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de rompre et abatre les ponts de Chamois, de Beaumont sur Oize et autres1.

Et, le jeudi vio jour de juing, oudit an mil IIII LXV, advint à Paris, en la rue Saint-Denis, devant la Barbe d'Or, que ung ancien homme, bonnetier, nommé Jehan Marceau se pendit et estrangla en sa maison, et fut le corps trouvé mort; si fut despendu et apporté ou Chastellet de Paris pour estre ilec visité, et, après ladicte visitacion faicte, fut envoié et porté pendre ledit corps au gibet de Paris. Et, en ce mesmes jour, y ot ung laboureur demourant à Clignencourt2, nommé Jehan Petit, qui coppa la gorge à sa femme.

En ce temps, le bastard de Bourgongne et le mareschal de Bourgongne3, acompaignez de grant quantité de gens de guerre de la compaignie dudit monseigneur de Charrolois, commencerent à courir sus aux villes et subgetz du roy par port d'armes, et vindrent prendre sur le roy Roye et Montdidier1. Et

1. Samois, sur la Seine, est aujourd'hui dans le dép. de Seineet-Marne, cant. de Fontainebleau. Le pont de Beaumont (aujourd'hui dép. de Seine-et-Oise, cant. de l'Isle-Adam) commandait la route d'Amiens et de Beauvais à Paris.

2. Clignancourt, ancien village situé au nord de la butte Montmartre, est aujourd'hui compris dans le XVIII arrondissement de Paris.

3. Thibaut IX, seigneur de Neufchâtel-sur-Moselle et de Blamont, maréchal de Bourgogne, était fils de Thibaut VIII et d'Agnès de Montbéliard. Il mourut vers 1469. Le 21 mai 1465, le maréchal de Bourgogne était encore à Châtel-sur-Moselle, d'où il faisait sommer les gens d'Épinal (Mélanges historiques, t. II, p. 273).

4. Le 15 mars, le duc de Berry adressait de Nantes au duc Philippe le Bon la prière de faire entrer ses troupes en France (Du Clercq, IV, 114). Le 15 avril, le duc de Bourgogne se réconcilia avec son fils Charles, et, le 24 du même mois, les États,

lors monseigneur le conte de Nevers et Joachin Rouault, mareschal de France, et estans pour le roy dedens la ville de Peronne à tout bien шm combatans, se retrahirent à Noiom et Compiengne et laisserent audit lieu de Peronne, pour la garde d'icelle, des nobles de France et cinq cens frans archers1.

Et, le dimenche xro 2 jour dudit moys de juing, fut faicte à Paris une moult belle et notable procession generale, où furent portées moult de sainctes reliques; et, entre autres sainctes choses, furent portées les chasses de madame Saincte Geneviefve et Saint Marcel. Et, par belle ordonnance vindrent en la grant eglise de Paris, où ilec fut chantée une haulte messe de Nostre Dame.

convoqués à Bruxelles, accordaient au duc les sommes nécessaires pour mettre sus une armée dont le commandement devait appartenir au comte de Charolais. La mise en marche fut fixée au 7 mai, mais, le 8, l'armée commençait seulement à se réunir (Mélanges historiques, II, 251). Roye se rendit aux Bourguignons vers le 6 juin et Montdidier ouvrit ses portes le 8 au sire de Hautbourdin (Commynes, éd. Dupont, III, 218 et suiv.).

1. Joachim Rouault et Colart de Mouy, bailli de Vermandois, arrivèrent à Amiens le 12 mai au soir et le 15 à Péronne, que le comte de Saint-Pol menaçait de fort près. « Et vous asseure, » écrit le lendemain le maréchal au chancelier, « qu'il estoit besoing que y vensissions, car à ce matin ilz feussent entrez dedans » (Mélanges historiques, II, 258, 263, 266). Jean de Bourgogne, comte de Nevers, avait reçu du roi la mission d'assurer la défense de la frontière du nord contre son cousin Charolais. Quand celui-ci fut enfin sur le point de passer la Somme (le 6 juin, à Bray, Commynes, éd. Lenglet, II, 181), Nevers, Rouault et Mouy, craignant d'être enfermés dans Péronne, abandonnèrent cette place dans la nuit du 5 au 6 juin avec 1,400 chevaux (Charolais aux magistrats de Malines, de Lihons-en-Sangterre, le 7 juin, dans Commynes, éd. Dupont, III, 218. Cf. la lettre adressée le 2 juin (et non le 9) par Rouault à Morvilliers, Mélanges historiques, II, 289).

2. Lisez IXe.

Et ilec prescha au peuple maistre Jehan de l'Olive, docteur en theologie1, qui declaira que ladicte assemblée et congregacion se faisoit pour la santé et bonne prosperité du roy, et aussi de la royne et du fruit qui estoit autour d'elle2, et pour la paix et bonne union estre mise entre le roy et les princes et pour les biens de terre.

Oudit temps, le roy, estant en Bourbonnois, s'en tira à Saint-Poursain, ouquel lieu madame la duchesse de Bourbonnois et d'Auvergne, sa seur, s'en ala pour parler à lui, comme desplaisant du discord qu'elle veoit estre entre le roy son frere et monseigneur de Bourbon, son mary, et pour y cuider trouver aucun bon moien, ce qui ne se peut faire lors. Et cependant ledit monseigneur le duc wida hors dudit lieu de Molins et s'en ala à Riom3.

1. Et chancelier de l'église de Paris.

2. La reine était ou croyait être alors enceinte, comme on l'a vu plus haut.

3. C'est à Saint-Pourçain (Allier), où il séjourna une douzaine de jours à la fin de mai et au commencement du mois suivant, que Louis XI reçut, non sans répugnance, la visite de la duchesse de Bourbon sa sœur, et celle de Mme de Bourbon l'aînée, Agnès de Bourgogne (Vaesen, Lettres de Louis XI, II, 312 et suiv.). Ajouta-t-il plus de foi à la sincérité des ouvertures que son ancien favori, Jacques d'Armagnac, et Pierre d'Amboise, seigneur de Chaumont, lui apportèrent de la part du duc Jean? Oui, sans doute, car il ne leur pardonna pas de l'avoir trompé. Le 29 mai, il croyait encore que Bourbon viendrait en personne à Varennes-sur-Allier apporter sa soumission (Vaesen, Lettres de Louis XI, II, 311); mais la trêve consentie par Louis XI, « en esperance de bon appointement » et à la condition expresse que l'accès du Bourbonnais serait interdit aux Bourguignons, fut aussitôt violée par Jean II, qui hâta la marche du contingent envoyé par le maréchal de Bourgogne et fit ouvrir à ses alliés les portes de Moulins. Dès qu'il fut assuré de leur arrivée, il

Oudit temps, fut ordonné en l'ostel de la ville de Paris que les portes de Saint-Martin, Montmartre, le Temple, Saint-Germain des Prez, Saint-Victor et SaintMichel seroient toutes murées et qu'on feroit guet de nuit dessus les murs d'icelle ville.

Oudit temps, fut envoyé mettre le siege devant SaintMorisse, tenu et ocupé par l'adveú dudit conte de Dampmartin1. A tenir lequel siege y estoit le bailly de Sens, nommé messire Charles de Meleun et plusieurs communes2 avecques lui. Et encores y fut de rechef envoyé Anthoine, bailly de Meleun3, qui y mena avecques lui aucuns archers et arbalestriers dudit lieu de Paris. Et, tantost après que ledit de Meleun et iceulx archers et arbalestriers furent ainsi arrivez devant ladicte place, ceulx dudit Saint-Morisse se rendirent par composition et baillerent ladicte place.

Oudit temps aussi, advint que ung nommé maistre Loys de Tilleres, notaire et secretaire du roy, et tresorier de Carcassonne et grenetier de Selles en Berry, qui estoit serviteur de messire Anthoine de Chasteauneuf, seigneur du Lau, fut tué, par male fortune, d'un archer

quitta en hâte Varennes et courut à Moulins, qu'il abandonna peu de jours après pour se porter au sud à la rencontre du comte d'Armagnac (Ibid., 317 et suiv.).

1. Voy. Interpolations et variantes, § IX. Tholon, aujourd'hui dép. de l'Yonne.

Saint-Maurice-sur

2. C'est-à-dire des milices fournies par les communes, des francs-archers.

3. Antoine, frère cadet de Charles de Melun, chevalier, seigneur de la Borde-le-Vicomte après la mort de son père Philippe de Melun.

4. Antoine de Castelnau, chevalier, seigneur du Lau, etc., conseiller et chambellan du roi, grand bouteiller de France, grand sénéchal de Guyenne (1466), fut l'un des principaux favo

qui essaioit ung arc, duquel il tiroit une flesche contre ung huis qui estoit devant lui, à l'eure que ledit maistre Loys ouvroit, et lui vint passer la fleche tout au travers du corps. Et incontinent s'en ala getter dessus une couchete estant en la chambre, dessus laquelle il rendit l'ame à Dieu incontinent aprés.

Et, le jour Saint Jehan Baptiste, xxi jour de juing, aucuns qui se baignoient à leurs plaisances en la riviere de Seine, par male fortune, se noierent. Et, pour cause de ce, fut crié par les carrefours de Paris que de là en avant nul ne feust si hardi de soy aler plus baigner en ladicte riviere, et que chascun tenist de jour devant son huis ung seau d'eaue, sur peine de prison et de LX sous parisis d'amende1.

Et, le lendemain, xxv jour dudit moys de juing, fut ordonné en ladicte ville de Paris que toutes les chaynes des rues de ladicte ville seroient abatues et laissées gesir sur terre es lieux où elles sont ordonnées, pour estre toutes prestes, et regardé là où il y avoit faulte, pour les amender et y pourveoir à les trouver toutes prestes, quant besoing en seroit ce qui fut fait. Et si fut aussi ordonné et enjoinct à ung chacun de ladicte ville qu'ilz se armassent et eussent provi

ris de Louis XI avant le Bien-Public. Disgracié pour le rôle louche qu'il joua à cette époque, et arrêté ainsi qu'on le verra plus loin, il réussit à s'échapper. Il rentra en grâce, exerça les fonctions de sénéchal de Beaucaire et de Nîmes et mourut entre le 19 août et le 7 octobre 1484 (Voy. Vaesen, Catalogue du fonds Bourré, p. 167, note).

1. On trouve au Livre rouge vieil du Châtelet (Arch. nat., Y2, fol. IXxx VIII vo) le texte d'un semblable « cry de non baigner en la riviere de Saine et de mettre de l'eaue à l'uys, pour la chaleur du temps » (Premières années du xve siècle).

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