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Mery1. Et puis s'en parti oudit moys de may de

ladicte ville de Paris, pour aler es marches de Picardie, cuidant ilec trouver les ambasseurs du roy Edouart d'Angleterre, qu'on lui avoit dit qui y devoient venir pardevers lui, qui n'y vindrent point; et à ceste cause s'en parti dudit pays de Picardie et s'en ala à Rouen et autres lieux de Normandie 2.

Et, lui estant oudit pays de Normandie, advint que ung balenier fut prins sur mer es marches de Holande, dedens lequel estoit avecques autres ung nommé le bastard de Rubempré, lequel balenier et ceulx qui dedens estoient furent prins tous prisonniers par les navires de Flandres. Et, après ladicte prinse faicte, plusieurs Picars et Flamens disoient et publioient que dedens icellui le roy les avoit envoiez pour prendre prisonnier monseigneur de Charolois : dont il n'estoit riens 3.

1. Charles d'Orgemont, écuyer, seigneur de Méry et de Champssur-Marne, conseiller et maître des comptes, trésorier de France (12 novembre 1465), était fils de Philippe d'Orgemont et de Marie Boucher. Il épousa Jeanne Dauvet (Bibl. nat., Pièces orig., vol. 2149, doss. Orgemont; ms. fr. 2921, fol. 44 vo. Cf. G. Jacqueton, Documents relatifs à l'administration financière en France de Charles VII à François Ier. Paris, 1891, in-8°, p. 289).

2. Interpolations et variantes, § V. Louis XI quitta Paris à la fin de mai, « et de là, visitant les marches à l'entour, et tousjours approchant Picardie, fit son arrest en diverses places, chassant et soy esbattant pour venir au temps que la journée estoit prise de la convention des Anglois, le xve de juillet » (Chastellain, IV, 493). Il arriva à Rouen le 23 juillet, y demeura quelques jours et fit un séjour assez prolongé chez le grand sénéchal de Normandie, à Mauny, « près d'une forest, là où avoit assise une maison plaitte, qui bien sembloit de haut repaire » (Chastellain, V, 25; cf. VII, 37 et suiv.).

3. Il semble impossible, en effet, que Louis XI ait commis la

En ce temps, le roy, qui estoit en Normendie, s'en parti pour retourner audit lieu de Nogent. Et puis de. là s'en ala à Tours, à Chinon, et de là à Poictiers1. Auquel lieu de Poictiers ala et fut pardevers lui une ambaxade de Paris lui requerir aucunes franchises pour ladicte ville, dont riens ou que peu ne leur accorda, sinon que l'imposicion foraine n'auroit plus de cours en ladicte ville, qui n'estoit pas grant chose2. Mais ilz n'en joyrent point, nonobstant leurdit don, pour ce que les gens des Comptes, à qui leurs lettres s'adressoient, ne leur vouldrent bailler d'icelles leur expedicion.

Et aussi furent devers le roy audit lieu de Poictiers les ambasseurs du duc de Bretaigne, qui par lui furent oyz sur aucuns articles qu'ilz lui exposerent touchant le fait du roy et dudit duc. Lesquelz articles ou

folie de confier au bâtard de Rubempré la mission d'enlever le comte de Charolais à Gorcum, c'est-à-dire à plus de 100 kilomètres d'Arnemuyden, où le bâtard avait laissé son navire. On trouvera la version française de cet incident dans le discours dū chancelier de France à Philippe le Bon (6 nov. 1464. Commynes, éd. Lenglet, II, 417; cf. éd. Dupont, III, 208). Le bourguignon Chastellain s'abstient de formuler une opinion, tout en déclarant la venue du bâtard « souspeconneuse » (V, 83). Le fragment de la Chronique de la Haye citée par M. de Lettenhove (ibid., p. 85) incrimine formellement le roi. Du Clercq dit simplement qu'on ne put rien savoir au vrai de la confession que le bâtard fut censé avoir faite, « car le conte [de Charolais] ne volt pas que on le sceust» (IV, 66).

1. Louis XI était à Rouen'le 8 novembre. Le 13, on le retrouve à Nogent-le-Roi. Il passa les mois de décembre et de janvier en Touraine et arriva le 18 février à Poitiers, où il resta jusqu'au milieu de mars (Itin. cité).

2. On entendait par imposition foraine les droits que devaient acquitter les marchandises à l'entrée ou à la sortie du royaume (Jacqueton, ouvr. cité, Introd., p. vi).

la pluspart d'iceulx furent par le roy accordez. Et, en iceulx articles accordant, lesdiz ambasseurs promisdrent de faire venir ledit duc de Bretaigne audit lieu de Poictiers ou ailleurs au bon plaisir du roy, pour confermer iceulx articles acordez. Et à tant se partirent dudit lieu de Poictiers lesdiz ambasseurs, feignans eulx en retourner audit pais de Bretaigne; mais ilz firent tout le contraire, comme cy après sera dit, car ilz partirent dudit Poictiers à ung jour de samedi1. Et ce jour ne firent que quatre lieues, et ilec demourerent jusques au lundi ensuivant que monseigneur le duc de Berry, frere du roy2, s'en party aussi dudit lieu de Poictiers, et vint jusques aux dessusdiz ambasseurs, qui le recueillirent et l'en amenerent oudit pays de Bretaigne à bien grant haste et diligence, pour paour que le roy n'en eust nouvelles et qu'ilz feussent suivis3. Et desjà estoit oudit pays alé, pardevers icellui duc, monseigneur le conte de Dunoys1. Et, si s'en alerent audit pays de Bretaigne,

1. Les ambassadeurs bretons étaient Odet d'Aydie, seigneur de Lescun, et le chancelier Guillaume Chauvin. « Ilz m'avoient dit, » écrit Louis XI au duc de Bourgogne, après le 6 mars, « qu'il (le duc de Bretagne) viendroit à Tours et que je envoyasse le conte de Comminge et l'admiral devers lui pour l'acompaigner à y venir, ce que j'avoye fait; et partirent lundi derrenier d'icy pour y aller, et je m'en parti aussi ce jour pour aller en mon pelerinaige à N.-D.-du-Pont, et lesdiz gens du duc estoient partiz le jour devant » (Vaesen, Lettres de Louis XI, II, 234). Les Bretons quittèrent donc Poitiers le dimanche 3 et non le samedi 2 mars.

2. Charles de France, second fils de Charles VII et de Marie d'Anjou, né le 28 décembre 1446, mort le 25 mai 1472. Louis XI lui avait donné, en 1461, le duché de Berry en apanage. 3. Cf. Vaesen, Lettres de Louis XI, II, 234 et suiv. lations et variantes, § VI.

Interpo

4. Basin est revenu par deux fois sur la défection du bâtard

après ledit partement, aucuns particuliers pardevers mondit seigneur de Berry1.

Et, tantost après ledit partement ainsi fait que dit est, monseigneur le duc de Bourbon porta guerre au roy et à ses pays, et print toutes les finances qui estoient au roy, estans es pays de mondit seigneur le duc2. Et si y fist prendre et arrester le seigneur de Crussol, qui bien estoit fort familler du roy, et lequel seigneur de Crussol passoit lors par les pays de monseigneur le duc de Bourbon, menant avecques soy sa

d'Orléans, dont la cause véritable paraît avoir été sa rivalité avec le comte du Maine, que Louis XI favorisait à ses dépens. Chargé par le roi d'une mission en Bretagne, il embarqua sur la Loire la meilleure partie de ses meubles et s'en fut, « sans idée de retour.» Basin, naturellement, excuse cette trahison. Dunois, dit-il, redoutait la colère du roi, lorsque celui-ci apprendrait le résultat négatif des sommations qu'il l'avait chargé d'adresser aux Bretons, et, d'autre part, le comte percevait clairement qu'il n'y avait à espérer aucune réforme dans le gouvernement du royaume (II, 99, 103). Le bâtard d'Orléans fut la véritable tête des coalisés del'Ouest.

1. Interpolations et variantes, § VII.

2. C'est à Lille, au mois d'octobre 1464, que le duc de Bourbon persuada son oncle le duc de Bourgogne de faire cause commune avec les seigneurs français contre Louis XI; encore, ajoute Commynes, « le neu de ceste matiere ne luy fut jamais descouvert, ne il ne s'attendoit point que les choses vinssent jusques à la voye du faict » (éd. Dupont, I, 14). — Les griefs des princes coalisés sont exposés dans la lettre que Bourbon écrivit au roi pour lui faire connaître son refus d'obéir à ses ordres (Bourges, 24 mars, dans Commynes, éd. Lenglet, II, 443 et suiv. Cf. Chastellain, IV, 117, 119, et Doc. inédits, 1re série; Mélanges historiques, p. p. Quicherat, t. II, p. 196 et suiv.). Dès le 5 avril, Louis XI mandait au seigneur de la Fayette qu'il était averti « des prinses et destrousses faictes par les gens du duc de Bourbon sur ses officiers et subgetz » et l'invitait à user de représailles (Vaesen, Lettres de Louis XI, II, 254).

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femme et plusieurs de ses biens, tous lesquelz furent en arrest en la ville de Cosne en Bourbonnoys1. Et, après les choses dessusdictes, furent aussi arrestez prisonniers en la ville de Molins le seigneur de Traynel, par avant chancelier de France, et maistre Pierre d'Oriole, general des finances du roy, lesquelz furent longuement detenus en arrest en ladicte ville de Molins. Et puis après par mondit seigneur le duc furent delivrez, et s'en retournerent pardevers le roy2.

Et, le dimenche XII° jour de mars3, oudit an IIII LXIIII, après ledit partement de monseigneur de Berry dudit lieu de Poictiers, Anthoine de Chabanes,

1. Louis, seigneur de Crussol et de Beaudiner, conseiller et chambellan du roi, grand panetier de France, sénéchal de Poitou, gouverneur de Dauphiné, etc., avait épousé Jeanne de Lévis, dame de Florensac. Il mourut au mois d'août 1473.

2. Interpolations et variantes, § VIII. Pierre d'Oriole, qui, à l'avènement de Louis XI, avait été remplacé comme général des finances par Jean de Bar et comme maître des comptes par Jean Bourré, n'était pas tombé dans une disgrâce complète. Il avait été chargé par le roi, avec l'ex-chancelier Jouvenel, au mois de juin 1464, de chercher un accommodement entre les ducs de Savoie et de Bourbon. C'est au cours de cette mission qu'ils furent tous deux arrêtés à Moulins par ordre de Jean II. Après son élargissement, P. d'Oriole rejoignit le roi, mais, comme on le verra, passa aux rebelles au mois de septembre 1465. Sur les arrestations arbitraires dont parle notre texte, voir les plaintes du roi dans Commynes, éd. Lenglet, II, 448. Louis XI protesta aussi contre les déprédations dont s'étaient rendus coupables Louis du Breuil, Jean du Mas et autres qui, venus en armes jusqu'à la Loire, avaient saisi et dépouillé près de Blois, le 27 mars, le sénéchal de Beaucaire, rentrant d'une ambassade auprès du duc de Bourgogne, et d'autres sujets du roi, « qui n'est pas grand commencement de mettre bon ordre et provision au fait de ce royaume. »

3. Interpolations et variantes, § IX. Cf. Maupoint, Journal, p. 51.

mars.

Il faut lire Xe jour de

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