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capable de faire la barbe à ce Capucin, quoiqu'il y ait belle prise.

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DU MARQUIS DE BOULAINVILLIERS *.

De la Tendresse Paternelle ;

D'un Sujet fidéle à fon Roi;

De qui n'a que l'Honneur pour loi;

Français, admirez le modéle.

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Par M. D. L. P.

de l'une des plus nobles & des plus anciennes Maifons de la Picardie, montoit le Bourbon, de 74 canons, faifant partie de l'Efcadre que commandoit le Marquis d'Antin en 1741. Plufieurs voies d'eau qui s'étoient ouvertes ayant empêché ce vaiffeau de fuivre les autres, il étoit refté de l'arrière au point d'être perdu de vue. Il étoit à la hauteur d'Oueffant lorfque le Marquis s'apperçut qu'un travail continuel des pompes ne ponvoit épuifer autant d'eau qu'il en entroit, & que fon bâtiment devenoit hors d'état de gouverner. Dans cette affreufe pofition, retenu fur fan bord par un devoir auftère, il fongea feulement à fauver quelques fujets à fon Roi: fon fils étoit du nombre. Il prétexta d'envoyer chercher un fecours

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qu'il favoit bien devoir arriver trop tard, & fit defcendre dans la Chaloupe, avec fon fils, douze Officiers & onze Mariniers, qui eurent la douleur de voir, une demi-heure après, ce Père tendre & généreux, & tous leurs Camarades, engloutis par les eaux avec le Bourbon. Spectacle déchirant pour ceux qui devoient la vie à ce brave & regrettable Commandant !

DU PRINCE EUGEN E. *

Au milieu de la Paix, au milieu des hafards,
La Vertu, la Sageffe & l'Amour des Beaux-Arts
Firent le fondement de fa Gloire fuprême;
Et modefte Vainqueur de cent Rivaux foumis,
Ce fut en apprenant à fe vaincre lui-même,
Qu'il apprit à domter fes plus fiers Ennemis.
Par J. B. ROUSSEAU.

*(François de Savoye) Généraliffime des Armées de l'Empereur, né à Paris en 1663, porta quelque temps le petit collet, & le quitta pour le fervice Militaire. Louis XIV, qui le jugeoit plus propre au plaifir qu'à la guerre, lui ayant refufé un Régiment, Eugéne partit avec le Prince de Conti, difgracié comme lui, › pour

aller

pas

fervir en Hongrie contre les Turcs; fur quoi Louvois lui écrivit, qu'il ne rentreroit jamais dans fa Patrie. «J'y rentrerai un jour, (dit le Prince Eugéne) « en dépit de «Louvois. » On ne fait que trop à quel point il a tenu parole, & combien de maux ce Héros a caufés à la France! le courage & l'intelligence de la guerre n'étoient les feules qualités de ce Grand Homme: les traités de Raftad & de Paffarowitz ont autant immortalifé fon nom que fes victoires. Il étoit le pere des Soldats & le modéle des Miniftres Philofophes. Doux, humain, tolérant, fans orgueil, quoique froid & réfervé, il étoit fenfible aux charmês de l'Amitié, cultivoit les Lettres & les protégea toujours.

Rouffeau ayant trouvé un afyle auprès du Comte de Vintimille du Luc, Ẩmbaffadeur de France en Suiffe, avoit fuivi ce Seigneur nommé Plénipotentiaire pour la Paix qui fut conclue à Bade, en 1714; & quelqu'un l'ayant appris au Prince Eugéné: « quoi! (s'écria-t-il) nous avons ici a ce grand Poëte?.... Il m'a donné occafion "de faire une réflexion bien jufte : ce fut "quelques jours après la trifte Affaire de Dénain que je lus fon Ode à la Fortune, & que j'y trouvai mon portrait au naturel, dans cette ftrophe:

MONTREZ nous, Guerriers Magnanimes,
Votre Vertu dans tout fon jour?
Voyons comment vos Cœurs fublimes,
Du Sort foutiendront le retour?....
Tant que fa faveur vous fecunde,
Vous êtes les Maîtres du Monde,
Votre gloire nous éblouir.
Mais au moindre revers funefte,

Le Mafque tombe, l'Homme reste,
Et le Héros s'évanouit !

marqua

Après cet entretien, Le Prince un grand defir de voir Rouffeau, qu'il goûta au point de fe l'attacher, & de l'emmener avec lui à Vienne.

Le Prince Eugéne mourut fubitement à Vienne en 1736, à l'âge de 73 ans.

Dans les dernieres Guerres, fous Louis XIV, les Ennemis infultant à nos malheurs, afficherent dans Vienne, qu'on donneroit 20000 Ducats à ceux qui trouveroient aux François les bras qu'ils avoient perdus. Le Prince Eugéne, ayant quelques mois après échoué devant Crémone, une Princeffe dit: « Il faut compter les 20000 Ducats au Prince Eugéne.

DE J. B. ROUSSEAU,

DES
Des mœurs de cet Auteur qu'on peignit fi malin;

Passant, le jugement en deux mots peut se faire :
Il avoit pour amis ROUILLÉ, BRUMOY, ROLLIN; *
Il eut, pour Ennemis, LENGLET, SAURIN,
VOLTAIRE,

Par lui-même,

* A fuppofer que ces trois perfonnes euffent confervé de l'amitié pour lui, il n'est pas moins vrai que Rouffeau ne put conferver celle de plufieurs autres, auxquelles il devoit beaucoup de reconnoiffance. On fait ce qu'avoit fait pour lui le feu Maréchal de Noailles, & de quel prix il en fut payé. Il perdit en moins de trois ans, les bonnes graces du Prince Eugéne, pour avoir eu part à des chanfons que fit contre ce Héros le fameux Comte de Bonneval, alors au fervice de l'Empereur. « Ce Prince (dit le Comte) avoit une Maî"treffe qui le déshonoroit, & mon amitié pour lui m'engagea à lui en parler fur "ce ton. Il me répondit, d'un air fec, qu'il "ne s'étoit jamais mêlé de mes amours, & qu'il me prioit d'en ufer de même avec « lui. Il avoit raifon dans le fond (con

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