon, Villon, p. 91).

3. Ce titre est reproduit par respect pour le texte de l'édition gothique, mais il est douteux qu'il figurât dans les manuscrits. Le paragraphe tout entier, relatif aux affaires d'Angleterre, a été imprimé par Denys Godefroy et reproduit par Vallet de Viriville à la fin de leurs éditions de l'Histoire de Charles VII de Jean Chartier (Paris, 1661, in-fol., et 1858-59, 3 vol. in-16, t. III, p. 121124). Vallet de Viriville observe que ce chapitre, qui suit le récit des funérailles de Charles VII, manque dans la plupart des exemplaires de la chronique de J. Chartier, et il nous semble fort douteux que la rédaction en appartienne à l'historiographe de Charles VII.

4. François Coppini, évêque de Terni, chargé par le pape Pie II

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peuple du pays et par especial en la ville de Londres, maistresse ville dudit royaulme, là où il fist plusieurs remonstrances aux habitans dudit lieu et autres d'environ, contre et au prejudice du roy Henry d'Angleterre; lesquelles remonstrances le cardinal d'York1, qui acompaignoit ledit legat, après ladicte exposition par luy, exposa en leur langage. Et tantost après ladicte exposition faicte, ledit peuple, qui estoit de legiere creance, se esmeut pour faire guerre à l'encontre dudit roy Henry de Lancastre et de la royne sa femme, fille du roy René de Cecille et de Jherusalem, et du prince de Galle, leur filz2. Et print le dit populaire pour leur capitaine le comte de Warwyk3,

de travailler à la réconciliation des partis en Angleterre et de prêcher la croisade contre le Turc, fit dès l'abord cause commune avec la maison d'York. Le 26 juin 1460, le légat s'embarqua à Calais avec les comtes de March, de Salisbury et de Warwick, fugitifs depuis l'insuccès de leur précédente rébellion, et, après leur entrée triomphale dans Londres, il continua à poursuivre activement le succès de leur cause. Rappelé par le pape, Coppini fut privé de l'épiscopat (Beaucourt, Charles VII, VI, 290 et 324, et R. Brown, Calendar of state papers, etc., existing in the Archives... of Venice and other libraries of Northern Italy, in-8°, t. I, p. 89 et suiv.).

1. William Booth ou Bothe, archevêque d'York dès 1452, mou. rut en 1464 (Chronique de Jean de Wavrin, publiée par Mile Dupont (Soc. de l'hist. de France), t. II, p. 270).

2. Henri VI de Lancastre, fils de Henri V, roi d'Angleterre, et de Catherine de France, né le 6 décembre 1421, roi d'Angleterre le 1er septembre 1422, couronné à Londres le 6 novembre 1429, épousa Marguerite d'Anjou au mois d'avril 1445 et fut mis à mort le 21 mai 1471. Son fils Édouard, prince de Galles, fut tué quelques jours plus tôt, après la bataille de Tewkesbury (4 mai 1471).

3. Richard Nevill, le faiseur de rois, était fils de Richard, comte de Westmoreland et de Salisbury. Il épousa Anne Beauchamp,

qui estoyt capitaine de Calais, pour et au lieu de Richard, duc d'York, qui vouloit et pretendoit à estre roy dudit royaulme, qui maintenoit à luy duyre et competter ledit royaulme d'Angleterre comme prouchain heritier de la lignée et du cousté du roy Richard1. Et peu de temps après, ledit duc d'York, qui avoit après lui grant nombre de populaire en armes, se mirent aux champs et vindrent en ung parc où estoit ilecques ledit roy Henry avecques plusieurs ducs, princes et autres seigneurs, aussi tous en armes. Et ouquel parc y avoit huit entrées qui estoient gardées par huit barons dudit royaume, qui tous estoient traistres audit roy Henry. Lesquelz huit barons, quant ilz sceurent venir ledit duc d'York devers ledit parc, le laisserent entrer en icellui avecques le conte de Warwyk et autres, qui vindrent tout droit où estoit ledit roy Henry, lequel ilz prindrent et saisirent3. Et

fille du comte de Warwick, Richard, et fut tué à Barnet le 14 avril 1471.

1. C'est-à-dire du roi Richard II, fils d'Édouard, le prince Noir, mort en 1376, et petit-fils d'Édouard III (1327-1377), auquel il succéda directement. Déposé en 1399, Richard II mourut peu après sans postérité et fut remplacé par son cousin Henri IV (1399-1413), fils de Jean de Gand, quatrième fils d'Édouard III, lequel avait épousé Blanche de Lancastre. Henri IV eut pour fils Henri V (1413-1422), auquel succéda Henri VI. D'autre part, Richard, duc d'York, descendait directement d'Edmond de Langley, cinquième fils d'Édouard III, mais il représentait aussi les droits au trône du troisième fils de ce roi, Lionel, duc de Clarence, dont l'héritière, Anne Mortimer, avait épousé Richard, comte de Cambridge, propre fils d'Edmond de Langley.

2. Ici débute, en son état actuel, le ms. fr. 5062, dont le texte sera dans la suite intégralement reproduit.

3. Bataille de Northampton, 10 juillet 1460. Henri VI, à demi

incontinent ce fait, vindrent tuer plusieurs princes et autres grans seigneurs de son sang qui estoient autour de lui. Et ces choses faictes, ledit conte de Warwyk print ledit Henry et l'amena tout droit en la ville de Londres, et portoit l'espée nue devant ledit Henry comme son connestable. Et quant icellui roy Henry de Lencastre fut audit lieu de Londres, il le mena tout droit devant la tour dudit Londres, dedens laquelle estoient quatre barons dudit pays pour ledit Henry, ausquelz lesdits Henry et Warwyk parlerent par belles paroles, les tirerent hors d'icelle tour après ce qu'ilz leur promisdrent qu'ilz n'aroient nul mal de leurs personnes et qu'ilz les asseuroient; lesquelz soubz umbre desdictes promesses, yssirent hors de la dicte tour. Et, ainsi qu'on menoit lesdiz quatre barons après lesdiz Henry et Warwyk, pluseurs de ladicte ville de Londres s'esmeurent et vindrent tuer l'un des diz quatre barons, nommé le seigneur de Scales, et lui baillerent plusieurs cops orbes1; et le lendemain ilz firent escarteler lesdiz autres barons devant ladicte

insensé, et le comte de Buckingham, furent, l'un fait prisonnier, l'autre tué (Jean de Wavrin, t. II, p. 227).

1. C'est-à-dire portés avec des instruments contondants. - En quittant Londres pour se porter contre les forces du roi Henri de Lancastre, les Yorkistes avaient laissé le comte de Salisbury, père du comte de Warwick, devant la Tour de Londres, que tenait pour Henri VI Antoine Woodville, lord Scales. Il résista trois semaines, mais, encombrée de réfugiés, la bastille londonnienne capitula faute de vivres. Scales, auquel on avait promis la vie sauve, fut mis en une barque pour être conduit à Westminster, mais en route « de grosses parolles » s'élevèrent entre lui et les mariniers, « qui le murdrirent là entr'eulz, dont il y eut grant bruit » (Jean de Wavrin, t. II, p. 230 et suiv.).

tour de Londres, nonobstant lesdictes promesses ainsi à eulx faictes. Et s'i fye qui vouldra1!

Oudit temps, advint à Paris ung grant debat entre les gens et officiers du roy en sa Chambre des Aides à Paris et ung des bedeaulx de l'Université d'icelle ville, pour ung exploict fait par ledit bedeau à l'encontre de deux conseillers de ladicte Chambre des Aides pour lequel exploict ledit bedeau fut constitué prisonnier en la conciergerie du Palais royal, audit lieu de Paris. Dont ceulx de ladicte Université furent moult desplaisans, et pour le ravoir firent cessacions en ladicte ville de prescher, lire et estudier. Et après furent appoinctez, et fut tout restably, et demourerent contens?.

Oudit temps, advint à Paris aussi que ung nommé Anthoine, bastard de Bourgongne, vint et entra en

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1. « Et puis se fie qui voudra à de semblables prometteurs, »> dans Jean Chartier, éd. Vallet de Viriville, t. III, p. 124.

2. Une ordonnance de Charles VII, datée de Salles-le-Roy, en Berry, le 24 septembre 1460, vise le cas dont parle notre chronique. Le roi y blâme sévèrement les « abus ou entreprises >> commis au mépris de ses droits « sous couleur de l'Université et de ses privilèges. » Au « pourchas d'aucuns suppôts de l'Université, » on a cité certains fermiers des aides, fait admonester et excommunier les officiers élus de Paris et d'Alençon, déclaré parjures l'évêque de Troyes, président, Guillaume Longuejoue et Charles Rapioust, conseillers aux aides, et fait cessation de sermons en la ville de Paris. Le roi enjoint à l'Université de réparer tous ces excès avant la Toussaint et de ne pas les renouveler, sous peine de voir effacer ses privilèges (Collection des ordonnances royales, XIV, 197. Cf. dans Félibien, Histoire de Paris, V, 707, le texte de la bulle du pape Pie II, datée des ides de février 1462, et conçue en termes fort désagréables pour le recteur et pour les suppôts de l'Université de Paris).

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